Dans le rôle de Oh Hee Dong, Yang Se Jong se démarque au sein d’un casting imposant, et laisse une profonde impression.
Il ne tourne pas souvent, mais lorsqu’un rôle fait battre son cœur, il y met toute son âme. Yang Se Jong choisit ses scénarios sur ce critère et lui-seul, et c’est sans doute ce qui en fait un acteur si rare à tous points de vue. Cela explique aussi que sa passion déborde de chacune de ses interprétations, qu’il soit un jeune chef romantique dans Temperature of Love, un clone désespéré dans Duel, un designer introverti dans Still 17 ou un guerrier flamboyant dans My Country: The New Age.
Depuis le 16 juillet 2025, il fait sensation dans la peau d’un séduisant voyou des années 70 sur Disney Plus dans la série Low Life, écrite et réalisée par Kang Yoon Sung (Big Bet). Alors que le succès de l’œuvre bat son plein et avant la fin de la diffusion prévue le 13 août, nous avons souhaité commenter, à chaud, sa performance exceptionnelle.
Yang Se Jong est là, en ce moment, sur nos écrans. Ne le ratez pas.
Nous sommes en 1977 en Corée du Sud. Oh Hee Dong, 28 ans, vit à Séoul en commettant divers larcins avec son oncle Oh Gwan Seok (Ryu Seung Ryong), qui l’a élevé seul après la disparition de son père. Lorsque les deux hommes entendent parler d’un trésor enfoui dans la mer au large de la côte de Sinan, Hee Dong n’est pas le dernier à vouloir tenter l’aventure pour s’en mettre plein les poches. Pourtant, cet événement va marquer une rupture déterminante dans sa vie.
Comme Doona!, la précédente série de Yang Se Jong sortie fin 2023 sur Netflix, Low Life est inspiré d’un webtoon célèbre : Pine, ou Le Gang en français, publié en 2014 sur Kakao Page. Après le pur et innocent Lee Won Jun, le rustre Oh Hee Dong représente indéniablement un changement de registre, voire une véritable transformation pour l’acteur, dont les personnages possèdent généralement une certaine rigueur morale. Hee Dong possède de surcroit des caractéristiques visuelles marquées, que ce soit dans la ligne de sa silhouette ou ses vêtements, ce qui n’était pas le cas de Won Jun.
Dès le premier épisode de Low Life, Yang Se Jong impressionne avec une composition à la fois fidèle au matériau d’origine et extraordinairement vivante. Coiffé d’une mèche épaisse, vêtu de son blouson de cuir, de ses splendides chemises colorées et de ses pantalons pattes d’eph, il parvient à transposer la dégaine nonchalante du personnage à l’écran de manière très naturelle, sans aucune surenchère.
Cette légèreté se reflète également dans le ton de sa voix, plus relâché qu’à l’ordinaire, mais soutenu par une diction parfaite – l’un de ses points forts – qui donne de l’impact à chacune de ses répliques. Il donne de l’allure à Oh Hee Dong jusque dans sa manière de fumer, à laquelle il apporte une suavité toute personnelle. Le style unique qu’il imprime au personnage participe ainsi énergiquement à définir l’identité visuelle de la série.
En termes de personnalité, il fait de Hee Dong un jeune homme fougueux, sexy, parfois irascible, mais immédiatement attachant. Un anti-héros que l’on est prêt à suivre sans condition, malgré ses défauts.
Pourtant, le rôle n’est pas évident. Il s’agit à la fois d’un personnage actif, en ce qu’il se déplace beaucoup, nouant au passage des liens avec de nombreux personnages. Mais étant subordonné à son oncle durant une partie de l’intrigue, il lui arrive également de se retrouver plus en retrait, dans la position du témoin impuissant des événements. Cette situation s’explique aussi par le nombre important de personnages, que le réalisateur met successivement en valeur pour servir l’intrigue.
Cette situation représente un véritable défi pour un jeune acteur, car elle nécessite de s’imposer au sein d’un casting foisonnant composé de nombreux vétérans, à commencer par son partenaire principal Ryu Seung Ryong (Moving), qui dégage une aura puissante, mais aussi Kim Eui Sung (The Trauma Code : appel à l’héroïsme) ou encore Hong Ki Jun (Big Bet). C’est aussi une opportunité incroyable pour un acteur, en particulier dans le cadre d’une production aussi haut de gamme.
Yang Se Jong affirme dès le départ une présence forte et vraie. Au point qu’il parvient à créer une tension rien qu’en scrutant ses interlocuteurs d’un air décontracté, assis à la table d’un café, comme dans cette scène de l’épisode 1 où les marins lui racontent leur mésaventure. D’une manière générale, son charisme s’exprime autant par son langage corporel sophistiqué que par son regard profond, où se liront au fil du temps l’ironie, l’insouciance, l’excitation, le scepticisme, la gravité, et plus tard la rage et la désolation devant le spectacle des bassesses humaines.
Il fallait un acteur capable d’endosser toutes les dimensions de ce rôle, avec la large gamme émotionnelle que cela implique, et de guider ce faisant le point de vue du spectateur sans l’imposer de force. Tout au long de Low Life, Yang Se Jong nous fait vivre la métamorphose de Oh Hee Dong avec finesse, grâce au réalisme et à l’intelligence de son interprétation.
Ce n’est pas la première fois que Yang Se Jong se distingue dans un casting d’ensemble, puisqu’il y était parvenu dès ses débuts dans la série médicale Dr Romantic en 2016, alors qu’il occupait seulement un rôle secondaire. S’il arrive si bien à trouver sa place, c’est peut-être grâce à sa capacité à s’accorder parfaitement à ses partenaires de jeu.
Lorsque nous avions publié un portrait de Yang Se Jong dans ces pages il y a sept ans, nous avions déjà souligné le fait qu’il semblait être en empathie avec ses partenaires, et qu’il savait notamment recevoir de manière active le jeu des autres. Dans Low Life, cette qualité exceptionnelle participe à son alchimie incroyable avec Ryu Seung Ryong, qui apparaît comme une évidence dès leur toute première scène à l’écran. Elle est aussi visible lorsque le focus de la scène n’est pas sur lui, comme lorsqu’il reçoit les confidences de Kim Sung Oh (Lies Hidden in my Garden) dans les épisodes 2 et 6.
Et cette empathie s’exprime bien sûr avec les femmes. Car mine de rien, Oh Hee Dong se révèle être un véritable tombeur. Ce n’est pas pour rien si c’est l’acteur de Temperature of Love et Doona! qui se retrouve pris dans le triangle amoureux particulièrement acrobatique de la série. Yang Se Jong est sans doute l’un des deux ou trois acteurs capables d’avoir dans la même œuvre une alchimie explosive avec d’un côté, une actrice expérimentée de 13 ans son ainée, Im Soo Jung (Melancholia), et de l’autre, une actrice débutante de 10 ans sa cadette, Kim Min.
Avec la première, il joue les ingénus irrésistibles dans une scène intime et sensuelle qui a marqué les spectateurs dans l’épisode 3. La scène offre au passage à l’actrice l’écrin idéal pour dévoiler la vulnérabilité de son personnage. Avec la seconde, il adopte au contraire une posture de frimeur un peu macho tout en insufflant une atmosphère romantique à chacun de leurs échanges. Puis dans l’épisode 7, il fait surgir l’émotion brute le temps d’une scène de dialogue dépouillée dans une bicoque, simplement par l’authenticité de son jeu, tout en laissant sa jeune partenaire prendre la lumière.
Yang Se Jong est ainsi un acteur qui se démarque sans se mettre en avant. A aucun moment il ne se préoccupe de montrer son meilleur profil pour être beau devant la caméra. Quelle que soit la scène et quel que soit son ou sa partenaire, il ne tire jamais la couverture vers lui. Et pourtant, il rayonne avec intensité. Sa sincérité déborde de chacun de ses gestes, de ses regards, de ses mots. Sa dévotion à l’égard de son personnage est toujours palpable. Son interprétation profondément humaine apporte à la série une dimension supplémentaire qu’elle ne posséderait pas autrement.
Aujourd’hui, il se pourrait que Low Life représente un vrai tournant dans la carrière de l’acteur, si l’on en juge par le succès de la série en Corée et l’accueil chaleureux que reçoit sa performance, tant auprès du public que de la critique. Depuis la semaine du 29 juillet, il se classe même dans le top 10 des acteurs qui font le plus de buzz publié par Good Data Corporation, une société qui analyse les données massives des contenus TV et OTT coréens.
Après la diffusion des trois premiers épisodes de Low Life, les journalistes coréens, qui aiment les bonnes formules, s’interrogeaient sur la possibilité que Yang Se Jong, surnommé en Corée le « maître du mélodrame », devienne le « maître du genre » grâce à son interprétation de Oh Hee Dong. A présent que Low Life touche à sa fin, on peut avancer que leurs prédictions semblent justes.
Une chose est sûre, Yang Se Jong est un acteur précieux. Et il est grand temps que le cinéma s’empare de ce trésor.
Caroline Leroy
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