G-Dragon en concert à Paris

Concert : G-Dragon à Paris, le King de la K-pop devant nos yeux !

Icône de la K-pop, G-Dragon donnait son tout premier concert à Paris en septembre 2017. Notre live report de cet événement exceptionnel et émouvant.

Le 28 septembre 2017, nous avons eu la chance d’assister au concert de G-Dragon à l’AccorHotels Arena. Remplir Bercy n’est pas donné à tous les artistes, et G-Dragon y est parvenu sans aucune publicité de la part des médias français. Un mois après, les souvenirs sont encore vivaces !

G-Dragon à Paris

A l’avant-garde, GD secoue la pop mainstream

Nous avions déjà vu, Caroline et moi, G-Dragon avec BIGBANG à Londres, au Wembley Arena. C’était en décembre 2012 et c’était notre tout premier concert de K-pop. Cinq ans plus tard, nous avons le plaisir de découvrir G-Dragon sur scène en tant qu’artiste solo à Paris.

Entre-temps, nous avons le temps de faire connaissance avec la personnalité singulière de G-Dragon, qui a débuté en 2007 chez YG Entertainment au sein de BIGBANG, et qui a su emmener son groupe au sommet tout en développant une carrière solo bien distincte.

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Comment définir la personnalité artistique de G-Dragon ? Elle repose sur un paradoxe. Tour à tour sombre et drôle, agressif et touchant, subversif ou en mode aegyo, GD réussit le tour de force de séduire un public de masse avec une personnalité totalement en marge de la K-pop (et plus généralement de la pop).

Visuellement, il entretient un style androgyne troublant et n’hésite pas à jouer sur la confusion des genres, une liberté de ton qui le rapproche du David Bowie de la grande époque, un artiste avec qui il partage également la créativité et le goût pour les concepts visuels saisissants.

L’image de GD est porteuse d’une dualité transgressive, le jeune homme apparaissant tour à tour comme un homme « féminin » et comme un homme à femmes. Lorsqu’il se montre sous un jour plus romantique, ses paroles s’agrémentent d’une dose de noirceur torturée.

Dans ses clips, on peut le retrouver en chef de gang ultrafashion comme au début du MV de One Of A Kind, déguisé en femme dans Crayon, en nerd clownesque dans MichiGO, en personnage inquiétant tout droit sorti d’un film de Tim Burton dans She’s Gone, en personnification de la mort dans le MV avant-gardiste Coup d’Etat. Récemment, il se montrait sous un jour vulnérable dans Untitled, 2014.

Aujourd’hui, G-Dragon est devenu une véritable icône. Avec plusieurs albums en solo à son actif, il s’est imposé comme l’un des auteurs/compositeurs phares de la scène K-pop et se produit en salles aux quatre coins du monde, notamment aux États-Unis, où il bénéficie d’une véritable estime critique.

Artiste multi-facettes, il tente de nouvelles expériences musicales et vocales à chaque nouvel album, développant des sons qui seront copiés par la suite par ses pairs.

Son statut d’icône s’étend au monde de la mode : son style vestimentaire donne le la dans l’Entertainment coréen, ses séances photos troublantes fascinent, sa marque Peaceminusone est portée par plusieurs talents du showbiz et fait même l’objet d’expositions à Paris. La venue de G-Dragon en France était donc un événement.

La messe noire de GD peut commencer

Pour ce premier concert français de G-Dragon, nous avons fait les choses en grand, puisque nous étions placées dans la Fosse Or. Prévu à 20h, le concert a un peu de retard. En scannant les gradins, je constate que la tribune prévue pour accueillir les invités n’est pas encore remplie.

Une demi-heure plus tard, vers 20h30, je vois les invités en question débouler d’un coup et s’installer à leur place. Au vu du look de certains, je devine que GD a invité quelques acteurs du monde de la mode.

Alors que les fans patientent devant les clips de GD, qui défilent sur les grands écrans surplombant la scène, les lumières s’éteignent soudain. Explosion de hurlements dans le public. Le son électro de Heartbreaker envahit la salle, cependant qu’un cube se creuse au centre de la scène et qu’une silhouette sort du sol.

Il est là. Le King de la K-pop est devant nous.

Le premier acte voit s’enchaîner les titres des débuts, Heartbreaker, Breathe et le très touchant A Boy (la chanson qui m’a fait tomber sous l’emprise de GD), tous issus de l’album Heartbreaker, pour nous plonger peu à peu dans une atmosphère qui tient davantage de la messe noire que du classique concert pop : habillé de rouge et mis en valeur par des éclairages rougeoyants sur un décor noir et blanc, G-dragon laisse exploser son charisme décalé.

Il est accompagné d’une troupe de danseurs et de danseuses dont la présence physique est assez saisissante pour qui se trouve proche de la scène.

Du rouge, du rouge et encore du rouge

La suite mélange principalement des extraits du mini-album One Of A Kind et de l’album Coup d’Etat (mon préféré). Je me réjouis d’entendre des titres électro-baroques comme MichiGO, dont la folie a quelque chose de galvanisant, ou des morceaux novateurs comme R.O.D, dont le son offre un mélange insolite de reggae et d’électro expérimentale.

Sur l’album, R.O.D est une collaboration entre G-Dragon et Lydia Paek, mais il existait déjà une version avec CL, qui a souvent chanté en live avec lui. C’est le visage de cette dernière qui apparait à l’écran pendant le concert parisien.

L’ambiance de messe noire, qui trouve son paroxysme lorsque GD apparaît vêtu d’une tenue noire ornée de rubans rouges et surmontée d’un élégant chapeau rouge, laisse place à une partie du show plus intimiste, au cours de laquelle le chanteur nous gâte avec deux de ses plus belles ballades, That XX (en version non censurée !) et Black (la version avec Sky Ferreira), des titres qui permettent de faire une pause après le déferlement chorégraphique des précédents.

Le rouge reste tout de même la couleur de la soirée : cheveux rouges, tenues à dominantes de rouge, éclairages habités par des touches de rouge…

La mise en scène du concert mérite à ce titre d’être saluée. Le creative director n’est autre que Willo Perron, un grand nom de l’industrie qui a déjà imprimé sa marque dans les spectacles de talents comme Kanye West ou Rihanna.

Le concert fourmille d’idées créatives et de détails intéressants. Je suis particulièrement impressionnée par la mise en scène aérienne qui accompagne le titre Black, où l’écran laisse apparaître des danseuses en apesanteur dans un décor liquide. Il me faut un moment pour réaliser que les danseuses sont bel et bien présentes dans la salle, suspendues devant les écrans, et que l’effet liquide est créé par la lumière projetée sur des voiles transparents. Très élégant.

Un peu plus tard, nous découvrons d’autres titres mémorables de Coup d’Etat, en particulier l’excellent I Love It, dont la version album fait intervenir Zion T et Boys Noize.

De G-Dragon à Kwon Ji Yong

Tout au long du concert, l’artiste semble se rapprocher de nous, laissant tomber le masque de G-Dragon pour laisser apparaître Kwon Ji Yong, l’homme qui se cache derrière la superstar.

Une longue vidéo d’interlude donne ainsi la parole à une multitude de collègues et connaissances de GD qui tentent de définir sa personnalité. Nous découvrons ainsi des membres de BIGBANG, tels que Taeyang, Daesung, mais aussi d’autres artistes de YG Entertainment comme CL, Dara ou Seven, et des membres des équipes artistiques… Même les parents et la sœur de G-Dragon apportent leur point de vue.

Quelques visages nous prennent un peu par surprise : l’apparition de l’humoriste et présentateur Jung Hyung Don déclenche un éclat de rire dans la salle – qui ne se souvient pas de sa parodie de Crooked dans Infinite Challenge (Muhan Dojeon) avec GD lui-même !

Après cet interlude, G-Dragon réapparaît sur une chaise similaire à celle des réalisateurs de films sur les tournages, et sur laquelle est inscrite « Kwon Ji Yong Director ». GD est bien le maître du jeu de ce spectacle.

Un peu plus tard, G-Dragon nous gratifie d’une longue vidéo de confession au cours de laquelle il tente de se décrire lui-même et s’emmêle un peu les pinceaux dans un discours littéralement interminable. Avec un certain humour, la vidéo va jusqu’à nous montrer les techniciens lassés d’attendre qu’il crache le morceau.

Au-delà de la superstar G-Dragon, qui aime provoquer et titiller la censure avec un imaginaire débordant, Kwon Ji Yong est aussi ce jeune homme un peu timide, pas toujours à l’aise pour s’exprimer en public. Son plus récent passage dans Infinite Challenge, où il se livrait à une belle prestation d’acteur dans un rôle de méchant, pour ensuite se cacher le visage en se découvrant à l’écran avec les animateurs, révélait encore cette contradiction.

Quand tout l’AccordHotels Arena chante ‘Untitled, 2014’

La dernière partie est marquée par plusieurs titres exaltants comme Today et Crayon, pendant lesquels le public chante à tue-tête, contaminé par l’énergie du show et de la musique. Les chansons issues du tout dernier album de GD, Kwon Ji Yong – EP, parmi lesquels l’excellent Bullshit, clôturent ce dernier arc, sur les vocalises écorchées de Divina Commedia. Rideau ? Pas encore.

G-Dragon chante Untitled à Paris

Réclamé par ses fans, qui crient à pleins poumons pour son retour, G-Dragon revient pour la partie ‘Encore’, expression employée par les Coréens pour désigner le rappel de fin de spectacle. Celui-ci débute par Crooked, un titre à la fois dynamique, entraînant et désespéré, dont le son renvoie à la pop anglaise des années 90 – le clip a d’ailleurs été tourné à Londres – et dont le refrain puissant prend une nouvelle dimension à travers l’expérience collective d’un concert.

La toute dernière chanson m’a laissée une véritable empreinte émotionnelle : après avoir cité et rendu hommage individuellement à chaque musicien et à chaque danseur, G-Dragon se rapproche du public pour chanter Untitled, 2014 sur les marches de la scène.

Quelque chose de magique se produit alors dans la salle : sur la musique au piano, tout le monde se met à chanter avec G-Dragon, en coréen pour certains et probablement phonétiquement pour d’autres, mais avec la même émotion partagée. Le king de la K-pop est donc passé en France, et il a laissé des souvenirs forts, inoubliables.

Elodie Leroy

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