Riche et passionnante, la 19e édition du Festival du Film Coréen à Paris était l’occasion de découvrir une sélection de films d’horizons variés, confirmant s’il le fallait la vivacité du cinéma coréen. Découvrez notre bilan et nos coups de cœur.
Du 29 octobre au 5 novembre 2024, au Publiciscinema à Paris, le Festival du Film Coréen à Paris nous a fait voyager au Pays du Matin frais, de nos jours ou dans le passé, en métropole ou dans les montagnes, aux côtés de personnages hors du commun ou au contraire d’hommes et de femmes du quotidien. Une sélection 2024 qui démontre une fois de plus la capacité du cinéma coréen d’aujourd’hui à attirer aussi bien les amateurs de grosses productions comme Veteran 2 (Ryu Seung Wan), de films de genre comme Exhuma (Jang Jae Hyun) ou de films d’auteurs comme Mimang (Kim Tae Yang) ou Work To Do (Park Hong Jun).
« Ce qui fait chaud au cœur […], c’est que tous les types de film intéressent le public, et pas seulement les grands films populaires », déclare David Tredler, chef programmateur de l’événement. Les files d’attente interminables que nous avons vues se déployer le long des Champs Elysées lui donnent raison. Bon nombre de séances se sont tenues à guichet fermé, devant un public curieux et enthousiaste. Cette édition a également reçu un nombre record d’invités grâce au partenariat noué avec la Korea Creative Content Agency (KOCCA).
Le festival a démarré sur les chapeaux de roues avec Handsome Guys, de Nam Dong Hyeop, avec Lee Sung Min (A Bloody Lucky Day) et Lee Hee Joon (Mouse) dans les rôles principaux. Les spectateurs étaient hilares – et nous avec – devant cette comédie horrifique dans laquelle les morts s’accumulent à la suite d’une succession de malentendus.
L’acteur Lee Hee Joon et le réalisateur Nam Dong Hyeop sont venus à la fin de chaque séance rencontrer les spectateurs français pour répondre à leurs questions, tandis que le producteur Kim Won Kuk a donné une master-class le 30 octobre 2024 au Centre Culturel Coréen à Paris. Nous avons pour notre part rencontré Nam Dong Hyeop et Lee Hee Joon pour un entretien, que vous retrouverez très bientôt dans nos colonnes.
Parmi les séances marquantes du festival, citons aussi celle d’Exhuma (Jang Jae Hyun), dont toutes les places se sont écoulées en un rien de temps après l’ouverture de la billetterie. Il faut dire que ce splendide film d’exorcisme avec Choi Min Sik et Kim Go Eun, qui a connu un énorme succès dans son pays (près de 12 millions d’entrées), fascine de la première à la dernière seconde avec son histoire de fantôme familial connecté à un épisode douloureux de l’Histoire de Corée. Le film devrait sortir prochainement en France, mais le mode de diffusion n’a pas encore été révélé.
La section Evénements nous a également offert deux moments de bravoure. Le premier, Escape (Lee Jong Pil), met en scène Lee Je Hoon (Taxi Driver 2) et Koo Kyo Hwan (Parasyte: The Grey) dans une course poursuite épique et pleine de suspense sur les terres nord-coréennes, aux côtés d’un soldat qui cherche à franchir la frontière vers le sud. L’autre pépite de cette section était Land of Happiness (Chu Chang Min), avec Jo Jeong Seok, Lee Sun Kyun et Yoo Jae Myung, un thriller politique et judiciaire émouvant et intelligemment construit, dont l’intrigue se déroule au lendemain de l’assassinat de Park Chung Hee (en 1979).
Nous n’avons en revanche pas été convaincues par Veteran 2 (Ryu Seung Wan) qui souffre d’un scénario fade et indigent et de l’interprétation mégalo de Hwang Jung Min (Narco-Saints). On en retient tout de même une scène d’action fortiche à mi-parcours, une course poursuite acrobatique autour de la tour Namsan avec un Jung Hae In (Love Next Door) absolument déchaîné.
Présenté en section Portrait, FAQ de Kim Da Min nous a laissées quelque peu perplexes. L’histoire est celle d’une petite fille qui trouve une bouteille d’alcool et se convainc que celle-ci lui envoie des messages en morse. Le film s’intéresse à la solitude de ces enfants surchargés en cours du soir par des parents qui projettent leurs angoisses sur eux, mais s’avère finalement confus dans ses intentions et laisse une impression dérangeante.
Les spectateurs étaient amenés à voter pour décerner le Prix du Public à un long métrage de la section Paysage. C’est la comédie d’aventures Citizen of a Kind (Park Young Joo) qui est arrivée en tête une note supérieure à 4,5/5, devançant la comédie dramatique It’s Okay! (Kim Hye Young), le drame Mimang (Kim Tae Yang) et le drame social Work to Do (Park Hong Jun), qui ont également conquis le cœur du public.
Citizen of a Kind nous embarque dans une quête insensée à Qingdao (Chine), aux côtés d’une employée de blanchisserie victime d’une arnaque et qui cherche à démanteler le réseaux d’escrocs avec ses copines. De Ra Mi Ran (Une mauvaise mère ?) à Gong Myung (Killing Romance), en passant par Yeom Hye Ran (The Glory) et Park Byung Eun (The Bequeathed), difficile de ne pas craquer pour le casting de ce film d’aventures dont la violence est contrebalancée par un humour rafraîchissant.
Nous avons également aimé It’s Okay!, comédie dramatique dont l’héroïne est une adolescente enjouée qui se retrouve à la rue du jour au lendemain. Elle est recueillie par sa professeure de danse traditionnelle, une femme froide et renfermée. Le choc de ces deux personnalités forme le fil directeur de ce healing movie lumineux porté par l’interprétation attachante de la jeune Lee Re (Hellbound 2), qui donne la réplique à Jin Seo Yeon (Battle For Happiness) et croise les acteurs Lee Jung Ha (Les Pouvoirs de l’ombre) et Son Suk Ku (A Killer Paradox). Le film devrait sortir dans les salles françaises en février 2025.
Du côté des courts métrages, le Prix Flyasiana revient à Rest Area (Jung Hae Yoon), le Prix du jury étudiants à Escape Velocity (Park Se Yong), tandis que le court Suzuki (Ahn Jung Min) remporte le Prix Keystone du meilleur scénario et une Mention spéciale du jury. Enfin, My Mother’s Story (Kim So Young et Jang Min Hee) reçoit le Prix Kia du meilleur film d’animation, Missing Moon (Youn Song Yi) le Prix Shortcuts Kids et The Nightmare (Han Seung Won) le Prix Strangecuts.
Le festival s’est achevé par Hiver à Sokcho (Koya Kimura), un film inspiré du roman éponyme d’Élisa Shua Dusapin, avec Roshdy Zem et Bella Kim dans les rôles principaux. « La belle avant-première de Hiver à Sokcho, en présence du réalisateur Koya Kamura et de l’actrice Bella Kim, a clos le festival dans l’émotion et la beauté », se réjouit David Tredler. « De quoi marquer les aficionados du FFCP en attendant la 20e édition en 2025. »
Nous remercions toute l’équipe du festival de nous avoir permis d’assister à ces projections et de nous avoir chaleureusement accueillies à chaque séance.
Elodie Leroy
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