Shadowless Sword

Critique : Shadowless Sword, un sageuk d’action divertissant

Inspiré par les wu xia pian chinois, Shadowless Sword s’impose un film d’action esthétique et bien emballé, à défaut d’être inventif.

ARCHIVE – Réalisé par Kim Yeong-Joon en 2006, Shadowless Sword est le fruit d’une rencontre entre le studio coréen CJ Entertainment, incontournable dans l’industrie locale, et le studio américain New Line, que l’on ne présente plus depuis le succès de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Pour pimenter l’affaire, Kim Yeong-Joon sollicite les talents du directeur d’action chinois Ma Yuk-Sing, qui œuvrait déjà sur son premier long métrage, Bichunmoo. A défaut d’être novateur, Shadowless Sword marque une rencontre culturelle intéressante, qui doit être prise pour ce qu’elle est, à savoir un pur divertissement qui s’assume. Cette production soignée ne manquera pas de réveiller une douce nostalgie auprès des amoureux du wu xia pian des années 1990.

Chorégraphies à la chinoise

Le réalisateur Kim Yeong Joon retrouve l’acteur Shin Hyun-Jun, dont le charisme et le regard perçant participaient énormément au charme irrésistible de cette tragédie épico-fantaisiste qu’était Bichunmoo. S’il faut compter dans Shadowless Sword avec les quelques relents mélodramatiques de rigueur dans toute production coréenne qui se respecte, Kim Yeong-Joon propose cette fois un film plus léger et centré sur l’action.

Scène de combat dans Shadowless Sword

Outre une esthétique travaillée et des costumes joliment dessinés donnant vie à un véritable univers visuel, Shadowless Sword doit beaucoup à la qualité d’affrontements martiaux mis en scène avec un réel sens du rythme et de la gestuelle.

Non que ces combats soient véritablement novateurs : on relève des emprunts explicites à Tigre et Dragon – une poursuite sur les toits et une autres dans les arbres – avec quelques années de retard. Pourtant, les sources d’inspiration de Shadowless Sword se trouvent surtout dans le cinéma de kung fu hongkongais des années 90.

Yoon So Yi

Pour rappel, le chorégraphe Ma Yuk-Sing, qui coordonne les scènes d’action de Shadowless Sword, doit sa formation au célèbre chorégraphe Ching Siu-Tung, auteur de véritables ballets d’arts martiaux dans quelques productions incontournables de l’époque. Parmi ces dernières, on retiendra notamment la trilogie Swordsman, sur laquelle Ma Yuk-Sing oeuvrait justement en tant qu’assistant chorégraphe. Une trilogie à laquelle Kim Yeong-Joon rend directement hommage à travers des combats inventifs.

Cerise sur le gâteau, le cinéaste réussit presque à transformer l’actrice Choi Ji-Woo (Winter Sonata) en sosie de Brigitte Lin Ching-Hsia (Swordsman 2) le temps d’un ou deux plans aériens dans une auberge.

Road movie en costumes

Sur le plan du scénario, Shadowless Sword montre juste ce qu’il faut d’ambition pour remplir honnêtement son cahier des charges à travers un récit efficace et linéaire. Pur divertissement qui s’assume, le film se présente comme un road movie en costumes racontant le périple d’un prince un peu rebelle et de la guerrière un tantinet austère chargée de le protéger, deux personnages a priori très différents qui vont bien sûr progressivement s’ouvrir l’un à l’autre.

Shin Hyun Jun et Lee Seo Jin

Joliment campés par Yoon So Yi (Arahan) et Lee Seo-Jin (Damo), les deux héros trouvent des opposants de taille en la personne du général Gun Hwa Pyeong (Shin Hyun-Jun, toujours aussi classe) et de sa fidèle acolyte Mae Yongok (Lee Gi-Yong), secrètement amoureuse de lui. Lles histoires d’amour respectives évoluent de manière symétrique, mais ne trouvent bien entendu pas tout à fait la même issue.

Shadowless Sword réserve aussi une galerie de méchants très pittoresques dotés d’une palette d’armes variant les plaisirs, entre un moine assez comique qui se bat à la massue et un archer particulièrement zélé qui tire de préférence cinq flèches à la fois. Enfin, la marque New Line se révèle dans un final qui n’est pas sans évoquer Le Retour du Roi.

Après les envolées lyriques de Bichunmoo, Kim Yeong-Joon prouve qu’il possède non seulement le sens du drame mais aussi celui de la fantaisie. Il reste à espérer qu’il ne faudra pas attendre encore cinq ans pour voir son prochain film, Last Present, dont la tête d’affiche est comme on s’en doute son ami Shin Hyun-Jun.

Elodie Leroy

Article publié sur Filmsactu.com le 19 mars 2009.

Lire aussi | Critique : The Chaser, de Na Hong Jin

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire