Un scénario addictif, un rythme soutenu et d’excellentes prestations d’acteurs : tel est le secret de la réussite de Connection, le drama à binge-watcher absolument pour les amateurs de polars à suspense.
Policier brillant de la brigade des stupéfiants à Anhyeon, Jang Jae Gyeong (Ji Sung) est un jour kidnappé à la sortie d’un dîner entre collègues. Lorsqu’il se réveille quelques jours plus tard sur le quai d’un métro, il est devenu accro à une nouvelle drogue. Au même moment, un ancien ami de lycée se suicide dans des circonstances suspectes. Ces événements amènent Jae Gyeong à renouer avec Oh Yoon Jin (Jeon Mi Do), une journaliste qui faisait partie de sa bande d’amis à l’adolescence. Le défunt les a désignés comme héritiers d’une coquette somme d’argent, alors qu’ils n’avaient plus de contacts avec lui depuis des années. Ensemble, Jae Gyeong et Yoon Jin tentent d’élucider la mort de leur ami.
Si vous aimez les thrillers intenses et bien ficelés avec des personnages charismatiques, Connection est fait pour vous. Ecrit par Lee Hyun (Diary of a Prosecutor), qui est créditée pour la première fois comme scénariste principale, et réalisé par Lee Moon Kyo, à qui l’on doit Tramway (Netflix), cette série de 14 épisodes était diffusée sur SBS du 24 mai au 16 juillet 2024 et est actuellement visible sur la plateforme internationale Kocowa(1), dont les contenus sont accessibles en France depuis avril 2024.
A la faveur d’un récit sans temps mort, Connection déroule une enquête palpitante centrée sur un groupe d’amis d’enfance, qui se trouvent mêlés à l’âge adulte à une sombre affaire de trafic de drogue sur fond de trahison et de manipulation. En parallèle, le protagoniste principal se débat secrètement avec cette nouvelle substance aux effets inconnus, qu’il doit absolument consommer sans éveiller les soupçons de ses collègues policiers. Les liens entre les deux affaires – la toxicomanie forcée de Jae Gyeong et le suicide de son ami – se révèlent peu à peu à mesure que nous découvrons les magouilles des personnes impliquées et leurs conflits passés ou présents.
L’un des atouts majeurs de Connection réside dans la maîtrise de la narration dont fait preuve de la scénariste, et son maniement du suspense. La série trouve ainsi le bon dosage entre les moments où le spectateur est amené à anticiper partiellement la suite en se forgeant des théories, et les rebondissements qui le prennent par surprise. En accord parfait avec les intentions du scénario, la réalisation de Lee Moon Kyo alterne entre les plans stables et les scènes caméra à l’épaule, ce qui confère à la série un dynamisme permanent.
Connection repose aussi sur une savante gestion de la temporalité : l’enchaînement d’événements, qui s’opère à un rythme tambour battant autour de ce héros contraint de se droguer pour survivre, est judicieusement ponctué de longues scènes dialoguées qui s’avèrent toujours riches en émotions. Le réalisateur n’hésite pas à employer de longs plans face caméra lors de ces moments théâtraux, qui se soldent parfois par des renversements de situation choquants.
Il fallait un casting à la hauteur de ces ambitions. Au premier plan de Connection, Ji Sung est l’homme de la situation pour interpréter Jae Gyeong et parvient à nous embarquer à 100 % dans sa quête et sa lutte contre sa condition de toxicomane. Pourtant, le personnage est loin d’être irréprochable : agissant dans l’urgence, il enchaîne dès les deux premiers épisodes des actions contestables, comme voler des preuves à la police, interroger un suspect en l’étouffant avec un oreiller ou encore faire disparaître un échantillon sanguin (d’une manière pour le moins originale !).
Ji Sung traduit à la perfection les aspérités de ce personnage qui paraît fermé aux autres au début de la série, envoyant ses répliques cassantes avec flegme tout en fixant ses interlocuteurs droit dans les yeux, mais qui va peu à peu redécouvrir la valeur des relations humaines. A quarante-sept ans, l’acteur impressionne par son énergie dans les scènes d’action : on ne compte pas le nombre de sprints qu’il effectue dans la rue au cours de la série, notamment dans le final trépidant de l’épisode 13.
Jeon Mi Do (Thirty Nine), quant à elle, trouve le ton juste dans le rôle de Yoon Jin. Courant après l’argent, Yoon Jin laisse parfois entrevoir une pointe de cynisme, mais révèle en fin de compte une réelle loyauté envers ses amis. Son jeu très nuancé lui permet de développer ces différentes facettes qui ancrent ce personnage dans le réel et le rendent très humain. Ji Sung et Jeon Mi Do forment également un trio sympathique avec Jung Soo Won (Chicken Nugget), attachant en ami dévoué.
Le réalisateur Lee Moon Kyo s’appuie également sur des acteurs secondaires remarquables, auxquels il offre de véritables moments de bravoure au cours de drama, ce qui constitue une excellente surprise pour un thriller et contribue à la satisfaction du spectateur. Connection mise en particulier sur une belle brochette de méchants menés de main de maître par Kwon Yul (Frankly Speaking) et Kim Kyung Nam (The King: Eternal Monarch), qui parviennent chacun à nous surprendre jusqu’au bout avec les états d’âmes de leurs personnages respectifs.
Viennent s’ajouter des personnages secondaires bien campés par Yoon Sa Bong (Arthdal Chronicles 2) en cheffe d’équipe policière, Baek Ji Won (Goodbye Earth) en mafieuse tirée à quatre épingles, Moon Sung Geun (Marry My Husband) en chairman vicieux, Cha Yub (Song of the Bandits) en laquais tourmenté, Lee Kang Wook (My Demon) en tordu de service ou encore Jung Yoo Min (Perfect Marriage Revenge) en épouse éplorée ambiguë.
Elodie Leroy
(1) KOCOWA est une société commune internationale formée par les principaux diffuseurs coréens KBS, MBC, SBS et SK Square Americas, Content wavve.