Le drama coréen Tunnel (OCN)

Critique : Tunnel, thriller temporel avec Choi Jin Hyuk

Diffusé sur la chaîne OCN, le drama coréen Tunnel nous entraîne dans une histoire de voyage dans le temps sur fond de traque criminelle.

A partir d’un pitch rappelant celui du célèbre drama Signal, Tunnel s’aventure avec bonheur dans le genre du thriller fantastique. Avec son enquête menée tambour battant, son sens du suspense aiguisé et surtout son étonnant portrait de tueur en série, Tunnel vaut en effet largement le détour. Le drama est aussi l’occasion de découvrir une jeune actrice fascinante du nom de Lee Yoo Young, dont, je l’espère, nous n’avons pas fini d’entendre parler.

1986. Le sergent Park Kwang Ho (Choi Jin Hyuk) poursuit un tueur en série qui assassine les jeunes femmes de la région. Un jour, alors qu’il s’est lancé à la poursuite du criminel, il se fait assommer par celui-ci sans avoir pu voir son visage. A son réveil, Kwang Ho s’aperçoit qu’il se trouve à présent en 2017 ! Endossant l’identité d’un policier qui porte le même nom que lui, il se fait recruter au poste de police où il travaillait autrefois. Avec l’aide du lieutenant Kim Sun Jae (Yoon Hyun Min) et de la Professeure en Psychologie Criminelle Shin Jae Yi (Lee Yoo Young), Kwang Ho va tout tenter pour mettre le tueur hors d’état de nuire.


Faisant suite à Voice sur la case des samedi et dimanche soirs de la chaîne câblée OCN, Tunnel est diffusé entre le 25 mars et le 21 mai 2017. La production est assurée par le Studio Dragon, auquel on doit les excellents Squad 38, The Good Wife ou Circle. En tant que créateur/développeur, le studio a aussi à son actif des poids lourds tels que The K2, Duel et Voice, justement.

Le drama Tunnel est-il la réponse de OCN à tvN ? La question est évidemment absurde puisque les deux chaînes appartiennent au groupe CJ E&M. Mais la quête de diversification des contenus affichée par celui-ci ne semble plus avoir de limites, quitte à brouiller les repères.

Car à l’origine, OCN est LA chaîne du polar en Corée du Sud. Elle diffuse des films et dramas coréens, mais aussi des séries policières américaines. Toutefois en 2016, la chaîne tvN a frappé un grand coup avec Signal, polar fantastique puissant et émouvant qui s’est imposé comme un classique instantané.


Comme Signal, la série Tunnel fait référence aux tristement célèbres meurtres de Hwaseong, et convoque l’argument du voyage dans le temps pour dérouler son enquête. La similarité ne se limite pas au contexte choisi, mais concerne aussi le trio de héros. De la même façon, celui-ci est composé de deux flics et d’un profiler, deux hommes et une femme. Plus encore, il y a la communication de protagonistes issus de deux époques différentes, avec l’idée que c’est le futur qui aidera peut-être à résoudre le passé, et non l’inverse.

Lors de la conférence de presse du drama, la question a logiquement été posée au réalisateur Shin Yong Hwi. Celui-ci s’en est tiré avec une pirouette, affirmant non sans mauvaise foi ne pas vraiment avoir regardé Signal.

A son crédit, il est vrai que les meurtres de Hwaseong reviennent souvent dans la fiction coréenne : les films Memories of Murder de Bong Joon Ho et Confession of Murder de Jung Byung Gil, ainsi que le drama Gap Dong s’appuient sur cette affaire non résolue qui a secoué la Corée du Sud entre 1986 et 1991.


Malgré ses points communs avec le chef d’œuvre de tvN, Tunnel ne tarde pas à trouver son identité et à nous happer au cœur de son intrigue bien construite. Il faudrait en effet être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître les qualités narratives indéniables de Tunnel, dont le scénario compact et efficace ne souffre d’aucun temps mort.

Tandis que les affaires s’enchaînent, on se surprend très vite à faire de même avec les épisodes, dans l’espoir de grappiller des indices supplémentaires. On comprend aisément pour quelle raison le public coréen a accordé un excellent accueil à ce drama. Fait rare pour OCN, il a enregistré un score d’audience de 4,673% sur sa diffusion.

La plupart des scènes se déroulant de nuit ou dans des intérieurs sombres, l’ambiance est résolument anxiogène, mais elle n’est pas pesante pour autant. La photographie est soignée, dominée par les tons marron, gris et bleus, que viennent équilibrer des touches de couleurs chaudes.


Quant aux personnages, ils sont suffisamment caractérisés pour nous donner envie de les suivre. Park Kwang Ho est un protagoniste principal typique de polar. C’est le flic brut de décoffrage, en guerre contre l’injustice, et qui malgré ses compétences largement avérées, a pour fâcheuse tendance d’agir avant de parler.

Il est interprété par Choi Jin Hyuk, le gumiho père de Kang Chi/Lee Seung Gi dans le drama Gu Family Book. On l’a vu depuis dans l’intéressant Pride and Prejudice. Choi Jin Hyuk n’est pas un acteur très subtil mais il a une bonne présence à l’écran et le rôle lui va par conséquent comme un gant.

Face à lui, Yoon Hyun Min (My Daughter Geum Sa Wol, Inspiring Generation) joue Kim Sun Jae, le jeune flic taciturne qui oppose une résistance passive à Kwang Ho l’extraverti. Je n’ai pas eu l’honneur de croiser cet acteur auparavant mais il est impeccable. La façon dont il fait évoluer son personnage apporte beaucoup à la dynamique du trio principal.

Ajoutons à cela que si Tunnel n’est pas précisément un drama comique, la première rencontre entre Kwang Ho et Sun Jae reste un moment d’une drôlerie savoureuse, qui pose parfaitement les tempéraments opposés des deux protagonistes.


Cependant la vraie sensation de Tunnel est Lee Yoo Young, l’interprète de la Professeure Shin Jae Yi. Cette jeune actrice de cinéma avait jusqu’à présent principalement été repérée dans The Treacherous (Min Kyu Dong), un sageuk érotique avec Joo Ji Hoon et Kim Kang Woo. Au passage, il semble que débuter dans un film érotique soit en train de devenir le lot de toutes les jeunes actrices coréennes.

Son visage hors du commun, son regard perçant, sa beauté raffinée et son jeu en intériorité exercent une fascination immédiate dans Tunnel. Shin Jae Yi est le personnage le plus intéressant du drama. Son histoire est la plus complexe et sa psychologie impénétrable en fait un adversaire de haut niveau pour le tueur en série.

Lee Yoo Young confère à cette jeune femme peu sociable une profondeur et un charme magnétique, tout en révélant par petites touches sa sensibilité enfouie.


Ce qui nous amène au thème majeur du drama, à ce qui fait sa valeur ajoutée dans le genre très prisé du thriller. L’intrigue de Tunnel est en effet rythmée par les cours délivrés par Shin Jae Yi, la Professeure en criminologie aux méthodes peu orthodoxes qui apporte son aide aux deux policiers.

De tous les films ou dramas coréens œuvrant dans le genre du thriller, Tunnel est peut-être celui qui pousse le plus loin la notion de profiling appliquée aux meurtres en série.

En seize épisodes couvrant une période de trente ans, Tunnel ose un portrait détaillé, réaliste et absolument passionnant d’un tueur en série, d’un monstre vivant parmi les humains. Quel est son parcours ? Quelles sont ses motivations ? A-t-il une idéologie ? Qu’est-ce qui déclenche le passage à l’acte? Est-ce bien un « psychopathe » ?

Yoon Hyun Min et Choi Jin Hyuk dans Tunnel
Au fil des nombreux rebondissements de l’intrigue, le drama s’attache à apporter sa contribution à cette énigme insondable, à répondre à ces interrogations de manière aussi étayée que possible. Je ne me risquerai pas à en dire plus pour ne pas gâcher le suspense – c’est évidemment dommage pour l’acteur méritant qui endosse le rôle risqué du meurtrier.

Je terminerai sur une note plus légère en précisant qu’il est agréable de retrouver une fois de plus Jo Hee Bong (Moonlight Drawn by Clouds) en manager attentif, et le toujours drôle Kang Ki Young (Let’s Fight, Ghost!) en flic un peu à côté de la plaque. Tunnel offre au passage un petit rôle sympathique à N alias Cha Hak Yeon du groupe VIXX.

A présent que vous savez tout, il est temps de vous plonger pour de bon dans ce drama palpitant.

Caroline Leroy

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