Critique : I’m Not A Robot, romance SF pétillante avec Yoo Seung Ho

par Caroline Leroy

Série pleine de charme, I’m Not A Robot emporte l’adhésion par la qualité de son écriture et la justesse de son interprétation.

CRITIQUE – L’ère des robots est enfin arrivée dans les dramas coréens. Premier à aborder le genre, I’m Not A Robot réunit Yoo Seung Ho et Chae Soo Bin dans une étrange fable contemporaine, où une jeune femme se fait passer pour un robot auprès d’un riche jeune homme au tempérament asocial. Tandis que défilent les épisodes et que les péripéties s’enchaînent, il fait bon se laisser emporter par cette histoire simple mais pleine de cœur, qui se classe parmi les bonnes surprises de l’année 2018.

Chae Soo Bin et Yoo Seung Ho dans le drama coréen I'm Not A Robot (MBC)

Kim Min Kyu (Yoo Seung Ho) vit retiré du monde à cause d’une mystérieuse allergie aux humains. Actionnaire principal d’une société financière, il ne se déplace jamais sans une canne qui lui vaut le surnom de « Baton » auprès de ses employés. Jo Ji Ah (Chae Soo Bin) est une aspirante entrepreneuse qui a du mal à concrétiser ses projets. Lorsque son grand frère (Seo Dong Won) la met dehors, elle demande de l’aide à son ancien petit-ami, le scientifique Hong Baek Gyun (Uhm Ki Joon). Celui-ci lui propose un job périlleux mais bien payé : prendre la place de l’androïde AG-3 qui lui ressemble trait pour trait mais qui est hors service, le temps de convaincre Kim Min Kyu de l’acquérir. C’est le début d’une étrange relation entre les deux jeunes gens.

Les seize épisodes de I’m Not A Robot ont occupé la case du mercredi-jeudi soir entre le 6 décembre 2017 et le 25 janvier 2018. Après Ruler: Master of the Mask, drama d’époque pré-produit au succès relatif, il s’agit donc du deuxième drama de l’acteur Yoo Seung Ho à être diffusé sur la chaîne MBC en 2017.


Le réalisateur Jung Dae Yoon représente également une valeur sûre de la télévision coréenne, avec à son actif des titres comme W et She Was Pretty, ainsi qu’une contribution à The King 2 Hearts. La scénariste Kim Seon Mi est moins connue, mais elle a écrit le drama Shine or Go Crazy, ainsi que les films Kiss Me Much ou Seducing Mr Perfect.

Malgré ces atouts, I’m Not A Robot s’est avéré être un échec commercial cuisant pour MBC, plafonnant à 4% et des poussières, pour une moyenne de score d’audience de 3,2%. A ce jour, le mystère reste entier quant aux raisons de ce fiasco.

Car I’m Not A Robot est une série TV coréenne dont les qualités visuelle, narrative et d’interprétation s’imposent presque immédiatement. C’est aussi un drama qui sort du lot, dont la fantaisie et la simplicité apparente sont mises au service d’un développement patient et intelligent de ses thèmes de fond.


Le thème de science-fiction y est traité avec poésie, dans un esprit proche du conte de fée. Le ton est donné dès l’épisode 1, lorsque Min Kyu découvre pour la première fois le robot AG-3. Guidé par un robot qui pourrait passer pour la petite créature mignonne d’un Disney, il s’aventure prudemment dans le laboratoire sombre et désert, avant d’être interpelé par une voix féminine.

La jolie androïde nous est alors révélée en caméra subjective, à travers le regard à la fois apeuré et émerveillé du jeune homme. Un moment de pur magie qui scelle le thème principal du drama, à savoir la rencontre de deux êtres hors du monde.

A cette poésie vient rapidement s’ajouter un humour hilarant qui illumine tout le premier tiers de I’m Not A Robot. Min Kyu a fait connaissance avec AG-3 dans le laboratoire de Baek Gyun, mais c’est une jeune femme tout ce qu’il y a de plus humain qui se présente chez lui sous l’identité de l’androïde.


Les scènes qui voient notre héros faire passer des tests à Ji Ah afin de vérifier que le robot dans lequel il souhaite investir est suffisamment intelligent, sont de véritables trésors comiques. Les gags de situation s’enchaînent, offrant à Yoo Seung ho et Chae Soo Bin des occasions en or de nous faire rire et de consolider une alchimie qui ne se démentira pas de tout le drama.

La portée plus dramatique de I’m Not A Robot affleure cependant subrepticement tandis que Ji Ah découvre dans quel isolement vit Min Kyu, qu’elle prenait jusqu’alors pour un rustre imbu de lui-même. Le thème de la jeune femme pauvre et méritante qui s’attendrit sur le jeune homme riche et tourmenté est récurrent dans les dramas coréens. I’m Not A Robot le détourne de manière intéressante en conférant à l’héroïne une double identité, faisant d’elle un personnage omniscient tandis que le héros reste ignorant de ce qui se trame dans son dos.

I’m Not A Robot est un « healing drama », et s’il paraît évident que Min Kyu a des blessures à panser, Ji Ah n’est pas en reste, son amour-propre ayant été égratigné au point d’anéantir tous ses rêves les uns après les autres, elle qui avait pourtant une âme d’entrepreneure. Le premier se croit indigne de vivre parmi les humains et la seconde doute de son intelligence et de sa créativité.

Chae Soo Bin et Yoo Seung Ho dans I'm Not A Robot
Yoo Seung Ho nous fait oublier au bout de quelques scènes à peine sa prestation décevante dans Ruler: Master of the Mask. Son interprétation de Min Kyu est nuancée et touchante. Il fallait au moins un acteur de son calibre pour jongler avec aisance entre les différentes facettes de ce jeune homme blessé par la vie, qui dissimule ses insécurités derrière un ton cassant, mais se révèle aussi capable de donner beaucoup d’affection.

Chae Soo Bin enthousiasme tout autant, si ce n’est plus, dans le rôle de cette humaine qui choisit d’effacer sa vraie nature pour mieux se retrouver elle-même ensuite. Adorable de drôlerie et de désinvolture dans le rôle du robot AG-3, Chae Soo Bin est tout autant épatante de naturel dans la peau de Ji Ah. Si elle n’était pas vraiment à sa place dans le sageuk Love In The Moonlight, elle avait déjà prouvé l’année dernière avec Strongest Delivery Man qu’elle possédait une présence étonnante, volant au passage la vedette à Go Kyung Pyo. Sa prestation dans I’m Not A Robot la place parmi les jeunes actrices coréennes à suivre.


A travers les destins de Min Kyu et Ji Ah, I’m Not A Robot nous invite à contempler les ravages que peuvent causer chez autrui les actes égoïstes, mais aussi de simples paroles inconsidérées. Plusieurs personnages ont trahi la confiance de quelqu’un d’autre, parfois volontairement, et parfois juste parce qu’ils étaient immatures. Il n’est peut-être pas trop tard pour réparer cela.

I’m Not A Robot nous parle simultanément de la nécessité de regarder les choses en face. Min Kyu a beau être un génie au Q.I. impressionnant, il possède simultanément une incroyable capacité à s’aveugler face à l’évidence, et plus généralement à ne pas écouter ses propres sensations. I’m Not A Robot ose une allégorie émouvante entre le retour de Min Kyu parmi les humains, et le voyage initiatique de la vraie AG-3 qui part à la découverte du monde.

On pourra regretter une baisse de régime vers le milieu du drama, qui laisse à penser que I’m Not A Robot aurait été encore plus percutant avec quelques épisodes de moins. On se laisse malgré tout emporter par cette belle histoire dont l’issue ne déçoit pas.


La galerie de personnages secondaires est très réussie et on finit par se sentir chez soi au milieu de ce joli petit monde. A l’instar de Min Kyu, on s’attache à l’équipe de scientifiques menée par Uhm Ki Joon (Ghost, Defendant), qui délaisse un temps les rôles de bad guys pour jouer les savants excentriques. Sa présence participe à donner du relief à cette intrigue dont les protagonistes principaux sont tous jeunes.

Kang Ki Young (Let’s Fight, Ghost!) est de son côté convaincant en rival ambigu de Min Kyu, tout comme l’actrice Hwang Seung Un (Bad Guys), dont le personnage surprend agréablement. Lee Min Ji (Reply 1988) est impayable dans le rôle d’une originale qui arrondit ses fins de mois en donnant des cours de drague. Et c’est toujours un plaisir de retrouver Kim Ki Doo (Duel) dans un rôle comique.

Si I’m Not A Robot n’a pas eu le succès qu’il méritait dans son pays, les spectateurs étrangers ont su le plébisciter, comme en atteste son succès sur les forums, et sur la plateforme Netflix. Deviendra-t-il culte avec le temps ? Cela se pourrait bien.

Caroline Leroy

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