La chorégraphie de Monster (EXO)

Monster : EXO s’offre un comeback en grande pompe

Le groupe EXO se paie un comeback de luxe avec Monster, un titre assorti d’un concept dark et d’une chorégraphie percutante.

En à peine quatre jours, EXO a attiré sur YouTube plus de 12 millions de curieux avec Monster. Autant dire que le groupe futuriste de SM Entertainment, qui multiplie les succès depuis ses débuts en 2012 et nous a toujours impressionnées avec ses clips visuellement stupéfiants, réalise un come back en grande pompe qui plaira non seulement aux fans du groupe, mais aussi, tout simplement, aux amateurs d’expériences visuelles hors du commun. Parmi les deux titres/clips vidéos de ce retour sur le devant de la scène, Lucky One est le plus saisissant, mais Monster a tout pour frapper l’imaginaire.

Monster : le retour fracassant d’EXO

Je débuterai par le succès immédiat de ce comeback : Monster. Jouant a priori sur une structure et des harmonies connues, le titre a cependant pour particularité d’allier un rythme lent avec un ton énergique et percutant. Étonnamment, je n’ai pas adhéré immédiatement à cette chanson, mais plus je l’écoute, plus elle prend de la valeur… et plus ce « I’m creeping in your heart, babe » me colle au cerveau !

Si ma préférence va vers le MV très original de Lucky One, celui de Monster devient vite addictif. Au premier abord, la vidéo verse dans le clip de K-pop conventionnel avec son alternance entre séquences chorégraphiées et parties scénarisées. On retrouve l’inventivité visuelle qui fait la marque de fabrique du groupe, mais avec une ambiance particulièrement sombre. L’humeur est à la violence, à la rébellion. Les partis pris visuels sont réussis, en particulier dans les scènes éclairées par des lumières roses et bleues, une esthétique qui fait écho à celle de la seconde partie de Lucky One.

Monster (EXO)
Monster (EXO)

On sent tout de même planer dans ce MV quelques influences, notamment celle de B.A.P. à travers des plans d’émeutes qui évoquent le clip de Badman et le décor de l’aérogare qui renvoie à One Shot. L’autre inspiration est à chercher du côté de BIGBANG : la mise en scène des membres du groupe violentés, littéralement à terre, n’est pas sans rappeler le récent comeback du groupe de GD avec Loser.

Si le narcissisme est moins affirmé que chez leurs concurrents de YG, le message est similaire : « nous sommes de retour, mais nous avons souffert ». Une allusion à la succession de scandales qui ont frappé le groupe en 2015, notamment le départ de plusieurs de ses membres ? Le procédé serait alors le même que celui de YG lors d’un autre come back de BIGBANG, avec un titre nommé… Monster, justement!

D.O. dans Monster (EXO)

En tout cas, on n’en veut pas du tout à EXO de reprendre quelques idées ici et là chez les concurrents. Après tout, dans la K-pop comme dans toutes les industries fourmillant de créativité, le jeu consiste à s’inspirer des autres pour créer quelque chose de nouveau, un peu comme dans le cinéma hollywoodien dans ses périodes fastes (c’est-à-dire pas en ce moment !).

Avec son esthétique dark, ses scènes de violence policières et son imagerie religieuse, le clip de Monster en est la démonstration éclatante. Plusieurs images restent dans la tête : Kai surmontant un amoncellement de cadavres (le visuel évoque la BD Akira), D.O. perché dans une posture de penseur en haut d’un poteau…

La chorégraphie frappe également l’imagination, entre Xiumin qui chante en dansant sur une jambe, Chanyeol qui rappe en sautant par-dessus ses camarades, et les nombreux moments où les danseurs semblent ne faire qu’un… J’adore le mouvement de jambes qui accompagne la seconde phrase du refrain, surtout lorsqu’il est exécuté par Kai et Sehun.

La chorégraphie de Monster (EXO)
Monster (EXO)

Lucky One : le concept SF d’EXO gagne en maturité

Le petit bijou entre ces deux titres d’EXO, c’est surtout Lucky One et son clip étrange et conceptuel. D’abord parce que le style musical de la chanson va chercher ses inspirations du côté de chez Daft Punk, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le rythme électro évoque parfois les meilleurs morceaux de la bande-originale de Tron Legacy (le passage rap, notamment). Les parentés avec le son du célèbre duo français ne sont pas nouvelles dans la musique mainstream coréenne, mais cette chanson apporte véritablement un nouveau souffle à la K-pop, en intégrant un refrain aux sonorités funky dans un univers sonore clairement électro-dance.

Ensuite, il y a le clip vidéo, tout simplement splendide, qui nous emmène une fois encore dans un autre monde. La marque EXO est visible : un univers de science-fiction avec des chanteurs dotés de superpouvoirs (rappelons que le groupe est censé venir d’une exo-planète), une esthétique chiadée qui ne laissera aucun cinéphile insensible, une touche d’onirisme en phase avec les vocalises des chanteurs principaux, et une caméra utilisée comme un personnage de l’histoire et qui s’immerge dans l’action (le clip d’Overdose, que j’affectionne particulièrement, poussait ce parti pris à son maximum).

Le MV rompt cependant avec l’une des marques de fabrique du groupe EXO : la chorégraphie. Habituellement sophistiquées, ces dernières sont quasi absentes de ce clip. Seuls quelques membres du groupe dansent seuls à l’écran.

Lucky Ones (EXO)

Le scénario s’avère à ce titre tout à fait étrange : les jeunes hommes apparaissent prisonniers d’une sorte d’hôpital futuriste, qui se révèle par la suite être situé dans un labyrinthe (le même que dans le MV d’Overdose), et dont ils vont tenter de s’évader. Les sentinelles/docteurs ont l’apparence de superbes jeunes femmes vêtues de blanc et coiffées d’une visière rouge vif.

Bien entendu, dès la publication du clip, les théories les plus folles ont commencé à fuser sur YouTube, certains internautes ayant émis l’hypothèse que cette histoire soit la suite de celle d’Overdose. En réalité, ces théories n’étaient pas si folles que ça : le groupe EXO a précisé en conférence de presse qu’il s’agissait de la préquelle d’Overdose. Tout s’explique: voilà donc ce qui s’est produit avant que nos amis n’exécutent des chorégraphies complexes en street fashion dans un cube futuriste ! (un décor qui me faisait penser au film Cube de Vincenzo Natali)

Lucky Ones (EXO)

Quoi qu’il en soit, dans Lucky One, nos jeunes amis se trouvent être les cobayes/victimes d’une étrange expérience menées par ces jeunes femmes, qui chercheraient à détruire leur mémoire (les origines du groupe EXO, leur mission sur Terre, etc.), d’où la tentative d’évasion…

Pour s’échapper, nos héros utiliseront chacun leur superpouvoir personnel, en y ajoutant une touche de séduction (jolie, la séquence de la fleur). Étrangement, Kai se mettra à danser seul dans un couloir, dans une séquence superbement éclairée dont le ton surréaliste renvoie aux meilleurs clips des années 90 (comme me l’a justement fait remarquer Caroline, ce côté semi-absurde et ces plans répétitifs renvoient aux clips de Björk de cette époque).

Lucky Ones (EXO)

A y regarder de plus près, ses mouvements sont ceux de la chorégraphie de Monster… A la fois anxiogène, claustrophobe et curieusement décontracté, le clip de Lucky One est une petite merveille visuelle. Un clip en apparence dépouillé, mais qui s’avère riche en détails créatifs et mâtiné d’une touche de poésie, du genre qui laisse des images fortes dans la tête après le visionnage.

EXO, un succès qui ne faiblit pas

Le nombre de vues ne ment pas : en dépit des récents scandales, EXO fait toujours partie des groupes de K-pop les plus populaires du moment à travers le monde. La recherche artistique, tant sur le plan musical que visuel, le vaut bien.

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Pour ma part, lorsque le premier titre d’EXO, Mama, est sorti sur la toile, je prenais leur concept de superhéros venu d’une autre planète un peu à la rigolade (il faut dire que, même si le clip est culte, il y a des moments assez space!). A présent que le concept gagne en consistance et en maturité artistique, je suis curieuse de voir jusqu’où le groupe va bien pouvoir nous emmener. Je fantasme sur l’idée d’un film musical composé de plusieurs clips à la manière de Interstellar 555

Elodie Leroy

Monster (EXO)

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