Malgré une idée de départ excitante – les ennemis du jeune roi placent un imposteur sur son trône –, Ruler: Master of the Mask déçoit par son côté prévisible et son couple de héros clichés, même s’il est un peu rattrapé par les prestations de Kim Myung Soo et Heo Jun Ho.
Joseon, XVIIIème siècle. Depuis quatre siècles, la monarchie est contrôlée en sous-main par une mystérieuse organisation, le groupe Pyunsoo, qui s’est enrichie en s’octroyant l’exclusivité de l’exploitation de l’eau. Lorsque son père le roi est assassiné sous ses yeux, le Prince héritier Lee Sun (Yoo Seung Ho) n’a pas d’autre choix que de s’enfuir. Devenu le dernier espoir du royaume, il va devoir s’opposer à son ami Lee Sun (Kim Myung Soo), placé sur le trône à sa place par le chef du groupe Pyunsoo, Dae Mok (Heo Joon Ho). Les deux jeunes hommes sont amoureux de la même femme, Han Ga Eun (Kim So Hyun), fille d’un militaire injustement exécuté. Pendant sa fuite, le Prince héritier reçoit l’aide d’une autre femme, Kim Hwa Goon (Yoon So Hee), qui n’est autre que la petite-fille de Dae Mok…
Ruler: Master of the Mask (ou The Emperor: Owner of the Mask) est un drama coréen qui s’inscrit dans la tendance du « sageuk pour jeunes ». Nos trois protagonistes principaux y détiennent entre leurs mains le sort de tout le pays, tout en vivant une romance à l’eau de rose assombrie par des rivalités irréconciliables.
A travers ce drama, la chaîne MBC entendait apporter sa réponse à l’insolent succès de Moonlight Drawn by Clouds, diffusé sur KBS2 l’année dernière. Le drama a ainsi bénéficié d’une énorme promotion sur MBC, qui en dévoilait un teaser six mois à l’avance. Si le scénario de Moonlight Drawn by Clouds suscitait des réserves, la qualité de sa production en imposait indéniablement, de même que le raffinement de sa réalisation. Avec Ruler: Master of the Mask, nous sommes loin d’une telle valeur artistique.
Par ailleurs, le thème du double semble être à l’honneur en cette année 2017. Alors que la diffusion de Ruler: Master of the Mask était sur le point de s’achever, OCN attaquait fin juin avec Duel, un thriller noir sur le thème des clones autrement plus palpitant.
L’idée d’un sageuk tournant autour du personnage d’un jeune roi et de sa doublure est particulièrement intéressante, de même que le fait que le chef du groupe Pyunsoo manipule les nobles, à commencer par le roi, en les rendant dépendants à une drogue dure. Entre des mains audacieuses, tout cela aurait pu donner naissance à un drama sulfureux.
Les scénaristes Park Hae Jin et Jung Hae Ri noient cependant toute ambigüité dès les premiers épisodes. Ruler: Master of the Mask sera un drama à prendre au premier degré, et rien d’autre. Un drama à l’image de son protagoniste principal, ce Prince héritier lisse et sans surprise. Même un bon acteur tel que Yoo Seung Ho (Remember) ne peut rien faire pour donner de véritable relief à ce personnage stéréotypé. Son jeu a même tendance à se faire pompeux parfois, à force de parler avec trop d’affectation.
Il en va de même pour Kim So Hyun (Let’s Fight, Ghost!), la jolie demoiselle objet des convoitises de ces messieurs. Certes, elle est mieux lotie que sa camarade Kim Yoo Jung dans Moonlight Drawn by Clouds puisque Ga Eun joue un rôle actif à quelques reprises dans l’intrigue. Mais cela ne suffit pas à occulter le côté fonctionnel du rôle, qui ne fait pas justice à la jeune actrice – elle a tout juste dix-huit ans.
Yoo Seung Ho et Kim So Hyun n’ont aucune alchimie à l’écran, et donnent même l’impression d’être empruntés dans les scènes romantiques. La différence d’âge a sans doute joué lors du tournage.
Cette fadeur s’étend à d’autres aspects du drama. La cinématographie a beau être belle objectivement, les costumes soignés, Ruler: Master of the Mask ne donne jamais l’impression d’être une production de luxe, alors que c’en est une – le drama est, entre autres, coproduit par la plateforme américaine en ligne Dramafever.
La réalisation de Park Won Gook (Working Mom Parenting Daddy) et No Dong Cheol (Mother’s Garden) ne possède aucun souffle en dépit d’un matériau visuel (acteurs, décors) de qualité. La tension dramatique n’affleure que durant certaines scènes réussies, mais pas tout au long de l’intrigue comme ce devrait être le cas avec l’histoire d’un prince bafoué, prêt à risquer sa vie pour récupérer son trône.
Les principaux attraits de Ruler: Master of the Mask tiennent dans ses personnages secondaires. Le premier d’entre eux est bien sûr le paysan Lee Sun joué par Kim Myung Soo (My Lovely Girl), dont la personnalité affable se voit peu à peu corrompue par le masque.
Si son jeu est loin d’être aussi solide, techniquement parlant, que celui de ses partenaires Yoo Seung Ho et Kim So Hyun, Kim Myung Soo met dans le mille lors de plusieurs scènes clés du drama. Dans la peau de ce souverain fantoche au caractère instable, il se révèle même inquiétant vers la fin, dans ses échanges tendus avec Yoo Seung Ho – sa prestation est excellente lors de leur confrontation dans l’épisode 28. Au final, Kim Myung Soo est contre toute attente celui qui tire le mieux son épingle du jeu au sein du casting principal.
Les deux autres personnages réussis de Ruler: Master of the Mask sont aussi à chercher du mauvais côté de la barrière. Il y a d’une part Hwa Goon, la prétendante malheureuse du Prince, et de l’autre son grand-père, le chef de clan Dae Mok.
Drapée dans de superbes costumes à dominante fuschia, l’actrice Yoon So Hee (Memory) apporte au drama un peu de la dimension romanesque qui lui manque si cruellement. Hwa Goon vit dans l’absolu et ses relations avec son père et son grand-père sont intéressantes, bien plus que celles du héros Lee Sun avec ses soutiens. Quant à l’excellent Heo Joon Ho (Beautiful Mind), il fait un méchant vraiment redoutable, et s’impose comme l’une des personnages les plus divertissants du drama.
Les derniers épisodes de Ruler: Master of the Mask sont incontestablement les meilleurs. On y trouve enfin de l’action, du suspense, des sentiments, soit tout ce qui n’est que trop timidement ébauché au préalable. Ces épisodes donnent une idée tardive de ce qu’aurait pu être le drama, expurgé de sa dimension puérile.
Caroline Leroy
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