Critique du drama coréen Mistress (OCN)

Mistress : thriller sulfureux avec Han Ga In

La chaine OCN élargit son registre avec le drama Mistress, un thriller cent pour cent féminin qui marque le retour sur les écrans de l’actrice Han Ga In.

Diffusé entre le 28 avril au 3 juin 2018, Mistress est le remake de la série britannique éponyme créée par SJ Clarkson en 2008. Un remake américain avec Alyssa Milano a déjà vu le jour en 2013. La version coréenne est réalisée par Han Ji Seung (le drama Alone in Love, le film Venus and Mars) tandis que Go Jung Woon, le scénariste du film Time Renegade, signe ici son tout premier drama. Mistress prend la suite de Children Of A Lesser God sur le créneau du week-end de la chaîne.

Sexy, captivant et ludique, Mistress nous plonge dans la vie tumultueuse de quatre amies inséparables, dont les vies vont basculer dans un univers de tromperie où la mort n’est jamais loin. Suspense garanti.


Jang Se Yeon (Han Ga In) vit seule avec sa fille Ye Rin depuis que son mari est mort dans un accident, deux ans plus tôt. Un jour, elle se met à recevoir de mystérieux appels anonymes liés à son époux. Au même moment, un homme, Han Sang Hoon (Lee Hee Joon), tente de se rapprocher d’elle en prétextant que sa fille va à la même garderie que Ye Rin.

Kim Eun Soo (Shin Hyun Bin) travaille en tant que psychiatre dans une clinique. Deux ans plus tôt, elle a eu une liaison secrète avec l’un de ses patients. Elle reçoit un jeune homme, Sun Ho (Jung Ga Ram), qui prétend être le fils de ce dernier, et la soupçonne de l’avoir assassiné.

Han Jung Won (Choi Hee Seo) est professeure dans un lycée. Son mari Hwang Dong Seok (Park Byung Eun), un chef renommé, la harcèle pour avoir un enfant. Sous pression, elle répond aux avances de Min Gyu (Ji Il Joo), un jeune professeur contractuel qui lui fait de l’œil.

Assistante d’un avocat, Do Hwa Young (Goo Jae Yee) est une célibataire comblée. Jusqu’au jour où une cliente lui demande de suivre son mari, Tae Oh (Kim Min Soo), qu’elle suspecte d’infidélité. Hwa Young s’aperçoit alors que cet homme est son ancien petit-ami.


Mistress version coréenne est un drama au visuel particulièrement glamour, beaucoup plus que la série anglaise originale. Sensualité et mystère sont au programme de ce drama singulier, qui se distingue non seulement de la production coréenne habituelle, mais dont l’univers féminin tranche aussi avec les autres thrillers de la chaîne OCN.

Mistress frappe la rétine par son esthétique travaillée, où les couleurs flashy se marient harmonieusement derrière des effets de filtres somptueux. La partition musicale brillante de Hanclef contribue au sentiment d’étrangeté et de danger qui nous happe dans l’intrigue. La composition colorimétrique des plans alliée aux notes de musique au synthé rappelle irrésistiblement les films d’horreur occidentaux des années 80 – un bon point.


Si la thématique lesbienne, présente dans les versions anglaise et américaine, a été évacuée du remake coréen, Mistress n’en reste pas moins subversif. Les premiers épisodes sont ainsi parsemés de scènes osées comme on en voit rarement dans les dramas. Durant ces passages torrides, les hommes sont filmés de façon aussi sexy que les femmes, une spécificité coréenne unique au monde, qui ajoute beaucoup à l’atmosphère sulfureuse du drama.

Car Mistress est, nous l’avons dit, un thriller centré sur les femmes. Dans le jeu de faux-semblants qui se déploie peu à peu devant nous, leur point de vue est ce qui nous guide vers la vérité, tandis que les hommes semblent tous ou presque jouer double-jeu.


Qu’il s’agisse des hommes dans l’entourage proche de nos quatre amies (le mari de Jung Won, le patient et amant décédé de Eun Soo), ou de ceux qui gravitent autour d’elles (l’ex de Hwa Young, le père de famille qui approche Se Yeon, le jeune homme qui poursuit Eun Soo, le jeune professeur qui déclare sa flamme à Jung Won), tous paraissent dissimuler un secret qui les rend potentiellement inquiétants. Sans oublier le mari défunt de Jang Se Yeon, dont on finit par se demander s’il a vraiment disparu en mer.

Évidemment, rien n’est simple et le scénario de Mistress ne se compromet pas dans le manichéisme. Les protagonistes féminins ont elles aussi leur part d’ombre et même si aucun jugement moral n’est porté sur leurs mœurs, la plupart ont au moins un adultère sur la conscience, et les mensonges qui vont avec. Épouse fidèle et mère irréprochable, Jang Se Yeon est-elle aussi innocente qu’elle le paraît, quand tant de pistes convergent dans sa direction ?


Le principe de Mistress est que tous les personnages sont liés à un meurtre et que tous les meurtres sont (peut-être) liés. Sur un rythme très soutenu, l’intrigue maintient tout du long un suspense remarquable, en particulier dans la première partie, très réussie. Les rebondissements sont nombreux mais ne paraissent ni téléphonés, ni artificiels. Mistress excelle dans l’art de plonger ses personnages dans des situations inextricables, et chaque fin d’épisode s’achève sur un cliffhanger qui donne immédiatement envie de voir la suite.

Pour son retour sur le petit écran après six ans d’absence, Han Ga In (The Moon Embracing the Sun) réussit sans difficulté à nous embarquer aux côtés de son personnage. Plus étonnante est cependant l’actrice Lee Sang Hee (20th Century Boy and Girl), qui lui donne la réplique dans le rôle ambivalent de l’immigrée chinoise tournant autour de Se Yeon.


Parmi les actrices principales, Choi Hee Seo, vue au cinéma dans Anarchist From Colony, tire son épingle du jeu en femme indécise qui découvre peu à peu le vrai visage de son mari.

Mistress compte aussi sur les excellentes prestations de Lee Hee Joon (The Legend of the Blue Sea) et Ji Il Joo (Temperature of Love), tous deux parfaitement ambigus, tandis que Park Byung Eun (Because This Is My First Life) fait froid dans le dos à plus d’une reprise.

Avec tout ces atouts, on a du mal à expliquer les faibles taux d’audience du drama (1,237% seulement, chiffres AGB Nielsen). Mais c’est parfois le prix à payer quand on sort des sentiers battus.

Caroline Leroy

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