Dossier : Hana Yori Dango, avec Mao Inoue, Jun Matsumoto et Shun Oguri

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Ce dossier consacré à Hana Yori Dango, le drama japonais avec Mao Inoue, Jun Matsumoto et Shun Oguri, a été écrit à l’occasion de la sortie dans les salles japonaises du long métrage de cinéma consacré à la franchise. L’article ayant été rédigé en 2008, il est amusant de constater qu’il précède de quelques mois la diffusion de Boys Over Flowers, la version coréenne qui a elle aussi rencontré un énorme succès.

L’article suivant a été publié sur filmsactu.com fin juin 2008, sous le titre Preview: « Hana Yori Dango: Final ».

Dans les salles japonaises le 28 juin 2008, Hana Yori Dango: Final est le deuxième long métrage de Yasuharu Ishii à sortir cette année, trois mois et des poussières après Kurosagi. Il est rare qu’un drama et son adaptation cinématographique soient dirigés par la même personne : c’est le cas ici puisque Ishii était aux commandes des deux séries télévisées avant de se lancer dans la périlleuse aventure de leur transposition sur grand écran.

Censé clore les péripéties de Tsukushi Makino et des F4, Hana Yori Dango: Final se distingue de ses prédécesseurs par son genre même : Hana Yori Dango, le manga, n’est ni un drame, ni un actioner ni un polar, mais pourrait en quelque sorte être assimilé au « shôjo ultime ». Tellement ultime qu’il est le shôjo manga le plus vendu au Japon, en plus d’être classé dans le pays parmi les « 10 mangas les plus marquants », toutes catégories et âges confondus – une prouesse pour une œuvre destinée au départ aux filles et aux jeunes femmes. Un retour sur le phénomène s’impose.

Le titre Hana Yori Dango (alias HanaDan ou HYD pour les intimes) consiste, comme chacun sait, en un jeu de mot dérivé du proverbe japonais « des boulettes de riz plutôt que des fleurs », proverbe qui encourage à un certain pragmatisme, les fleurs étant assimilées à la futilité. En remplaçant l’un des kanji de dango par celui qui est utilisé pour désigner l’homme, la mangaka détourne malicieusement le sens général du dicton pour insinuer que les garçons, comme la nourriture, sont davantage une nécessité qu’un luxe, une idée d’ailleurs parfaitement restituée dans le titre anglais, Boys Over Flowers.

L’aura inaltérable de Hana Yori Dango s’explique en partie par un pitch universel et immédiatement accrocheur. Tsukushi Makino, une lycéenne de 16 ans issue d’une famille modeste, se retrouve à fréquenter le prestigieux lycée Eitoku, établissement rassemblant les étudiants les plus aisés de Tokyo. Outre le mépris de ses camarades de classe, elle doit composer avec les règles tyranniques imposées par le « F4 », un groupe réunissant les quatre garçons les plus riches (et les plus beaux) du lycée, et dont la principale activité consiste à désigner régulièrement un nouveau souffre-douleur.

Décidée à ne pas se laisser faire, Tsukushi ne peut s’empêcher de réagir vivement lorsque son amie subit les menaces de Tsukasa Dômyôji, le leader de ces richissimes fils à papa sans foi ni loi. Le lendemain, elle a la désagréable surprise de trouver dans son casier le fameux carton rouge annonciateur du lynchage. Persécutée sans relâche par toute sa classe – alors que son seul souhait était justement de ne pas se faire remarquer durant ses deux dernières années à Eitoku –, elle n’a d’autre choix que de déclarer directement la guerre à Tsukasa.

Les choses se compliquent lorsque Tsukushi est tirée d’affaire à plusieurs reprises par Rui Hanazawa, le membre le plus discret des F4. Perplexe quant aux motivations de ce dernier, elle s’aperçoit bientôt qu’il ne la laisse pas indifférente… sans se douter de la fascination qu’elle commence à exercer sur Tsukasa, qui est troublé par son courage et son insolence. Un peu malgré elle, Tsukushi va se mettre à fréquenter Tsukasa, Rui et les deux autres membres du F4, Akira Mimasaka et Sôjiro Nishikado, tout en encaissant le mépris social et les coups bas de ses camarades de classe, ainsi que les problèmes financiers de sa famille.

Publié en 36 volumes aux éditions Shueisha entre 1992 et 2003 et depuis 2003 en France chez Glénat, le manga de Yôkô Kamio a donné lieu à un certain nombre d’adaptations animées et live. La première est un long métrage daté de 1995 avec Yuki Uchida, Shosuke Tanihara et Naohito Fujiki dans les rôles respectifs de Tsukushi Makino, Tsukasa Dômyôji et Rui Hanazawa. Puis vient une série animée de 51 épisodes réalisée par Shigeyasu Yamauchi pour Toei Animation, qui se conclut en 1997 par un film de 30 minutes contant une version alternative de l’histoire.

Il faut attendre 2001 pour que le titre prenne une nouvelle envergure, lorsque les Taïwanais en proposent une adaptation sous forme de série live intitulée Meteor Garden. L’actrice Barbie Hsu, 25 ans à l’époque, devient le nouveau visage de Tsukushi Makino, rebaptisée Shan Cai pour le public chinois. Quant aux F4, ils apparaissent sous les traits de Jerry Yan (Dao Ming Si alias Tsukasa Dômyôji), Vic Zhou (Hua Ze Lei / Rui Hanazawa), Vanness Wu (Mei Zuo Ling / Akira Mimasaka) et Ken Zhu (Xi Men / Sôjirô Nishikado). Malgré ses faiblesses (un rythme très mollasson, une réalisation amateur et impersonnelle, un montage approximatif et un casting inégal), le T-drama fait rapidement un véritable carton en Asie. Le succès est tel que les quatre beaux gosses se servent du nom F4 pour créer leur propre boys band, avant de reprendre du service en 2002 dans une mini-série de 3 épisodes, Meteor Rain, et bien sûr dans Meteor Garden II, diffusé entre 2002 et 2003.

Mais c’est compter sans la riposte japonaise : longtemps attendu, le drama Hana Yori Dango fait en 2005 une percée fracassante dans le petit monde de l’œuvre de Yôkô Kamio, offrant enfin aux fans des références nouvelles et autrement plus satisfaisantes en termes de qualité.

En termes de standing de production, Hana Yori Dango surclasse en tous points Meteor Garden. Non seulement la réalisation y est infiniment plus soignée, mais le scénario est impeccablement écrit, les décors somptueux (l’intérieur de la maison de Tsukasa a autrement plus de gueule ici que dans MG), la photographie est superbe, la musique entraînante et le montage très dynamique. Plus important, le casting de HYD est nettement plus pertinent que celui de l’adaptation taïwanaise, que ce soit en termes d’âge moyen, de look ou de niveau de jeu. Barbie Hsu avait beau se montrer relativement convaincante – à tout le moins lorsqu’elle était dirigée –, sa prestation est immédiatement balayée par celle, beaucoup plus punchy et attachante, de la nouvelle venue Mao Inoue, âgée de 18 ans seulement. Certes, la Tsukushi de Inoue donne l’impression d’une plus grande vulnérabilité que l’héroïne du manga. Mais alliée à une spontanéité et à sens de l’auto-dérision épatants, cette sensibilité à fleur de peau la place de loin comme la meilleure interprète du rôle à ce jour.

Mao Inoue est prête à en découdre dans le drama japonais "Hana Yori Dango"

L’autre sujet de satisfaction concerne le cas délicat du personnage de Tsukasa Dômyôji, qui évolue de manière assez spectaculaire au fil de l’intrigue. Contrairement à Jerry Yan, Jun Matsumoto n’a physiquement pas grand-chose à voir avec le Dômyôji de Yôkô Kamio. Le jeune acteur, qui s’était illustré auparavant dans Gokusen et Kimi wa Petto (sans omettre ses activités de chanteur au sein du groupe Arashi), s’impose pourtant rapidement comme l’autre idée de génie des directeurs de casting japonais, au même titre que Mao Inoue. Tour à tour glacial, impulsif, détestable, enfantin et désarmant, il refaçonne entièrement le rôle à sa convenance, reléguant aux oubliettes la médiocre performance de son homologue taïwanais. Inoue et Matsumoto voient d’ailleurs leurs efforts justement récompensés aux Television Drama Academy Awards de 2006, Mao Inoue remportant le Prix de la Meilleure Actrice et Jun Matsumoto celui du Meilleur Acteur dans un Second Rôle.

Shun Oguri est Rui Hanazawa dans le drama japonais "Hana Yori Dango" (2005)

Finalement, entre Meteor Garden et Hana Yori Dango, le seul débat envisageable tourne autour du personnage énigmatique de Rui Hanazawa, campé de manière radicalement différente mais avec (presque) autant de bonheur par Vic Zhou et Shun Oguri. Vic Zhou, le seul des F4 taïwanais à valoir le coup d’œil – il est très beau, comme est censé l’être Rui – respecte à première vue plus fidèlement la personnalité lunaire et mélancolique de son modèle, et ce même s’il a un peu trop tendance à en rajouter dans la veine dépressive. Mais Shun Oguri livre de son côté une interprétation plus originale et plus riche, conférant au personnage une distinction naturelle inédite avec ce brin d’ironie dans le regard qui le rend insaisissable.

Quant à Sôjirô Nishikado et Akira Mimasaka, ils demeurent ad vitam eternam les faire-valoir de leurs camarades. Plus séduisants que leurs homologues taïwanais, les comédiens japonais restent logiquement en retrait, mais pas suffisamment tout de même pour masquer le fait que Shota Matsuda possède infiniment plus de potentiel que le fadasse Tsuyoshi Abe. Il est toutefois conseillé de se pencher sur Liar Game pour savoir de quoi est véritablement capable le frère de Ryuhei quand on lui confie un rôle à sa mesure.

Diffusée d’octobre à décembre 2005 avec un taux d’audience très élevé, la saison 1 de Hana Yori Dango est un pur régal de la première à la dernière minute. La romance occupe bien sûr une place importante, shôjo oblige, mais le caractère excitant du combat de Tsukushi tient aussi aux nombreux démêlés que sa position de « pauvre » (ou binbo en japonais) lui occasionne dans ce milieu de richards. Sans verser dans le simplisme, la série torpille au passage le phénomène endémique de l’ijime (persécutions à l’école), adoptant une démarche différente mais tout aussi intelligente que celle de l’autre grand school drama de 2005, Nobuta wo Produce. Seule contre tous ou presque, Tsukushi a aussi fort à faire pour déjouer les pièges tendus par ses camarades de classe malintentionné(e)s que pour protéger sa famille du courroux de la mère de Tsukasa (excellente Mariko Kaga), prête à tout pour que son fils lui succède à la tête du tout-puissant groupe Dômyôji.

On pourra bien sûr reprocher à HanaDan un brin de niaiserie ici et là, ou s’énerver contre l’indécrottable pruderie des J-dramas dès qu’il est question de contact physique (tout particulièrement lorsque l’on sait que le programme est diffusé à 22h le vendredi soir). On pourra encore chipoter au sujet d’une musique de fond (Mysterious Chocolate) allègrement repompée sur le thème principal de Harry Potter – quoique la production ne s’en cache pas vraiment en citant explicitement la saga de J.K. Rowling au début de l’épisode 2.

Mais l’ensemble est si frais, si drôle, si bien mené et interprété qu’il en devient vite aussi exaltant qu’addictif. A l’inverse des dramas taïwanais qui ont pour réputation (non usurpée) de s’en tenir à la lettre au matériau d’origine, quitte à s’embourber dans des programmes interminables, les dramas japonais prennent pour parti de condenser l’action en 10 à 12 épisodes maximum. Avec ses neuf épisodes seulement dont un spécial de 2 heures, Hana Yori Dango pourrait faire figure d’exemple type de l’efficacité japonaise sur le plan de l’adaptation télévisée, en ce qu’il synthétise le manga sans rien perdre de son essence pour un résultat d’une remarquable intensité.

La saison 2, diffusée de janvier à mars 2007, vient cependant apporter un léger bémol à cet enthousiasme. Les moyens sont plus que jamais là, mais le charme n’opère plus avec la même évidence, sans doute parce que l’intrigue se réduit trop paresseusement à une romance larmoyante aux rebondissements plus invraisemblables les uns que les autres. Excepté dans les derniers épisodes qui sont réussis, le couple magique Mao Inoue-Jun Matsumoto ne produit plus les mêmes étincelles, la faute à une écriture des personnages artificielle voire très limite parfois (la pétillante Tsukushi en particulier, trop souvent métamorphosée en geignarde soumise).

Parmi les acteurs principaux, seul Shun Oguri parvient à tirer son épingle du jeu avec le plus grand naturel, tandis que les seconds rôles (Natsuki Kato, Erika Toda et la toujours grandiose Mariko Kaga) réservent quelques bonnes surprises. Qu’importe, Hana Yori Dango saison 2 bat des records d’audience et finit en tête du classement des séries les plus regardées de toute l’année 2007.

Ce succès explique la mise en chantier d’une suite, d’abord envisagée sous forme d’une saison 3, puis arrêtée après maintes tergiversations au format d’un long métrage. Pour apprécier pleinement Hana Yori Dango: Final, il faut ainsi de toute évidence avoir suivi les deux saisons du drama, l’action se situant quatre ans après la fin épique de la saison 2. On croyait le calvaire de Tsukushi définitivement terminé, il n’en est rien. Preuve que le drama bénéficiait déjà d’un budget non négligeable, les premiers épisodes de la deuxième saison étaient tournés à New York, ville exotique dans laquelle Tsukushi cherchait à retrouver Tsukasa pour se retrouver presque aussitôt agressée par un gang d’armoires à glace vociférantes. Les moyens sont encore au rendez-vous avec le long métrage puisque l’intrigue nous emmène cette fois à Las Vegas entre autres territoires étrangers, les gunfights entrevus dans la bande-annonce confirmant d’ailleurs à quel point l’Amérique représente décidément le pays de tous les dangers aux yeux du public japonais.

Quatre ans ont passé depuis les retrouvailles amoureuses de Tsukushi Makino et Tsukasa Dômyôji. Hana Yori Dango: Final débute par la conférence de presse que donne le jeune héritier au monde entier afin d’annoncer en grande pompe son mariage imminent avec « celle qui a capturé son cœur ». La pauvre Tsukushi se retrouve du jour au lendemain la cible de tous les médias qui l’érigent en Cendrillon des temps modernes. Mais on s’en souvient, Kaede Dômyôji a changé son fusil d’épaule et accepte désormais la relation qu’entretient son fils avec sa « roturière ». Elle va même jusqu’à lui offrir une tiare d’une valeur de 10 milliards de yen, en gage de bonne volonté. Ce modeste bijou, surnommé « Le Sourire de Vénus », n’est autre qu’un héritage transmis de génération en génération par les femmes de la famille Dômyôji. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si un inconnu n’avait pas l’idée de subtiliser le soir même le précieux objet, selon une mise en scène visant à faire accuser Tsukushi de sa disparition.

Qui se cache derrière ce crime odieux ? Qui veut empêcher Tsukushi et Tsukasa de trouver enfin le bonheur ? Kaede Dômyôji aurait-elle feint la gentillesse et organisé elle-même cette mascarade ? Que de questions. Voilà un synopsis qui n’est clairement que prétexte à retrouver une dernière fois les héros (et les acteurs) que le public a tant appréciés à la télévision. Le bonus, ce sont bien sûr les escapades de nos héros, déterminés à farfouiller aux quatre coins du monde afin de retrouver le bijou dérobé. Que l’on se rassure, les trois autres membres du F4 seront de la partie. Parmi les guest stars, la présence de Naohito Fujiki se veut bien entendu un clin d’œil au film Hana Yori Dango de 1995, dans lequel il interprétait Rui Hanazawa, le grand rival de Tsukasa.

Et puisqu’il faut faire les choses en grand, la sortie de Hana Yori Dango: Final sera précédée la veille au soir de la diffusion sur TBS d’un « Spécial », le 27 juin prochain. Ce programme inclura un mini-épisode dont l’action se déroulera juste avant le début du film, ainsi qu’un pot-pourri des diverses chansons du drama, interprété par Arashi et retransmis en direct sur les ondes nippones. De quoi apporter un point d’orgue digne de ce nom à la saga Hana Yori Dango… du moins pour quelques mois, puisque les Coréens ont déjà annoncé qu’ils travaillaient à leur propre version du manga de Yôkô Kamio, allant jusqu’à insinuer sans se démonter que leur drama, dont la diffusion est prévue pour fin 2008, serait tout simplement le meilleur de tous… !

Caroline Leroy

Article publié sur filmsactu.com le 24 juin 2008

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