Critique : Blood, drama vampirisant avec Ahn Jae Hyun

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Plombé par d’énormes défauts – à commencer par Ahn Jae Hyun, nul –, le drama Blood réserve malgré tout quelques surprises dans sa seconde partie grâce au jeu convaincant de Ji Jin Hee.

Blood est le premier d’une série d’opus vampiriques à avoir soudainement investi le petit écran coréen en l’année dernière. Tout comme 2012 avait été marquée par les voyages dans le temps en Corée du Sud, l’année 2015 aurait dû être l’année des vampires. Aurait dû, avons-nous dit. Les mauvais résultats d’audience de Blood ont en effet compromis cet espoir. Il n’empêche. Les tentatives suivantes sur le thème des vampires que sont Orange Marmalade et Scholar Who Walks the Night n’ont pas fait mieux d’un point de vue commercial comme critique. Avant de parler de malédiction, nous vous proposons de nous pencher sur le cas de Blood, dont l’échec tient à des raisons qui sont tout sauf irrationnelles.

Diffusé sur KBS2 entre le 16 février et le 21 avril 2015, Blood est un thriller hospitalier vampirique mettant en vedette Ahn Jae Hyun (You’re All Surrounded), Ku Hye Sun (Boys Over Flowers) et Ji Jin Hee (Le Vieux Jardin).

Fin décembre 2014, KBS2 met le paquet avec des visuels attractifs au style manga, et le diaphane Ahn Jae Hyun semble avoir le physique de l’emploi. La diffusion du premier épisode dissipe cependant immédiatement les quelques attentes placées dans le drama. Scénario simpliste, mise en scène bâclée, prestation calamiteuse de l’acteur principal, jeu contestable de l’actrice principale et du garçon qui interprète le héros adolescent… Il ne faut pas attendre longtemps avant que les impitoyables netizens coréens expriment haut et fort leur mécontentement, forçant la production à se justifier et à certifier que la suite sera meilleure. Les scores d’audience en Corée seront restés minables de bout en bout (4,7% de PDM selon AGB Nielsen) mais le drama s’est attaché les faveurs de quelques fans à l’international sur la durée. Explications.

Blood part du principe que les vampires sont à l’origine des humains infectés par un virus, le VBT-01. Park Ji Sang (Ahn Jae Hyun) a hérité de la « maladie » de son père, un scientifique tué par Lee Jae Wook (Ji Jin Hee), un vampire puissant et impitoyable. Quelques années plus tard, Ji Sang est devenu un chirurgien hépatobiliaire et trouve un poste de chef de service à l’hôpital Taemin, spécialisé dans le cancer. Là, il fait connaissance avec l’arrogante chirurgienne Yoo Ri Ta (Ku Hye Sun), qui est aussi la nièce du PDG (Kim Gap Soo). Or ce dernier vient justement d’embaucher Lee Jae Wook en tant que directeur afin de trouver un remède contre le cancer. Autoritaire et charmeur, ce dernier ne met que peu de temps à placer tout l’hôpital sous sa coupe, dans le but de mener d’étranges expériences. Tout en combattant son emprise, Park Ji Sang et Yoo Ri Tae finissent par se rapprocher…

Vous l’aurez compris avec ce bref résumé, Ahn Jae Hyun a toutes les peines du monde à conserver la vedette de Blood dès lors que Ji Jin Hee fait son entrée en scène pour cannibaliser irrémédiablement l’écran… et l’intrigue. Cela est bien triste à dire, mais on aura rarement vu acteur principal de drama aussi amateur et insipide que Ahn Jae Hyun dans Blood.

Résolument inexpressif du premier au dernier épisode, incapable d’apporter la moindre nuance à un texte qu’il déclame d’une voix monocorde et mal assurée, il est aussi complètement emprunté dans sa façon de se tenir en toute circonstance. Ces défauts de débutant ressortent particulièrement dans ses face-à-face avec Ji Jin Hee, acteur à la diction et au maintien parfaits.

Désigné comme « prometteur » en 2014 suite à ses petits rôles dans You Who Came From The Stars ou You’re All Surrounded, Ahn Jae Hyun a fait une grave erreur d’appréciation en acceptant un rôle principal aussi vite alors que sa carrière était encore balbutiante. Je parlais dans ma critique de Doctor Stranger (décidément, encore un drama médical !) des difficultés rencontrées par Lee Jong Suk en tant que one-top de drama, mais ce n’est rien à côté d’Ahn Jae Hyun, ne serait-ce que parce que Lee Jong Suk est un bien meilleur acteur.

Blood aura logiquement été un frein terrible à l’envol de Ahn Jae Hyun, et l’on n’est guère étonné de le voir revenir à l’écran seulement un an après cette épreuve, dans un second rôle cette fois. Quant à Ku Hye Sun, il est plus sage de se tourner vers Angel Eyes, réalisé l’année précédente, pour se faire une idée de ce dont elle est capable…

Si l’on se penche sur Blood pour suivre une histoire de beau vampire tourmenté tombant amoureux d’une mortelle (un type de scénario qui n’a bien entendu jamais été fait), mieux vaut passer son chemin. Blood s’intéresse davantage à la conquête de l’hôpital Taemin par Lee Jae Wook qu’aux états d’âme de son pâle héros. Et c’est là où le drama parvient à éveiller un peu notre curiosité, ne serait-ce qu’à l’égard des intentions du scénariste Park Jae Beom, à qui l’on doit tout de même les histoires tortueuses de God’s Quiz, un autre drama médical à suspense, autrement plus réussi celui-ci.

Utilisant toutes les techniques du pervers narcissique, Lee Jae Wook se met le PDG dans la poche en un rien de temps tout en se débarrassant par-derrière de tous les individus qui entravent ses desseins. Secondé par une véritable milice privée, il parvient mine de rien à faire fermer une partie entière de l’hôpital afin d’y mener librement ses expériences douteuses sur des patients en phase terminale de cancer. Il n’hésite pas à plonger des familles dans la détresse en leur faisant miroiter la guérison de leur proche, tout en abandonnant celui-ci à un sort affreux. Le produit injecté aux patients par les infirmiers corrompus n’est autre que le VBT-01, qui déclenche chez eux de violentes réactions.

Le ressort vampirique est ainsi exploité d’une façon singulière puisqu’il ne sert que de prétexte au véritable thème de Blood, à savoir l’enquête que mènent les protagonistes sur les agissements du tyran qui commande l’hôpital dans l’ombre.

Le drama parvient à livrer une seconde partie plus dense que la première à partir de ce développement inattendu. Du même coup, les personnages qui entourent le méchant de l’histoire se retrouvent à être les seuls dont le sort nous préoccupe un tant soit peu, tels que Nam Chul Hoon, interprété par Kwon Hyun Sang (décidément abonné aux histoires de vampires puisqu’il était dans les deux saisons de Vampire Prosecutor), ou encore l’ambivalente Min Ga Yeon (Son Soo Hyun, qui ressemble étrangement à l’actrice japonaise Yû Aoi).

Tout cela est loin d’être satisfaisant mais Ji Jin Hee et son équipe sont bien les seuls susceptibles de guider les spectateurs jusqu’au bout de ces vingt longs épisodes. Vous êtes prévenus.

Caroline Leroy

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