Avis sur le drama coréen Sans Issue

Sans Issue Ep. 1-4 : Lee Seung Gi dans une comédie d’action irrésistible

Le drama Sans Issue booste le genre de la série policière avec ses personnages truculents et ses scènes d’action pimentées.

On vous en parle depuis des semaines et la diffusion a commencé le 7 mai dernier : le drama Sans Issue, également connu sous le titre You’re All Surrounded, occupe désormais le prime de SBS tous les mercredis et les jeudis ! Autant vous dire que les Coréens n’ont pas de quoi s’ennuyer en milieu de semaine, puisque ce nouveau drama policier est l’une des meilleures surprises de l’année 2014, une qualité d’ailleurs récompensée par de bons scores d’audience (entre 12,3 et 14,2% de PDM selon AGB Nielsen). Nous avons regardé les quatre premiers épisodes et Sans Issue démarre sur les chapeaux de roue – dans tous les sens du terme.

Le drama Sans Issue

Course-poursuite dans les rues de Séoul

Rien que la première scène vaut le détour… Mais un détour sacrément survolté puisqu’il s’agit de l’une des courses-poursuites en voiture les plus impressionnantes jamais vues sur un petit écran ! Imaginez une bande de flics plus ou moins hystériques, coincés à six dans une camionnette et obligés de prendre en chasse deux lascars tatoués dans les rues encombrées de Séoul, slalomant entre bus et voitures et n’hésitant pas à prendre les grands axes à contre-sens pour rattraper les voyous…

Imaginez une course-poursuite véhiculée qui enchaîne avec une course-poursuite à pied en plein quartier commerçant, avec des gangsters prêts à tout pour s’échapper mais un peu dépassés par le zèle de leurs poursuivants. Imaginez une fliquette qui vomit toutes ses tripes en posant le pied à terre, des policiers qui font la course entre eux au lieu de se focaliser sur leur proie, un flic playboy qui fait les yeux doux aux passantes…

Vous trouverez tout cela dans la scène d’ouverture complètement dingue de Sans Issue, sachant que la car chase enchaîne plans aériens, plans à l’intérieur du van et plans immersifs à hauteur du véhicule, le réalisateur allant jusqu’à poser sa caméra à l’avant du van pour filmer les véhicules arrivant en sens inverse… Cette entrée en matière percutante, d’une ampleur inédite dans le monde du drama et qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, annonce d’emblée les ambitions haut-de-gamme de Sans Issue.

La suite est à l’avenant, que ce soit sur le plan de la qualité de la réalisation, de l’alchimie du casting et de l’énergie qui se dégage de l’ensemble au cours des péripéties rocambolesques qui vont suivre.

Lee Seung Gi (Sans Issue)

Affaires policières à Gangnam

Mais avant toute chose, de quoi parle Sans Issue ? L’histoire nous emmène à Gangnam, le quartier chic de Séoul, où Eun Dae Gu (Lee Seung Gi), Eo Soo Sun (Go Ah Ra), Ji Kook (Park Jung Min) et Park Tae Il (Ahn Jae Hyun) viennent tout juste d’intégrer le commissariat. Ils se retrouvent sous la coupe du flic légendaire mais complètement aigri Seo Pan Seok (Cha Seung Won), chargé de leur formation et bien décidé à prouver qu’ils n’ont pas le profil de l’emploi. Seo Pan Seok est loin d’être le seul à les avoir pris en grippe : ses collègues, à commencer par son chef direct (Im Won Hee), n’aiment pas non plus l’idée d’avoir des rookies dans la vingtaine au sein du service.

Au fil des affaires auxquelles ils seront confrontés, les quatre recrues devront s’intégrer, apprendre le métier et surtout trouver le moyen de travailler en équipe. Et avec les personnalités atypiques de chacun, c’est loin d’être gagné.

Comme souvent dans les dramas coréens, un long flash back nous invite à faire la connaissance des personnages principaux à travers leur adolescence. Les protagonistes concernés sont Eun Dae Gu, dont le véritable nom s’avère être Kim Ji Yong, mais aussi sa future partenaire Eo Soo Sun et son futur supérieur direct Seo Pan Seok. Le but est de leur apporter un peu de profondeur et de donner une assise aux enjeux dramatiques qui seront développés par la suite tout au long de la série.

Le procédé est certes classique. Sauf que Sans Issue fait très fort avec ce flash back. Non seulement le récit va à l’essentiel sans s’étirer en longueur (il ne dépasse pas le premier épisode), mais il parvient à introduire du drame voire de la tragédie sans pour autant altérer le ton décalé de la série.

Sans spoiler l’intrigue, rien que le premier épisode est riche en sensations fortes sur le plan dramatique : une scène d’assassinat d’une rare cruauté psychologique, une chasse à l’homme haletante en pleine nuit dans les couloirs d’un lycée, des allusions aux discriminations sociales endurées par les mères célibataires… Tout cela mélangé avec quelques francs moments de rigolade, en grande partie grâce à l’actrice qui interprète Eo Soo Sun jeune (Ji-Woo vue dans Inspiring Generation) et qui, avec son accent du sud très marqué, joue parfaitement la caïd gueularde mais finalement pas aussi méchante et sûre d’elle qu’elle tente de le faire croire.

Au passage, la vision des lycéennes, dépeintes à plusieurs reprises comme de véritables furies dans les épisodes 1 et 2, est à mourir de rire !

Les épisodes qui suivent se déroulent dans le présent et font passer de diverses manières des moments éprouvants à nos jeunes recrues, confrontées successivement à une affaire d’arnaqueuses ciblant des hommes riches dans une boîte de nuit (un phénomène connu de Gangnam), au harcèlement d’une célibataire par un homme au comportement inquiétant, ou encore à une prise d’otage par un chômeur désespéré.

Sans trop en dévoiler, l’une de ces affaires va tourner au drame et plonger momentanément nos héros dans un profond désarroi, occasionnant au passage une prise de bec foudroyante entre les personnages de Lee Seung Gi et de Cha Seung Won. On peut même parler d’un pétage de plomb car l’échange est d’une violence qu’il est rare de voir à la télévision.

Nous voilà prévenus : Sans Issue demeure certes une comédie d’action mais nous ne sommes jamais à l’abri d’assister à des scènes extrêmement tendues entre les personnages et de passer, dans un même épisode, d’un sentiment extrême à un autre. On connaissait la propension des dramas coréens à naviguer avec naturel entre les genres (par opposition aux séries américaines qui choisissent un genre et un ton dès le départ et s’y tiennent jusqu’au bout), mais ce glissement entre des tonalités au premier abord contradictoires s’avère assez inédit et donne parfois l’impression de faire le grand huit. La pilule passe sans difficulté grâce à une écriture soignée, une mise en scène aux petits oignons et des acteurs très investis.

Lee Seung-Gi en flic ténébreux

Ces premiers épisodes du drama Sans Issue permettent d’ores et déjà à Lee Seung Gi de dévoiler de nouvelles facettes de son jeu : lui qui nous avait jusqu’à présent habitués à des personnages expressifs et souvent immatures en début de parcours, incarne cette fois-ci un jeune homme au regard sombre, mystérieux, et au caractère introverti, voire renfermé sur lui-même – exception faite de cette fameuse scène où il pète un câble contre Cha Seung Won, bien sûr ! Un vrai choc après le rôle de Kang Chi dans Gu Family Book ! Eun Dae Gu offre un contraste particulièrement saisissant avec Eo Soo Sun, sa partenaire optimiste et férue de justice, dont la bonne volonté nécessite d’être canalisée pour ne pas partir dans tous les sens et provoquer des catastrophes.

En plus de faire une femme flic hilarante, Go Ah Ra (Reply 1994) nous démontre qu’elle est loin d’être l’actrice la plus soucieuse de son image de l’industrie (entrer en scène en vomissant dans la rue, une prise de risque dont peu d’actrices sont capables). On a également plaisir à retrouver Cha Seung Won, dont ce drama marque le grand retour après une longue absence. Seo Pan Seok est un personnage a priori désagréable mais on devine qu’il cache de profondes blessures.

Enfin, n’oublions pas le duo impayable formé par Park Jung Min et Ahn Jae Hyun (Ji Kook et Park Tae Il dans l’histoire), qui participent à faire accepter sans peine les transitions entre les moments comiques et les notes plus sérieuses, ou encore les apparitions toujours remarquées de Im Won Hee (vu dans les films Crazy Lee et Trois… Extrême), parfait en chefaillon minable jusqu’au bout des ongles.

Les dramas coréens à l’ère de la 4K

Pour résumer ce premier bilan, You’re All Surrounded s’annonce comme une comédie d’action décomplexée et légère, avec toutefois quelques notes dramatiques venant apporter du relief à l’histoire et aux personnages sans pour autant décrédibiliser l’esprit décalé qui semble dominer la série. Le jeu d’équilibriste opéré par la scénariste Lee Jung Sun (Ojakgyo Family) et le réalisateur Yu In Sik (Incarnation of Money) requiert une grande maîtrise, mais force est de constater qu’ils s’en sortent pour l’instant admirablement. Aucune fausse note ne vient entamer le plaisir prodigué par l’expérience.

Autre gage de qualité, le drama est intégralement filmé en 4K avec une caméra Canon EOS Cinema C500, qui offre également un traitement des couleurs optimal, ce qui explique le superbe style visuel du drama.

Pour toutes ces raisons, ces quatre premiers épisodes nous ont rendues totalement fans de Sans Issue, aka You’re All Surrounded. Pas vous ?

Elodie Leroy

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