Critique : Orange Marmalade, teen drama de vampires inodore et sans saveur

Réunissant le jeune surdoué Yeo Jin Goo et l’idole de K-Pop Kim Seol Hyun de AOA, le drama s’enlise dans une intrigue aussi insipide que ses personnages, en dépit d’une structure narrative intéressante et d’un nombre limité d’épisodes.

Le drama coréen Orange Marmalade allait-il apporter un petit rayon de soleil (sans jeu de mot) au genre vampirique en 2015? Librement adapté d’un webtoon écrit et dessiné par Seok Woo entre 2011 et 2013, le drama a été diffusé sur KBS2 entre le 15 mai et le 24 juillet 2015 à raison d’un épisode par semaine.

L’originalité de son pitch tient au fait que ses personnages évoluent dans un monde où les vampires sont officiellement tolérés, suite à un traité conclu avec les humains trois cents ans plus tôt. Cela ne les empêche cependant pas de faire en réalité l’objet d’une discrimination persistante. Récemment transférée dans un nouveau lycée, Baek Ma Ri (Kim Seol Hyun) cache son identité de vampire grâce au SPA (Sun Protection Ample) qui lui permet de supporter la lumière du soleil. Mais elle tombe presque aussitôt amoureuse de Jung Jae Min (Yeo Jin Goo), l’élève le plus populaire, qui déteste justement les vampires. Tous deux sont rejoints par Han Shi Hoo (Lee Jong Hyun), un autre vampire qui connaît Ma Ri et ne la quitte pas d’une semelle.

Lee Jong Hyun et Kim Seol Hyun dans Orange Marmalade / © KBS

Contrairement à Blood, un autre drama vampirique sorti la même année, Orange Marmalade s’ouvre sur deux premiers épisodes inspirés, qui explorent avec une certaine délicatesse le thème du mal-être adolescent à partir d’un argument fantastique. La photographie est belle, la réalisation soignée, les acteurs charmants. La chronique lycéenne est toute simple mais elle fonctionne, axée sur le rejet que subit Ma Ri de la part de ses camarades de classe, et traversée ici et là par quelques instants poétiques, comme cette scène onirique et gentiment sensuelle où Ma Ri, assise à côté de Jae Min dans le métro, se penche vers lui pour lui sucer le cou dans un état second – c’est d’ailleurs l’une des affiches du drama.

Orange Marmalade semble alors avoir quelque chose à offrir, tout comme les trois jeunes acteurs : Yeo Jin Goo (Hwayi: A Monster Boy) bien sûr, qui parvient sans peine à s’imposer dans le rôle de ce garçon sympathique mais un peu capricieux ; Kim Seol Hyun qui apparaît crédible au départ dans le rôle de la jeune fille injustement persécutée, souvent hébétée par ce qui lui arrive ; ou encore Lee Jong Hyun, le guitariste de CNBLUE, qui fait une entrée en scène prometteuse en vampire tourmenté. La musique s’imposant comme l’élément qui réunit ces personnages solitaires, les passages musicaux, plutôt réussis, font partie des moments que l’on attend le plus.

Lee Jong Hyun et Yeo Jin Goo dans Orange Marmalade / © KBS

La curiosité s’étiole malheureusement peu à peu. Jae Min ne semble pas capable d’évoluer en tant que personnage, malgré tout le talent et la bonne volonté de Yeo Jin Goo. Il en va de même pour Han Shi Hoo et Baek Ma Ri, tous deux inconsistants.

J’évoquais plus haut la structure narrative surprenante de Orange Marmalade. Le drama est conçu en trois actes distincts, le deuxième se déroulant dans un passé lointain, c’est-à-dire à l’époque qui précède la trêve entre vampires et humains. Le drama lycéen s’efface ainsi le temps de cinq épisodes pour laisser place à un sageuk fantastique, avant de revenir au temps présent dans les derniers épisodes pour un chapitre dédié à la résolution des conflits. Ce qui aurait pu apparaître comme une trouvaille géniale plonge au contraire le spectateur dans la confusion, le scénario n’étant pas assez solide pour soutenir un tel parti-pris.

Kim Seol Hyun dans Orange Marmalade / © KBS

L’interlude sageuk provoque malgré tout un regain d’intérêt, les vampires passant cette fois réellement à l’action, entre partisans d’une vie tranquille (les parents de Ma Ri, la future mère de Jae Min), et soldats corrompus ayant accepté de servir l’inquiétante Kim Sun Kyung (Jang Ok Jung, Living in Love). On a plaisir à voir les acteurs principaux jouer les rôles des ancêtres de leurs personnages. Yeo Jin Goo est comme un poisson dans l’eau dans cet univers, et Lee Jong Hyun fait une impression plus favorable dans cette partie.

La vacuité de l’interprétation de Kim Seol Hyun, actrice entrevue dans le film Gangnam Blues, est en revanche mise en évidence par ce contexte qui requiert une plus grande rigueur de jeu. Raide comme un piquet, l’air plaintif et la bouche ouverte (le syndrome Kristen Stewart?), elle laisse consciencieusement le soin à son partenaire, quel qu’il soit, de faire vivre la scène. L’actrice Gil Eun Hye, qui incarne sa rivale, parvient à laisser une bien plus forte impression en dépit d’un nombre dérisoire de scènes en comparaison…

Yeo Jin Goo dans Orange Marmalade / © KBS

Le message de tolérance que veut faire passer Orange Marmalade à travers le destin de ces vampires persécutés est plus que louable, d’autant qu’il n’est pas moralisateur. Mais tout cela reste trop en surface, trop ténu pour justifier de s’étaler sur douze épisodes d’une heure chacun.

Si la carrière de Yeo Jin Goo ne pâtira pas de cette fausse note, on lui souhaite de se consacrer à un meilleur projet. Ça tombe bien, il revient cette année dans Jackpot, un sageuk dans lequel il tient la vedette aux côtés de Jang Geun Suk. On y croit.

Caroline Leroy

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