Im Ji Yeon trouve son meilleur rôle en esclave qui devient avocate pour défendre les plus faibles dans ce drama historique plein d’humanité.
Après avoir fui la demeure de ses maîtres tortionnaires, une esclave, Goo Deok (Im Ji Yeon), mène une nouvelle vie sous une fausse identité. Connue sous le nom d’Ok Tae Young, une femme issue de la noblesse, elle est désormais avocate et défend les plus faibles contre les abus de pouvoir. Seules quelques personnes connaissent son secret, parmi lesquelles Song Seo In (Choo Young Woo), un artiste itinérant tombé amoureux d’elle au premier regard. Elle rencontre un jour Seong Yun Gyeom (Choo Young Woo) un fonctionnaire qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau.
Certains dramas méritent amplement l’engouement et la cote d’affection qui les entourent. C’est le cas de The Tale of Lady Ok, un sageuk de 16 épisodes écrit par Park Ji Sook (Uncle) et réalisé par Jin Hyuk (Sisyphus: The Myth). En Corée, la série a acquis une popularité croissante lors de sa diffusion sur JTBC du 30 novembre 2024 au 26 janvier 2025, avec des ratings passés de 4,2 % à 13,5 %. The Tale of Lady Ok est actuellement disponible sur Kocowa+, plateforme de streaming créée par les grandes chaînes nationales coréennes pour les spectateurs internationaux.
The Tale of Lady Ok débute par un générique laissant apparaître les silhouettes dessinées des deux acteurs principaux, Im Ji Yeon et Choo Young Woo, sur un thème musical épique. Dès les premiers épisodes, le drama nous embarque dans une intrigue palpitante teintée d’éléments romanesques, à commencer par le périple qui conduit Goo Deok à devenir l’avocate Ok Tae Young. Le pitch est audacieux : l’héroïne n’est pas irréprochable, puisque la place qu’elle prend dans la société repose sur un mensonge. C’est néanmoins à travers ce mensonge qu’elle va transcender sa condition d’esclave et de femme, développer ses valeurs et conduire d’autres personnes à affirmer les leurs.
Ce destin singulier s’ancre dans un univers solidement construit. Le scénario de The Tale of Lady Ok s’attarde sur la dynamique entre les différentes classes sociales – esclaves, nobles, lettrés, fonctionnaires – et prend le temps de développer une riche galerie de personnages en alternant scènes dramatiques et moments légers du quotidien.
The Tale of Lady Ok est servi par une direction artistique et une mise en scène élégantes, qui apportent beaucoup de corps à l’univers du drama. Le réalisateur Jin Hyuk met joliment en valeur les visages de ses deux acteurs principaux et compose chaque plan avec précision en s’appuyant sur des jeux de couleurs subtils. On relève notamment, sur les costumes, l’utilisation appuyée des trois couleurs primaires et secondaires pour faire ressortir le personnage-clé de chaque scène. Les couleurs des hanbok de Goo Deok, somptueuses, ne sont d’ailleurs jamais choisies au hasard et ressortent toujours vivement lorsqu’elle plaide pour ses clients ou reçoit leurs confidences.
Goo Deok est interprétée par Im Ji Yeon, qui élargit une nouvelle fois son registre après les rôles de la persécutrice de The Glory et de la femme battue vengeresse de Lies Hidden in my Garden. Charismatique sans jamais forcer le trait, elle imprime un mélange de noblesse et de passion à son personnage qui cherche à améliorer la condition des ses semblables. Sa performance habitée se solidifie sur la durée : Goo Deok/Ok Tae Young devient vite le pilier du drama, notre point de repère chaque fois qu’un nouvel événement vient troubler le quotidien. Qu’elle soit confrontée à la corruption politique, qu’elle découvre l’amour ou qu’elle se pose en modèle pour la jeune génération, l’héroïne gagne en relief, en maturité et en sagesse au fil des épreuves qu’elle traverse.
Et les épreuves ne manquent pas lorsqu’on est une femme dans une société réfractaire à tout comportement hors normes. The Tale of Lady Ok n’est pas explicitement daté, mais l’on sait que l’histoire se situe au moins dans la seconde partie du 17e siècle, puisqu’il est fait mention des Qing (1644-1910). Nous sommes donc dans la seconde moitié de l’ère Joseon, à une époque où la société coréenne connaît un regain de conservatisme après l’invasion chinoise, comme nous vous l’expliquions dans notre critique de Knight Flower.
Dans The Tale of Lady Ok, la condition féminine est abordée sous différents aspects : les agressions sexuelles sur les jeunes esclaves, la mise au ban de la société des femmes veuves, le désœuvrement des riches bourgeoises qui les pousse à se détester entre elles… Cette dimension féministe ne verse jamais dans l’idéologie comme cela aurait été le cas une fiction occidentale d’aujourd’hui, et s’inscrit dans un propos plus général sur l’oppression des plus vulnérables, plaçant au premier plan la lutte contre la maltraitance des esclaves.
Nous ne sommes pas à l’abri de quelques clichés, comme le personnage de Kim So Hye (Ha Yul Ri), la maîtresse cruelle de Goo Deok qui la poursuit sans relâche, et qui aurait gagné à être plus nuancée. L’évolution des relations entre les personnages n’en demeure pas moins le point fort de l’écriture, à commencer par la romance entre Goo Deok et Seo In.
The Tale of Lady Ok se distingue en effet par une intrigue amoureuse sortant des sentiers battus. Dans la première moitié du drama, Goo Deok vit une romance avec non pas un, mais deux hommes physiquement identiques – des doppelgangers -, mais dont les personnalités diffèrent radicalement. L’un, Song Seo In (également connu sous l’identité de Cheon Seung Hwi), est un romancier et artiste de théâtre au caractère enjoué et plein d’imagination, tandis que l’autre, Seong Yun Gyeom, est un fils de magistrat de tempérament réservé. A travers les parcours de ces deux hommes liés à l’héroïne, la scénariste exploite le concept d’usurpation d’identité avec un sens aiguisé du rebondissement, créant un triangle amoureux atypique qui représente un challenge pour l’interprète masculin.
Donnant la réplique à l’actrice principale, l’acteur montant Choo Young Woo, que l’on a revu entre-temps en jeune chirurgien dans The Trauma Code : appel à l’héroïsme et en lycéen maudit dans La Fée et le Bouvier, s’impose comme la révélation du drama lors de sa diffusion. Sa tâche n’est pas simple, puisqu’il doit rendre Seo In/Seung Hwi et Yun Gyeom reconnaissables en un regard, mais aussi savoir semer la confusion entre ses deux identités. C’est dans le rôle de Seo In qu’il brille le plus : sa performance très vivante, son charme fou et son alchimie avec Im Ji Yeon participent à rendre cette romance imprévisible à la fois émouvante et chaleureuse.
Les personnages secondaires ne sont pas laissés de côté, les sous-intrigues s’insérant de manière naturelle dans l’histoire. La romance entre Do Gyeom, le jeune frère attachant de Yun Gyeom interprété avec fougue par Kim Jae Won (Hierarchy), et Mi Ryeong, sa jeune épouse ambiguë jouée avec sensibilité par Yeonwoo de Momoland (The Golden Spoon), connaît également quelques turbulences et donne lieu à des scènes touchantes.
La troisième romance du drama se joue entre la servante Mak Sim (Kim Jae Hwa, The Judge Form Hell), principale figure maternelle de Goo Deok, et de son collègue Doki (Oh Dae Hwan, Salon de Holmes) participe à rendre le drama très attachant. On retient également la bromance entre Seung Hwi et son serviteur, le flegmatique Man Seok joué Lee Jae Won (Bienvenue à Samdal-ri), et dont l’humour participe souvent à donner le ton dans les scènes plus légères. Enfin, The Tale of Lady Ok est aussi l’occasion de voir l’une des dernières apparitions du regretté Choi Jong Woo (The Tyrant), charismatique dans le rôle du machiavélique Park Joon Ki.
The Tale of Lady Ok est disponible en France avec des sous-titres anglais sur la plateforme internationale Kocowa+.
Elodie Leroy
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