Hit the Stage : un dance show stimulant avec Taemin

De Taemin à Hoya, en passant par Momo, Hyoyeon et Ten, cette émission de danse défie des stars de K-pop sur des thèmes originaux.

Vous aimez Danse avec les Stars ? Moi aussi. Du moins j’aimais bien au début. Depuis la performance magistrale de Loïc Nottet et Denitsa sur Chandelier de Sia, je n’ai jamais retrouvé le même frisson. C’est donc tout naturellement que je suis allée voir ce qui se faisait en Corée du Sud. Justement, Hit the Stage (Mnet) donne un coup de frais au genre et donne la part belle à des prestations créatives.

Cet article a été publié sur Le Plus de L’Obs le 7 septembre 2016.

Le principe du survival inversé

Lancé le 27 juillet 2016 et diffusé à raison d’un épisode de 60 minutes par semaine, Hit the Stage s’inspire du concept de Strictly Come Dancing (BBC One), dont Danse avec les Stars est adapté, mais bouleverse le système de compétition. En réalité, il ne s’agit pas d’un grand concours, mais d’une succession de compétitions étalées sur 2 épisodes chacune, donnant lieu à des classements par thème.

La particularité de Hit the Stage est que le principe du survival, qui consiste à éliminer un candidat à l’issue de chaque compétition, est inversé : ce n’est pas le perdant qui quitte le show, mais le gagnant, ce qui permet à un nouveau visage de faire son apparition afin de conserver le nombre de 8 candidats.

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Véritable prise de risque, ce principe évacue le ressort dramatique habituel des télé-crochets en dédramatisant le concours, au profit du renouvellement.

L’idée s’avère salutaire : exit les reportages voyant les candidats pleurnicher devant la caméra dans des reportages scénarisés, un ressort abondamment utilisé dans les télé-crochets avec des candidats lambda (The Voice, etc.). Pas de larmichette dans Hit the Stage, et ça fait du bien !

Les stars de K-pop mises à l’épreuve

La différence avec Danse avec les Stars réside aussi dans le choix des candidats : tous sont des talents en activité dans la musique. Aucun has been ne pointe le bout de son nez, comme c’est trop souvent le cas dans Danse avec les Stars (chaque année, le casting confirme ce diagnostic !).

Plus précisément, l’émission puise ses candidats dans le monde des « idoles » de K-pop, ces talents recrutés après des années de stage au sein des labels pour être lancés dans un boys band/girls band ou en solo. Ce parti pris, qui peut paraître commercial, permet à l’émission de garantir un spectacle de qualité, puisque la danse fait partie des domaines d’excellence de la K-pop.

La sélection, qui mélange des nouveaux venus avec des plus anciens dans le métier, se concentre sur des idoles connues pour leurs qualités de danseurs.

Très présentes à la télé coréenne, les idoles sont souvent montrées, dans ce type d’émission, sous un angle qui paraîtrait paradoxal en France : leur succès auprès du public est incontesté (les ventes d’albums en témoignent), mais sur le plan purement artistique, ils doivent continuer de faire leurs preuves.

Être qualifié d’ »artiste » par la presse ou les professionnels constitue une reconnaissance qui se gagne avec le temps et le travail, et pas seulement avec le chiffre d’affaires. Je trouve cette approche plus honnête que celle de la télé française, qui flatte trop facilement l’égo du moindre jeune talent.

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Ainsi, dans un télé-crochet français comme The Voice, je bondis quand le jury qualifie les Slimane, Louane et Fréro Delavega de « grands artistes », alors qu’ils n’ont aucun album à leur actif et n’ont pas encore conquis leur indépendance artistique.

En Corée, ils seraient remis à leur juste place, celle d’artistes en devenir, comme les idoles de K-pop à leurs débuts.

Le concept dynamique, le secret des émissions coréennes

Un programme comme Hit the Stage donne l’opportunité aux idoles de K-pop de prouver leur capacité à exister en dehors de leur groupe et de convaincre dans un registre artistique et créatif, celui de la danse.

Plus souple que dans les émissions occidentales, le concept leur permet de faire appel à des danseurs et chorégraphes de leur choix. Certains choisissent un seul partenaire, d’autres une troupe entière.

S’agissant du jury, il est composé de célébrités coréennes. Si certains sont manifestement les piliers du groupe, les membres sont susceptibles de changer. J’ai ainsi eu la joie de voir débarquer, à l’épisode 3, l’humoriste Lee Guk Joo, dont la présence décontractée apporte du punch à l’émission.

Ce côté dynamique fait partie des marques de fabrique des émissions coréennes. En Occident, les télé-crochets misent sur des concepts strictement cadrés : établies dès le premier épisode, les règles ne bougeront pas de toute la saison, pas plus que les membres du jury ne changeront de fauteuil (voire de tenue !).

A l’inverse, les concepts originaux coréens intègrent au fur et à mesure de nouvelles idées – le système de notation de Hit the Stage a d’ailleurs déjà évolué. Et les membres du jury ne sont pas vissés chaque semaine à la même place ! Rien que l’agencement du plateau, où le jury est installé au premier rang, décoince le concept du télé-crochet.

La production n’en demeure pas moins professionnelle et l’intention claire et nette : en l’occurrence ici, il s’agit de voir des idoles de K-pop s’affronter sur le terrain de la danse et prendre des risques pour convaincre le jury et les 200 votants qui forment le public dans la salle.

Des démons, de l’amour et des uniformes

Hit the Stage se distingue également par ses thèmes imposés, qui convoquent l’imaginaire. La première compétition (épisodes 1 et 2) est ainsi placée sous le signe du Diable, l’occasion pour certains d‘incarner des personnages de films.

Nous avons ainsi vu danser deux Jokers, l’un inspiré de Heath Ledger dans The Dark Knight et l’autre de Jared Leto dans Suicide Squad. Pas de quoi inquiéter l’excellent Taemin de SHINee (vous savez à quel point on l’adore !), qui remporte le concours haut la main avec un show puissant à l’esthétique très manga, aux côtés de la chorégraphe japonaise Koharu Sugawara.

D’ailleurs, mon petit doigt me dit que sa présence a été sollicitée pour booster le show (le producteur l’aurait paraît-il supplié de participer).

Une prestation m’a scotchée dès le début de l’épisode 1 : celle de Ten, 20 ans, du groupe NCT. Tout premier candidat à se jeter à l’eau, il nous colle le frisson en dansant sur une musique du film d’horreur coréen The Priests.

Pari réussi : le climax de la chorégraphie, dans lequel il mime la possession démoniaque, provoque une réaction d’effroi dans la salle. Ten n’a pas remporté la compétition dans le show, mais l’a remportée sur Internet : le replay cumule déjà plus de 2,4 millions de vues.

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Le second thème, l’amour, donne l’occasion à plusieurs candidats de déployer grâce et sensualité, notamment Hoya du groupe Infinite, tandis que Ukwon et sa partenaire nous charment en chat et chien, et Momo du girls band Twice explore un registre plus sombre avec une histoire d’amour obsessionnelle et de captivité.

Depuis mercredi dernier, les talents s’affrontent sur le thème de l’uniforme, dont l’interprétation change radicalement d’un candidat à l’autre. Les prestations s’avèrent riches en surprises : j’ai adoré le numéro déjanté inspiré du film Mask (avec Jim Carrey) par Rocky (ASTRO) et l’évasion de détenus en mode hip-hop avec Feeldog (Bigstar) !

La télé coréenne en avance

Sur Internet, toutes les prestations sont disponibles sous deux formes : la version diffusée, qui inclut des plans montrant les réactions dans la salle, et la version « uncut » ou « stage focused », épurée des réactions.

Plutôt que de circonscrire les replay à son site Internet comme le font les chaînes françaises, Mnet les met à disposition sur sa chaîne Youtube juste après la diffusion. Le résultat est que la notoriété de Hit the Stage dépasse déjà largement les frontières de Corée. Une fois de plus, la télé coréenne a une longueur d’avance sur la nôtre.

Mise à jour du 20/09/2016

Ten a gagné la compétition sur le thème des uniformes avec une prestation absolument géniale, dans laquelle il endosse le rôle d’un chef d’orchestre mégalo et un peu fou, agrémentant sa danse d’un jeu d’acteur rappelant le cinéma muet.

C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle : d’un côté, je m’en réjouis pour lui, mais de l’autre, j’avais égoïstement envie qu’il n’arrive à la seconde place afin de le revoir la semaine suivante…

La suite promet d’être passionnante : les danseurs s’affronteront sur le thème de la folie !

Elodie Leroy

Article publié sur LePlus (L’Obs) le 07/09/2016

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