3 raisons qui expliquent le succès de New Journey To The West

Emmené par Lee Seung Gi et Kang Ho Dong, le reality show online New Journey to the West poursuit sur sa glorieuse lancée en Corée du Sud. Décryptage.

Lancé par tvN et Naver TV Cast le 4 septembre dernier, le programme surpassait son objectif de 20 millions de vues sur Naver le 11 septembre, soit au bout de sept jours. A l’heure qu’il est, il a déjà passé la barre des 30 millions de vues en l’espace de 22 jours sur les 20 épisodes proposés, et s’achemine tranquillement vers les 40 millions (chiffres Yonhap). Bien entendu, ce résultat ne comprend pas les vues sur le portail chinois QQ Video…

Nous avons listé pour vous les trois raisons qui expliquent cet enthousiasme en Corée et ailleurs pour une émission qui réunit des vétérans du genre.

Avec New Journey To The West, le producteur Na Young Seok prouve une fois de plus qu’il n’est nul besoin de dépenser des sommes considérables pour offrir un divertissement de qualité… il suffit « simplement » d’avoir des idées et de recruter les bonnes personnes !

1) Les retrouvailles de la joyeuse bande de 1 Night 2 Days

L’annonce, vers la mi-juillet 2015, du tournage imminent de New Journey To The West, avait suscité une attente importante auprès du public, proportionnelle à son affection pour la mythique saison 1 du variety show 1 Night 2 Days. Diffusée sur KBS2 entre août 2007 et février 2012, celle-ci reste à ce jour l’une des émissions les plus mémorables de la télévision coréenne. Quel plaisir, après quatre longues années, de retrouver la fine équipe telle qu’en elle-même ! Comme l’a souligné la presse locale, il est exceptionnel qu’un groupe d’animateurs reste aussi soudé, même après s’être côtoyé longtemps. Cette amitié était palpable sur 1 Night 2 Days, et n’avait fait que se renforcer au fil du temps malgré les départs successifs de Kim C et de MC Mong.

Tout semblait avoir basculé à la mi-2011 avec le départ précipité de Kang Hodong, alors accusé (à tort) d’évasion fiscale. Le célèbre MC avait dû simultanément abandonner Strong Heart qu’il co-présentait avec Lee Seunggi sur SBS. A vingt-quatre ans seulement, celui-ci s’était retrouvé avec les deux shows sur les bras, devenant bien malgré lui plus jeune MC de Corée du Sud. Une tâche terrifiante, de son propre aveu, mais qu’il était parvenu à mener à la perfection jusqu’à son éclipse temporaire du monde des variety shows début 2012. La question qui nous taraudait était : l’amitié entre Hodong et Seunggi avait-elle survécu à ce coup du sort ? Nulle photo, nul indice sur ce sujet durant ces dernières années, jusqu’à l’annonce du projet New Journey To The West sous la houlette de Na Young Seok.

Finalement, ni le temps ni les épreuves n’auront eu raison des liens hors du commun qui unissent ces quatre hommes si différents. Peut-être parce que l’émission 1 Night 2 Days, avec son concept de voyage découverte aux quatre coins de la Corée, menait non seulement ses animateurs à la rencontre des habitants des coins les plus reculés du pays, mais les confrontait aussi et surtout les uns aux autres à travers le partage d’expériences intenses comme de moments très intimistes.

2) Fusion entre télé-réalité, game show et documentaire

Une équipe et des moyens réduits, voilà un combo que Na PD avait déjà expérimenté avec succès dès 2013 avec les hits Grandpas over Flowers et Noonas Over Flowers, déjà pour le compte de la chaîne câblée tvN. Le premier épisode de New Journey To The West pose clairement les conditions de tournage : les animateurs ne sont accompagnés ni de leurs managers, ni de maquilleuses ou de stylistes. Tout le monde vient tel qu’il est tel qu’il est, maquillé pour la télé (Seunggi, le coquet) ou non (Jiwon et les autres).

Les caméras sont petites, peu nombreuses, quand ce ne sont pas carrément les animateurs qui se filment eux-mêmes (Hodong et Seunggi dans l’épisode 11). Le montage est à l’avenant : flexible. D’où la possibilité d’extensions, aussi souvent que nécessaire, sans la contrainte d’une grille de programme, sans la menace d’un rival soudain sur le même créneau. Les segments coupés au montage peuvent être proposés en dehors, pour le plus grand plaisir des fans (le 22 septembre sortait un module vidéo bonus lié à l’épisode 11). De la même façon, le spectateur peut choisir de voir et revoir les segments qui lui plaisent, dans l’ordre qui lui plaît.


Le dispositif de fabrication comme de diffusion donnent de façon étonnante l’impression d’assister à des tranches de vie réelle, et non plus à une émission. L’adaptabilité et la réactivité inédites offertes par l’internet, le côté segmenté du programme, le fait que les épisodes n’aient pas tous la même durée (certains font 3 minutes, quand d’autres en font 10 voire 14), l’absence de rires préenregistrés, l’usage modéré de musiques de fond, la distribution aléatoire du temps de présence à l’écran de chacun des quatre animateurs, tous ces éléments combinés font de New Journey To The West une émission complètement inclassable.

On est ainsi plus proche d’un documentaire ou d’un projet artistique à petit budget que d’une téléréalité telle que nous la connaissons. Le spectacle, ce sont les animateurs qui le créent à partir de rien, un talent auquel ils nous avaient déjà habitués avec 1 Night 2 Days. Une simple conversation destinée à expliquer à tous la mission (épisode 2) dégénère en fou rire général lorsque, rebondissant sur les explications de Hodong concernant le climat chinois, Jiwon dévoile à la stupeur générale sa conception bien à lui des lois de la physique (« Plus on s’élève dans les hauteurs, et plus il fait chaud, parce qu’on est plus proche du soleil »). 

De la même façon, une simple commande de sandwiches chez Subway se mue en une scène épique quand Hodong, exagérant à peine le trait comique tant il est pétrifié, se met à bredouiller quelques mots dans un chinois approximatif afin de mener à bien sa mission de la matinée (épisode 7). Plus tard, dans la chambre d’hôtel, il balance soudain à la cantonade : « On devrait étudier le chinois… on ne sait jamais, on pourrait être amené à travailler en Chine ! ». Une remarque peut-être moins anodine qu’elle n’y paraît, à l’heure où l’industrie du variety show coréen subit une véritable fuite des talents vers l’Empire du Milieu

Hodong passe une commande en chinois au Subway

Ces moments surréalistes et hilarants s’insèrent dans un parcours touristique et gastronomique qui offre de la Chine un aperçu captivant, comme cette visite du musée regroupant les fameux soldats en terre cuite (épisode 12), ou ces plats alléchants qui défilent sous nos yeux dans les multiples restaurants visités par l’équipe (et qui atterrissent plus souvent dans l’estomac des membres du staff que dans celui des animateurs). Que l’on se rassure, l’humour absurde et désinvolte de Jiwon continuera de faire des merveilles durant les épisodes suivants – pour Na Young Seok, il est d’ailleurs le seul à n’avoir « pas changé » depuis 1 Night 2 Days

L’un des meilleurs cadeaux que nous réserve New Journey To The West, c’est de permettre enfin aux personnages de télévision que l’on connaît depuis 1 Night 2 Days de s’effacer derrière les personnes. Et ce, sans aucun voyeurisme de la part de la production.

3) Kang Ho Dong et Lee Seung Gi plus authentiques que jamais

Les animateurs apparaissent sans fard à l’écran, au sens propre comme au sens figuré. En petit comité, les qualités de chacun ressortent de façon plus frappante encore. Et sur les quinze premiers épisodes, Hodong et Seunggi sont ceux qui surprennent le plus.

Les retrouvailles de Seunggi, Jiwon et Hodong dans l’épisode 1

Dans le premier épisode, le vétéran Kang Hodong est visiblement mal à l’aise dans un tel contexte, il se demande comment se positionner. Lui qui menait son équipe d’une voix tonitruante et d’une poigne de fer dans 1 Night 2 Days, manipulant sans vergogne les uns les autres pour parvenir à ses fins (ses co-animateurs comme les réalisateurs !), semble soudain démuni à l’idée d’apparaître sur une plateforme – l’internet – dont les codes lui sont inconnus. Soucieux de son image, il paraît d’abord paralysé.

Dans l’épisode 8, Na PD finit par lancer à Hodong qu’il n’est pas obligé d’en faire des tonnes, que ce type d’humour est dépassé. Un commentaire qui nous rappelle à quel point il est difficile d’être « soi » devant la caméra, avec la perspective d’être vu (et critiqué) par un public ensuite. Le saut dans le vide en vaut néanmoins la peine si l’on en juge par les réactions très positives que l’ancien animateur vedette récolte depuis le début de New Journey To The West, après plusieurs années de flottement à la télévision.

Le fait de mettre en pratique le peu de chinois qu’il a appris et de se fondre dans la peau du personnage de Zhu Baijie permet à Hodong de sortir de sa coquille pour révéler au grand jour sa drôlerie naturelle.

Quant à Lee Seunggi, alias le moine Tripitaka, leader du groupe, il apparaît extraordinairement détendu, comme soulagé à l’inverse de se montrer enfin nature, tel qu’il est. Pas si différent de cette image parfaite qu’il est parvenu à maintenir pendant onze ans, mais différent quand même. Plus direct et spontané. Il ouvre le bal dès le premier épisode en qualifiant Sugeun de « Betting Man from Sangnam » et Jiwon de « Yeouido Divorcee », causant un véritable choc à Hodong qui pique aussitôt un fard, pris de panique devant tant de désinvolture. Cette allusion au ‘scandale’ récent de Lee Sugeun (il a été condamné fin 2013 à huit mois de prison pour paris illégaux) notamment, aurait été chose impossible à la télévision où il faut faire acte de contrition.

Certains internautes n’hésitent pas à attribuer le départ fracassant de New Journey To The West à la verve malicieuse de Seunggi dans le premier épisode.

Or celui-ci ne se contente pas d’affubler ses amis de petits surnoms, il se jette lui aussi en pâture aux internautes – les fameux « netizens » tout-puissants – en abordant frontalement le seul (petit) sujet de controverse que ceux-ci lui prêtent depuis un an, à savoir le retard de son départ pour le service militaire : « ce sera l’année prochaine, c’est ça ou la prison ». Tout est dit.

D’une certaine façon, il annonçait la couleur avec son caméo génial dans le drama Producer en juin dernier, faisant preuve d’une autodérision désarmante au sujet de cette image d’étudiant modèle au cœur d’or et aux manières irréprochables. Pour que cette image ne soit pas un mensonge, il avait déclaré dans le passé avoir adapté sa propre vie en conséquence. New Journey To The West lui permet de se libérer doucement d’un carcan devenu trop lourd à l’approche de la trentaine.

Le petit Seunggi aurait-il à présent des leçons à donner au grand Hodong ? On le dirait bien, et ce n’est pas pour déplaire. En attendant, ses selfies tout sourire dans les rues de Xi’an devant les photos des Hallyu stars Kim Soo Hyun et Lee Min Ho, ses rivaux directs, sont absolument irrésistibles !

Caroline Leroy

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