La série coréenne The Beauty Inside

The Beauty Inside Ep. 1-3 : Seo Hyun Jin ne sauve pas le drama de la platitude

Les premiers épisodes de The Beauty Inside ne décollent pas en dépit d’un pitch original et de la présence de l’excellente Seo Hyun Jin.

Adaptation TV attendue du film Beauty Inside réalisé en 2015 par Baek Jong Yeol, le nouveau drama de Seo Hyun Jin apparaît comme un véritable défini, puisque le personnage principal se métamorphose à l’infini, prenant régulièrement l’apparence d’une autre personne. Quelle n’est donc pas notre surprise en constatant que les producteurs n’ont pas été capables de nous livrer autre chose qu’une œuvre conventionnelle, voire complètement clichée, et ce malgré l’investissement évident de l’héroïne de Temperature Of Love. Même Lee Min Ki déçoit avec une interprétation fade dans un énième rôle d’héritier chaebol. Qu’est-ce qui cloche donc dans The Beauty Inside ?

Actrice renommée, Han Se Kye (Seo Hyun Jin) ne laisse rien filtrer ou presque de sa vie privée. Et pour cause : chaque mois, pendant une semaine, elle prend l’apparence de quelqu’un d’autre. Un contentieux sur l’un de ses contrats publicitaires amène Se Kye à croiser le chemin de Seo Do Jae (Lee Min Ki), l’un des principaux dirigeants d’une compagnie aérienne. Malgré son allure parfaite, celui-ci souffre d’un trouble peu commun : il est incapable de reconnaître les visages. Étrangement, Se Kye se trouve être la seule personne qu’il parvient à reconnaître.

The Beauty Inside est diffusé depuis le 1er octobre 2018 sur la chaîne câblée JTBC. Il s’agit de l’adaptation télévisée du film éponyme dans lequel Han Hyo Joo tombe amoureuse d’un homme aux mille visages. Les rôles sont ainsi inversés puisque c’est l’héroïne jouée par Seo Hyun Jin qui change d’apparence, même si cela se produit à un rythme moins soutenu que dans le film, pour des raisons évidentes.

La mise en scène de cette version est confiée à Song Hyun Wook qui a non seulement dirigé Introverted Boss, mais qui se trouve être l’un des réalisateurs de Another Oh Hae Young, le drama phare de la carrière de Seo Hyun Jin.

The Beauty Inside s’ouvre sur le décor impressionnant des Baeksang Awards. L’actrice Han Se Kye (Seo Hyun Jin est plus belle et glamour que jamais) s’apprête à recevoir son prix d’interprétation. Soudain, elle semble paniquée et quitte précipitamment la scène, devant un public médusé. Elle sort en courant dans le hall et dévale les escaliers extérieurs, perdant un escarpin au passage telle une Cendrillon. Une fois arrivée dans son van, elle est déjà devenue quelqu’un d’autre, un homme à forte corpulence, sous le regard blasé de sa patronne et manager Yoo Woo Mi (Moon Ji In).

Cette scène réussie nous introduit énergiquement à l’étrange malédiction dont souffre notre héroïne. La transformation peut survenir n’importe où, n’importe quand. Pire, elle peut lui faire rater les moments les plus importants de sa vie.

Au passage, on note les caméos sympathiques de Kang So Ra (Misaeng), de Lee Jae Yoon (Weightlifting Fairy Kim Bok Joo) et surtout de Ye Ji Won (Thirty But Seventeen), qui a justement gagné un prix cette année à la cerémonie des Baeksang Awards.

La transformation suivante de Se Kye aura lieu quelques semaines plus tard, alors qu’elle est en avion avec Seo Do Jae, qu’elle a rencontré depuis peu dans des circonstances désagréables. La nouvelle Se Kye est alors jouée par Kim Sung Ryung, vue récemment dans Are You Human?. On imagine qu’il y aura d’autres invités de marque ensuite. La question est de savoir si le parti-pris est viable sur la durée. Il ne faudrait pas nous priver de Seo Hyun Jin trop longtemps, car elle est le principal atout de The Beauty Inside.

Le personnage de Han Se Kye manque de mystère et d’épaisseur au vu de ces trois épisodes, mais on a de l’empathie pour elle. Pour le côté léger, le trio qu’elle forme avec Moon Ji In et Ahn Jae Hyun n’est pas désopilant mais apporte une légèreté bienvenue à un drama qui n’a rien de pétillant par ailleurs.

Si Seo Hyun Jin nous maintient aisément à ses côtés, on ne peut pas en dire autant de Lee Min Ki, qui déçoit franchement avec son interprétation ennuyeuse de Seo Do Jae. A sa décharge, le personnage est froid, souvent antipathique. Mais il ne fait pas l’effort de lui apporter la moindre nuance et nous sert une caricature de son personnage de Because This Is My First Life, le charme en moins. Lee Min Ki est un bon acteur et on espère qu’il aura l’occasion (et l’envie) de le montrer.

Lee Min Ki n’est pas, et de loin, le seul motif de déception suscité par les premiers épisodes de The Beauty Inside. C’est avec un certain agacement que l’on découvre le type de relation qui se noue entre les deux futurs amoureux, Han Se Kye et Seo Do Jae. Alors qu’au vu du synopsis, on les imagine du même niveau social, ou en tout cas aussi influents l’un que l’autre, on se retrouve encore avec l’histoire d’amour d’un jeune héritier puissant et d’une jeune femme en situation précaire, soit l’éternelle configuration cliché de la romance à la coréenne.

Car grande actrice ou pas, Se Kye se retrouve dès le début contrainte d’obéir à Do Jae suite à un chantage, et ne semble avoir aucun pouvoir face à lui. On a vu plus excitant, et surtout plus moderne comme romance, à commencer par les précédents dramas de Lee Min Ki et Seo Hyun Jin, Because This Is My First Life et Temperature of Love !

Dans le même ordre d’idées, The Beauty Inside version drama trahit l’esprit du film avec la caractérisation même de ses personnages. Tandis que les héros du long métrage appartenaient tous deux à la classe moyenne, lui menuisier façonnant des meubles confortables, et elle vendeuse de meubles, on se retrouve dans le drama face à un étalage de luxe aussi vain que stéréotypé. Alors oui, le fait que Han Se Kye soit une actrice a évidemment un sens eu égard au sort qui la frappe. Mais qu’en est-il de Seo Do Jae ? En faire un grand patron de compagnie aérienne apporte-t-il quoi que ce soit à l’intrigue, à part nous créer un peu de suspense téléphoné sur sa capacité à reconnaître ses clients ?

The Beauty Inside semble lorgner vers le genre du healing drama, très en vogue cette année (Just Between Lovers, My Mister, Thirty But Seventeen, pour ne citer que ceux-là). Les deux protagonistes souffrent d’un mal étrange, qu’ils ont contracté à un moment de leur vie, et on se doute qu’ils vont évoluer ensemble. Pour l’instant, leurs interactions ne sont ni chaleureuses ni romantiques, et ce d’autant qu’elles sont plombées par le rapport de pouvoir qui existe entre eux. Quant à l’alchimie entre les deux acteurs, elle est inexistante.

La cinématographie de The Beauty Inside est jolie sans être exceptionnelle, mais les effets spéciaux de morphing sont très réussis dans les scènes de transformation de Han Se Kye. Il en faudra néanmoins un peu plus pour nous convaincre sur toute la durée du drama. Pour Seo Hyun Jin, je veux bien m’entêter encore un peu.

Caroline Leroy

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