Le drama coréen Weightlifting Fairy Kim Bok Joo

Critique : Weightlifting Fairy Kim Bok Joo, avec Lee Sung Kyung

Lee Sung Kyung et Nam Joo Hyuk forment un couple fabuleusement adorable dans ce drama charmant, léger, pétillant et sensible, qui célèbre aussi bien la jeunesse que l’amour de soi et des autres.

Weightlifting Kim Bok Joo est une véritable bouffée d’air frais dans l’univers souvent tourmenté des dramas coréens. Une fois n’est pas coutume, je vous invite à laisser de côté les montagnes russes émotionnelles pour vous recommander vivement ce drama, qui était diffusé sur MBC entre novembre 2016 et janvier 2017.

Librement inspiré de la vie de Jang Mi Ran, championne olympique coréenne d’haltérophilie, celui-ci n’est pas pour autant un drama sportif comme son titre peut le laisser entendre. Il s’agit davantage d’une chronique étudiante située dans le milieu sportif, qui a la particularité – et l’audace, ajouterai-je – de faire la part belle aux sentiments positifs.

Nam Joo Hyuk et Lee Sung Kyung dans Weightlifting Fairy Kim Bok Joo

Synopsis : Kim Bok Joo (Lee Sung Kyung) est la membre la plus prometteuse de l’équipe féminine d’haltérophilie de son université. Elle forme un trio inséparable avec ses amies et camarades de sport Lee Sun Ok (Lee Joo Young) et Jung Nan Hee (Cho Hye Jung). Sur le campus, Bok Joo renoue par hasard avec un ancien ami d’enfance, Jung Joon Hyung (Nam Joo Hyuk), qui appartient à présent à l’équipe masculine de natation. L’ancienne petite amie de Joon Hyung, Song Shi Ho (Kyung Soo Jin), voit toutefois cela d’un mauvais œil, sans se douter que Bok Joo est en pâmoison devant Jung Jae Yi (Lee Jae Yoon), un homme plus âgé qui n’est autre que le cousin de Joon Hyung…


Avant même d’être tourné, Weightlifting Kim Bok Joo s’est retrouvé être l’objet de controverses plus ou moins légitimes. La première portait sur le choix de l’actrice et mannequin Lee Sung kyung pour interpréter une sportive légendaire, plusieurs fois championne du monde, capable de soulever 181kilos en épaulé-jeté. La véritable Kim Bok Joo, Jang Mi Ran, concourait dans la catégorie des plus de 75kg et ressemblait sans surprise davantage à Kang Ho Dong qu’à une sirène.

Ensuite, on a reproché au réalisateur Oh Hyun Jong (A New Leaf) de recruter deux talents de YG Entertainment dans les rôles principaux, Lee Sung Kyung et Nam Joo Hyuk. Les deux faisaient déjà partie du casting de Cheese in the Trap plus tôt dans l’année, mais dans des rôles secondaires. Nous passerons sur cette critique de peu d’intérêt.

Pour finir, un autre point de crispation concernait le fait que le drama se focalise sur les amours de son héroïne, plutôt que sur ses accomplissements sportifs.


Les premiers épisodes de Weightlifting Kim Bok Joo démentent heureusement les craintes concernant Lee Sun Kyung, tant celle-ci se montre à l’aise dans la peau de Bok Joo.

Avec son visage très expressif, ses mimiques et ses postures parfois disgracieuses, souvent drôles, les intonations qu’elle donne à sa voix, elle impose immédiatement son personnage :  une jeune femme spontanée, un peu maladroite, insouciante mais capable de gravité, très attachante. Elle a même pris quelques kilos pour l’occasion.

Révélée dans It’s OK, That’s Love en 2014, Lee Sun Kyung a affirmé sa place parmi les jeunes actrices les plus en vue de la télévision coréenne avec pas moins de trois dramas en 2016, qui ont tous fait parler d’eux. Si Doctors lui offre un rôle plus conventionnel (elle y est le faire-valoir de Park Shin Hye), elle impressionne avec ses talents comiques et l’originalité de son interprétation dans Cheese in the Trap.

Avec Weightlifting Kim Bok Joo, elle obtient pour la première fois un rôle principal, et s’acquitte brillamment de cette mission difficile.


Au sujet des reproches faits par avance au scénario, il est vrai que Weightlifting Kim Bok Joo est très différent des mangas sportifs que l’on connaît, dans lesquels l’intrigue est presque exclusivement rythmée par les épreuves. Rappelez-vous la fièvre des matches de volley à répétition de Jeanne et Serge ou du drama Attack N°1 avec Aya Ueto. Pensez à Captain Tsubasa, à Slam Dunk, à tous ces mangas alimentés par un esprit de compétition féroce qui prend le pas sur tous les autres aspects de la vie de leurs héros.

Avec Kim Bok Joo, nous ne sommes pas dans ce genre d’ambiance. Et après tout, même si le drama est inspiré de la vie d’une célébrité du monde sportif, il ne s’agit pas d’un biopic.

Les mauvaises langues ont parlé trop vite car Weightlifting Kim Bok Joo raconte autre chose, et le fait vraiment très bien. Il y est effectivement question de sport, mais celui-ci intervient davantage comme révélateur des failles cachées des protagonistes qu’en tant qu’argument dramatique en soi. Le drama parle avant tout, et avec beaucoup de justesse, de la difficulté d’être bien dans sa peau.

Qu’il s’agisse de Kim Bok Joo, qui se met soudain à douter de sa passion en tombant amoureuse pour la première fois, de Jung Joon Hyung dont les performances sont entravées par un blocage psychologique qui l’empêche de partir dans les temps en compétition, ou encore de Song Shi Ho qui vit mal sa situation familiale et le fait payer aux autres et à elle-même, tout le monde est plus ou moins confronté à une crise personnelle, à un obstacle qui le place face à ses peurs, à ses angoisses réelles ou imaginaires.


Weightlifting Fairy Kim Bok Joo porte un regard attendri sur ces jeunes gens plein de fougue et de passion, qui vivent chacun à leur manière le passage à l’âge adulte. Il le fait avec légèreté mais sans superficialité. Quand je parle de légèreté, je veux dire que les drames de Bok Joo et de ses camarades sont les épreuves qui jalonnent le parcours de tout jeune adulte vers la maturité, vers un certain équilibre. Ce sont ces brèves fins du monde que nous avons tous connues, comme un chagrin d’amour, le départ soudain d’une personne qu’on aime, la colère d’un parent, la dispute avec un meilleur ami.

A partir de ce thème universel, le drama parvient à transmettre une joie de vivre communicatrice, à l’image de son héroïne adorable et énergique. Mieux que personne, Bok Joo incarne cette ambigüité du début de l’âge adulte, elle qui vit ses premiers émois à vingt ans avec la naïveté d’une adolescente.

L’emphase est aussi mise sur sa belle histoire d’amitié avec ses deux éternelles complices, qui partagent son quotidien dédié à l’entraînement – une routine exigeante qui laisse peu de place au divertissement.


La scénariste Yang Hee Seung (King of High School Life Conduct) en profite pour mettre sur le tapis la question de l’image de soi des filles de cet âge.

Prête à tout pour plaire à son prince charmant nutritionniste (Lee Jae Yoon est impayable), Bok Joo s’inscrit dans sa clinique pour suivre un régime, alors qu’elle est censée à l’inverse prendre quelques kilos pour les besoins de la compétition d’haltérophilie. L’occasion de plusieurs séquences très drôles qui la voient empiler les mensonges de part et d’autre jusqu’à ne plus savoir comment s’en sortir. Le message porte.

La quête de féminité de Bok Joo intervient aussi dans sa relation avec son père, un homme bougon mais bienveillant, qui ne la comprend pas toujours. Ahn Kil Kang (Iljimae, Three Days) joue à merveille ce personnage plus important qu’il en a l’air.


Mais l’une des plus grandes réussites de Weightlifting Fairy Kim Bok Joo est l’histoire d’amour qui s’épanouit peu à peu entre Bok Joo et Joon Hyung. La comédie romantique est l’un des genres majeurs du drama coréen en général. Les scénaristes et réalisateurs sont ainsi passés maîtres dans l’art de créer des intrigues romantiques excitantes traversées de scènes inoubliables, souvent iconiques. Mais les histoires d’amour simples et réalistes ne sont pas aussi nombreuses que cela et demeurent sans doute les plus difficiles à dépeindre, en Corée et ailleurs.

Weightlifting Fairy Kim Bok Joo réussit la prouesse de mette en scène l’affection entre une femme et un homme dans ce que ce sentiment peut avoir de plus pur, sans avoir recours aux clichés, aux facilités de scénario mélodramatiques.


Bok Joo est une héroïne bien plus chanceuse que les autres. Elle vit une histoire d’amour très touchante avec un ami qui lui veut vraiment du bien. Un ami qui se fraye un chemin vers son cœur grâce à sa sincérité et à sa gentillesse.

Jung Joon Hyung est l’antidote idéal aux machos brutaux et lunatiques à la Shin Joon Young de Uncontrollably Fond, qui se contentent de forcer leur obsession sur leur proie. Sa normalité est rafraîchissante. C’est un jeune homme taquin et spontané, mais chacun de ses actes est en accord avec ses sentiments pour Bok Joo. Il est dévoué, désintéressé, et pourtant il ne paraît jamais effacé. Joon Hyung est un merveilleux protagoniste de comédie romantique.

Si Lee Sun Kyung confirme les espoirs que l’on pouvait placer en elle, Nam Joo Hyuk est la révélation de Weightlifting Fairy Kim Bok Joo. Comme je l’expliquais dans ma critique de Gu Family Book à propos du délicieux Choi Kang Chi interprété par Lee Seung Gi, il est plus difficile pour un acteur de convaincre et de séduire avec un personnage de gentil que dans les oripeaux du beau ténébreux désagréable.


Nam Joo Hyuk relève ce défi avec un naturel déconcertant et un charme fou, rendant sa présence chaleureuse rapidement indispensable dans l’intrigue. Lui qui interprétait déjà le « meilleur ami » d’une fille dans Cheese in the Trap, et qui tirait récemment son épingle du jeu dans le rôle du frère discret mais déterminé de Lee Jun Ki dans Moon Lovers: Scarlet Heart Ryeo, prouve à l’instar de sa partenaire qu’il a pleinement sa place en haut de l’affiche. Non seulement c’est un jeune acteur très prometteur, mais c’est aussi un très beau garçon qui possède un physique d’athlète. Encore un talent à suivre de près…

Malgré des scores d’audience décevants, Weightlifting Fairy Kim Bok Joo a su conquérir un public fidèle qui lui est resté très attaché, même après la fin de sa diffusion. Le drama s’avère également être un franc succès pour ses acteurs vedettes qui, à l’heure qu’il est, sont déjà confirmés au premier plan de nouveaux projets.

Caroline Leroy

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