2NE1 et le renouveau du Girl Power

Découvrez notre décryptage du phénomène 2NE1, l’un des plus grands groupes féminins de K-pop. Le nouveau visage du féminisme ?

Chose promise, chose due ! À l’occasion de la sortie de Falling in Love, nous nous sommes penchées sur l’univers de 2NE1, soit l’un des girls bands les plus populaires de Corée du Sud, au travers de leur musique et de leurs clips. Des déjantés I Am The Best et Hate You au sensuel I Love You, en passant par le gothique It Hurts et le mélancolique Lonely, les filles de 2NE1 apportent avec elles un imaginaire coloré et décomplexé typique de la K-pop d’aujourd’hui. Pourtant, elles se démarquent aussi sensiblement des autres girls bands coréens par un style plus agressif, plus conquérant, qui n’hésite pas à s’approprier les codes masculins pour jouer avec les stéréotypes de genres, faisant d’elles les icônes d’un Girl Power nouvelle génération.

Pour ceux qui ne seraient pas férus de K-pop et ne connaîtraient pas 2NE1 (prononcer, au choix, « to anyone » ou « twenty-one »), il s’agit d’un girls band lancé en 2009 par le label YG Entertainment, la maison de disque du groupe BigBang dont nous vous avons déjà abondamment parlé. Le public découvre 2NE1 le 27 mars 2009 avec Lollipop, écrit par G-Dragon, leader de BigBang, et chanté en duo avec le célèbre boys band : comme toujours chez YG, on développe les synergies. Le clip vidéo de Lollipop, irrésistible, joue sur un univers visuel très pop rappelant les années 80, avec ses couleurs flashy et ses tenues vestimentaires extravagantes, et met en scène une délicieuse joute de séduction entre garçons et filles.

Le premier single officiel de 2NE1, Fire, arrive quelques semaines plus tard, le 6 mai 2009, et se classe immédiatement dans les charts coréens.

2NE1, une ascension fulgurante

Les membres du groupe 2NE1 sont au nombre de quatre :

  • CL, 22 ans, rappeuse, chanteuse mais aussi leader du groupe,
  • Bom (ou Park Bom), 29 ans, vocaliste principale du groupe,
  • Dara (ou Sandara Park), 28 ans, vocaliste du groupe,
  • Minzy, 19 ans, rappeuse, chanteuse et danseuse principale du groupe.

Mené par la charismatique CL, le groupe a su imposer en quatre ans d’existence un style affirmé et un son mêlant la dance-pop, le rap et le RnB avec une fraîcheur et une énergie séduisantes. Avec ses mélodies très accrocheuses, la musique de 2NE1 repose aussi sur un excellent équilibre entre les interventions toujours très épicées de CL, celles de Minzy, benjamine du groupe à la fois sexy et enfantine, et celles des vocalistes Dara et Bom (la grande voix du groupe).

Saluées par le public et la critique dès leur premier mini-album, 2NE1, elles sont sacrées « Meilleur nouveau talent féminin » aux Mnet Asian Music Awards en 2009. En 2010 arrive leur premier album studio To Anyone, qui occupe très vite la tête des charts coréens. La même année, elles signent avec la maison de disques japonaise AVEX, pour y débuter une carrière au Japon. Elles sont également repérées par Will.i.am, leader des Black Eyed Peas, qui entreprend alors de les lancer aux USA. Leur album To Anyone se hisse d’ailleurs à la 7e place des charts américains Billboard Album World.

Propulsé rapidement parmi les artistes les plus populaires chez les amateurs de pop asiatique à travers le monde, 2NE1 effectue en 2012 une tournée aux Etats-Unis. Leurs concerts font salle comble, ce qui vaut d’ailleurs au girls band des commentaires élogieux dans la presse américaine, notamment dans le New York Times qui le présente, aux côtés de BigBang, comme les vraies chefs de file du raz-de-marée K-pop en Occident, par opposition à PSY dont le Gangnam Style ne serait selon le journaliste qu’un phénomène passager.

Lors du concert de 2NE1 à Los Angeles en août 2012, le public découvre un invité surprise, Will.i.am, qui les a d’ailleurs convoquées plus d’une fois à ses propres concerts. CL vient à ce titre tout juste d’enregistrer un featuring rap sur le single de Will.i.am, Gettin’ Dumb, sorti en avril dernier.

Avec le succès des SNSD, de T-ara ou encore de Wonder Girls, les girls bands ont le vent en poupe en Corée du Sud. Si 2NE1 s’intègre pleinement dans cette vague, le groupe sort aussi sensiblement du lot et cela se voit au premier coup d’œil, rien qu’au look vestimentaire de ses membres. Au contraire de leurs consœurs qui jouent la carte de l’ultra-féminité, avec un côté provocateur de plus en plus marqué avec les années (voir à titre d’exemple le clip de Poison par Secret), les filles de 2NE1 adoptent un style street wear aux couleurs flamboyantes, mêlant des atours typiquement féminins avec des éléments unisexes voire masculins.

Aînée du groupe, Park Bom tient souvent la place de la fille coquette, au contraire de Minzy, la benjamine au visage enfantin, qui porte plus volontiers des tenues connotées garçon. Avec ses airs mutins, Dara joue quant à elle plutôt la carte de la femme enfant tandis que CL se distingue par un charme agressif et insaisissable, avec son maquillage rétro et ses tenues toujours plus surprenantes. À noter que CL et Minzy affichent fièrement leurs rondeurs et se situent ainsi en marge des critères d’extrême minceur (trop) valorisés chez les filles en Asie.

2NE1, nouvelles icônes du Girl Power*

Comparé à la plupart des chanteuses de leur génération, le groupe 2NE1 compte peu de véritables ballades à son actif et joue davantage sur des rythmes entraînants. Les clips participent pleinement à véhiculer les valeurs du groupe. Les histoires, souvent rocambolesques, se content à la première personne. Souvent qualifiées d’agressives, les filles de 2NE1 incarnent l’énergie d’une génération de filles en quête de liberté et qui voudraient faire exploser les barrières bridant l’expression de leur personnalité. Y compris lorsque ces barrières prennent la forme d’un regard masculin qui tend à objétiser les filles : « Tu prétends être un séducteur, un imbécile de dragueur. Je vais te dégager de mon chemin comme un pneu crevé », chante Dara dans I Am The Best.

Certains titres saisissent le mal-être des adolescentes d’aujourd’hui dans une société dominée par l’image et obsédée par la perfection. C’est le cas d’Ugly dont les paroles, très sombres, expriment l’insécurité des jeunes filles qui se sentent en marge des canons de beauté (« Ne me regarde pas, je déteste ce sentiment, je voudrais me cacher quelque part, je voudrais échapper à ce monde plein de mensonges »). Une insécurité synonyme d’envie, celle de ressembler aux modèles imposés par les médias, mais qui mène aussi à l’isolement et à la colère (« Ne prétends pas me comprendre aussi facilement, mon cœur laid et estropié pourrait même t’en vouloir »).

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Le clip d’Ugly met en scène les filles de 2NE1 dans un monde abandonné et parsemé de déchets, telles des parias exilées pour délit de mocheté. Cassant tout sur leur passage, nos héroïnes rejoignent une place cernée de barbelés, où des femmes masquées et tout en noir font la queue pour pénétrer dans un club surmonté des mentions « pretty girls only » et « plastic zone ». Elles tagueront et saboteront les lieux avant d’embarquer les exclues dans une fiesta cathartique.

Certains clips de 2NE1 vont encore plus loin dans le féminisme en les confrontant directement à la violence des hommes. Une violence qui peut être physique, comme dans le clip de Go Away où CL se prend des coups par son ex, ou plus sournoise, comme celui de Kiss** de Dara, où un jeune homme riche et beau (Lee Min Ho, l’un des acteurs les plus populaires du moment en Asie) tente de prendre le contrôle de la jeune femme par l’argent et les biens matériels. Dans les deux cas, il ne s’agit pas de se complaire dans la condition de victime : CL se vengera brutalement sur circuit automobile dans Go Away et Dara plaquera l’insupportable jeune homme devant ses amis dans Kiss.

Sur ce plan, le « Girl Power » de 2NE1 va nettement plus loin que celui popularisé à la fin des années 90 par les Spice Girls, qui avaient à cœur de ne pas mettre mal à l’aise la gent masculine. Les filles de 2NE1 n’hésitent pas à se montrer sous un jour plus revanchard mais l’humour n’est jamais bien loin, comme dans le clip de I Don’t Care, où elles arrêtent le temps pour se venger de leur ex respectif en réarrangeant l’espace (à la manière du film anglais Cashback de Sean Ellis) de manière espiègle mais finalement inoffensive.

On ne passera pas à côté du superbe clip de Hate You, qui adopte la forme d’un court-métrage animé associant un style graphique très girly à une violence explicite. La réalisation et le character design sont signés Mari Kim, dessinatrice sud-coréenne et icône de l’esthétique pop surréaliste.

Le clip met en scène les membres du groupe, ou plutôt leur version dessin-animée, en chasseurs de primes à la poursuite d’un terroriste qui a fait exploser une ville entière (plan de destruction à la Akira, de Katsuhiro Otomo, au début du clip). L’affaire prend très vite des allures de film d’action avec ses gunfights, sa course-poursuite en voiture et sa résolution digne d’un shônen manga (manga pour jeunes garçons), voyant le garçon se changer en créature monstrueuse avant de finir exécuté par les demoiselles – le geste qui leur permettra de prendre le dessus évoque une castration. Une guerre des sexes déguisée en fantaisie manga ?

Quelle que soit l’interprétation que l’on en fait, Hate You témoigne d’un autre aspect propre à la K-pop d’aujourd’hui : l’envie de raconter des histoires en explorant des univers visuels variés. Derrière la caméra de leurs clips, on retrouve d’excellents réalisateurs, tels que Seo Hyun Seung qui signe I Am The Best, I Love You et The Baddest Female (ainsi que le clip Fantastic Baby de BigBang), ou encore Kim Hye Jung qui réalise It Hurts (et à qui l’on doit aussi le superbe Butterfly de G-Dragon).

Contourner les stéréotypes de genres

Dans leurs clips, les filles de 2NE1 n’hésitent pas à se réapproprier les codes spécifiquement masculins pour les détourner, s’en amuser, voire les confronter avec des attitudes de filles. C’est le cas dans I Am The Best, le plus connu d’entre eux (73 millions de vues sur YouTube), où CL apparait dès les premiers plans vêtue de ce qui ressemble à un peignoir de boxeur, pour clamer « Je suis la meilleure » (« Naega jeil jal naga »). Par la suite, on découvrira successivement Dara au volant d’une voiture de sport ou encore Minzy le visage partiellement recouvert d’une cotte de mailles, avant que les jeunes filles ne se transforment en loubardes vêtues de cuir clouté, ou en punks destroy armées de fusils-mitrailleurs.

Jouant avec les stéréotypes, les 2NE1 adoptent aussi des postures très « féminines » : Bom en tenue moulante, promenant un chien sur un podium comme dans un défilé de mode ; un peu plus loin, la même Bom s’arrangeant les cheveux devant un miroir (mais vêtue d’une cotte de mailles) tandis que CL casse des vitres avec une batte de baseball.

Pour bien comprendre l’impact d’une telle représentation des filles, il faut avoir à l’esprit une spécificité de la culture coréenne : la séparation des sexes. Dans ce pays encore fortement imprégné de confucianisme, hommes et femmes ne sont pas supposés avoir des contacts physiques en public – encore moins se ressembler. Ajoutons à cela que le confucianisme établit une hiérarchie claire entre hommes et femmes.

Pourtant, il suffit de marcher dans les rues de Séoul pour se rendre compte du gap qui sépare aujourd’hui les générations, entre les adultes qui évitent les contacts hommes/femmes dans la sphère publique et les jeunes qui flirtent et qui s’embrassent langoureusement dans la rue, cependant que les filles portent des jupes de plus en plus courtes. En se mettant en scène dans des situations aussi bien « féminines » que « masculines », 2NE1 fait passer un message fort aux jeunes Coréennes : s’aventurer sur le terrain des hommes ne les empêche pas de rester femmes.

En d’autres termes, le monde leur appartient. La phrase « The World is Mine » apparaît d’ailleurs explicitement dans le clip de I Am The Best. Cette manière subversive de questionner la définition des genres tranche avec ce qui se passe actuellement en France, où l’on assiste au contraire, dans la pop culture, à un retour vers des stéréotypes très codifiés.

Comme nous l’avons vu, les filles de 2NE1 sortent du lot des girls bands coréens par leur agressivité et leur refus de s’enfermer dans les stéréotypes féminins. Elles tranchent aussi des icônes emblématiques du Girl Power à l’américaine, telles que Britney Spears et Christina Aguilera, qui jouent la carte de l’hyper-sexualisation du corps féminin même si elles dégagent une image de pouvoir et de contrôle.

Soulignons tout de même que les autres girls bands coréens jouent certes sur la sexualisation du corps féminin mais ne tombent pas pour autant dans la vulgarité des clips devenus monnaie courante en Occident, qui tendent à filmer toujours plus les femmes en pièces détachées – un langage filmique qui leur enlève tout contrôle. Est-ce parce que la censure, encore frileuse sur l’expression du sexe à l’écran, veille au grain ? Peut-être bien, même si les clips sont de plus en plus chauds (voir le clip SM de Abracadabra, par Brown Eyed Girls). Est-ce parce que les jeunes hommes sont eux aussi largement érotisés que l’on tend ainsi à mieux accepter que les femmes le soient ?

Cela joue certainement un rôle dans notre perception : en Corée du Sud, l’idée que les femmes fantasment sur le corps des hommes, surtout lorsqu’ils sont jeunes, ne semble faire aucun doute si l’on en croit les clips très hot de certains chanteurs ou boys bands (tels que 2PM, le chanteur Rain ou encore TVXQ à une certaine époque, dans le clip culte de Mirotic). On pourrait aussi souligner l’impact d’une culture visuelle différente, d’une fibre esthète plus affûtée dès lors qu’il s’agit de sublimer les visages et les corps. Comme d’autres l’ont souligné avant nous, la K-pop est une vraie machine à fantasmes.

Passage à l’âge adulte

Lorsque le clip de I Love You de 2NE1 sort à la mi-2012, on s’étonne de les voir soudainement lascives, filmées dans des intérieurs clos, elles qui nous avaient habitués à renvoyer l’image de jeunes femmes conquérantes.

La réalisation du clip de I Love You est signée Seo Hyun Seung et met en scène les chanteuses dans des costumes variés, évoquant parfois la Chine des années 30, et dans des décors somptueux mêlant des éléments rétro et des éclairages futuristes. Si la caméra se surprend à faire des plans « en pièces détachées » sur le déhanchement très sensuel de CL (séquence située à 2mns environ), la réalisation privilégie la contre-plongée dans les plans en pied, de même que dans la séquence suivante où c’est au tour de Minzy de faire monter la température.

Ce n’est peut-être pas un hasard si les séquences les plus chaudes sont réservées aux deux plus jeunes du groupe : I Love You peut être vu comme le passage à l’âge adulte des chanteuses. Finies les thématiques adolescentes, de vraies femmes s’épanouissent à présent devant nos yeux. Les motifs de fleur sont d’ailleurs omniprésents à l’écran.

The Baddest Female, de CL

On pourrait arguer que l’association entre l’épanouissement de la féminité et la sexualité risque de faire tomber 2NE1 dans le même travers que les autres groupes, à savoir définir les femmes par le désir qu’elles suscitent – si la chanson parle de leurs désirs, ce sont bien elles qui occupent l’écran.

La sortie fin mai 2013 du premier titre solo de CL, The Baddest Female, vient une fois encore brouiller les pistes. Ou plutôt rassurer ceux qui craignaient que la charismatique leader du groupe ne perde son identité. Elle l’affirme plus que jamais à travers ce morceau de hip-hop qu’elle coécrit avec Teddy Park (également producteur du titre).

Un mot tout d’abord sur le son de The Baddest Female, qui déroute indubitablement à la première écoute par sa structure imprévisible et sa manière de mêler le rap avec des éléments d’électro et de dubstep. Les paroles, elles, clament l’indépendance de la jeune femme, voire son invincibilité : « Je suis une reine des abeilles, je suis une héroïne/Je suis comme un ballon de rugby, nul ne sait où je vais rebondir/A mon cou pend une chaîne en or qui balance de droite à gauche/Je ne suis pas seule, chacune nuit j’assure ».

The Baddest Female (나쁜 기집애)

Le clip, très décalé, joue sur les clichés associés aux filles et aux femmes – jeu de marelle, balançoire, conversations en salon de coiffure et même maternité – pour les confronter à ceux associés aux hommes. Citons ce plan où elle joue à la balançoire avec une lollipop dans la main, entourée de motards. Ou encore cette séquence où, vêtue d’une robe sexy et d’un boa, elle dialogue avec une version d’elle-même habillée en complet d’homme et fumant le cigare. On la retrouve un peu plus loin en grande prêtresse et porte-drapeau de toutes les « bad girls » du monde dans une séquence très jouissive.

Outre les figures de la YG qui y vont de leur caméo – G-Dragon (en short !), Taeyang, Teddy Park… – il faut voir la brochette de punks aux looks mauvais genre et aux gueules mémorables de la séquence finale. De vraies tronches de nanas !

Dans son communiqué, l’agence YG confirme les ambitions féministes du morceau : « Observez bien pour savoir si elle parle seulement de mauvaises filles ou de la transformation des femmes dans une société en pleine mutation ».

Avec un humour incisif, CL pose une question toute simple : devenir une femme, aujourd’hui, qu’est-ce que cela veut dire ? Comme on s’en doute, le clip dérange, fait controverse : si la plupart saluent l’audace et le charisme de CL (la chanson a rencontré un fier succès public), d’autres l’accusent d’aller trop loin dans l’autosatisfaction, l’agressivité (dents en or, usage de la cravache…) et l’appropriation des codes masculins. Autant de critiques qui témoignent d’une frilosité encore bien ancrée dès lors qu’une femme outrepasse les limites associées à son genre.

Nous, on aime cette manière décomplexée d’affirmer sa personnalité, de représenter toutes les facettes d’une image de plus en plus complexe et inclassable.

Retour dans une ambiance légère et insouciante avec Falling In Love, le tout dernier titre de 2NE1 dévoilé le 7 juillet dernier. Sur un rythme reggae très estival, la chanson parle de désir féminin, d’un désir qui « électrifie » le corps et accélère les battements du cœur. Et si le refrain exprime une envie de passivité, avec ses « touch me over here, touch me over there », les jeunes femmes gardent le contrôle : « Je suis un diamant brut, je suis ta mariée, je vais te faire mien car c’est ce que fait une reine », « tu es à moi, mec (…), si tu veux jouer les hard-to-get, tu es stupide, je vais me créer des ennuis avec ton charme débordant » (CL).

Si le clip vidéo de Falling In Love débute par les quatre jeunes filles dansant sur une plage, on retrouve très vite Minzy sur un trône, telle une reine égyptienne, entourée d’hommes à moitié dénudés. Et puisque Falling In Love est un titre estival, et qu’en cette saison, on s’habille légèrement, les 2NE1 sont mises en scène un peu plus loin allant « mater » des jeunes hommes jouant au basket, dans une séquence de jeu de séduction qui adopte explicitement leur regard – plans sur le torse nu de l’un, sur le bras de l’autre – là où un « titre de l’été » à l’occidentale se serait cantonné à un point de vue masculin.

Les aficionados de culture pop coréenne reconnaîtront, parmi les jeunes mâles qu’elles vont quelque peu perturber dans leur activité sportive, les acteurs Hong Jung Hyun et Lee Soo Hyuk (déjà présent dans plusieurs de leurs clips).

Grâce à leur originalité et leur audace, les filles de 2NE1 font aujourd’hui partie des icônes majeures de la musique pop coréenne et plus globalement asiatique. Si les 2NE1 demeurent uniques en leur genre dans le paysage de la pop culture coréenne, elles n’en incarnent pas moins à la perfection le désir de conquête des libertés qui anime la jeunesse coréenne d’aujourd’hui et qui explique en grande partie la fascination exercée par la K-pop à travers le monde.

Cette envie d’utiliser la musique pour raconter des histoires, cet esprit à la fois créatif et décomplexé, cette quête perpétuelle de fantaisie et d’hédonisme, toutes ces vibrations se retrouvent dans la musique des 2NE1.

Pour découvrir tous ces clips, rendez-vous ci-dessous sur notre playlist créée spécialement pour l’occasion.

Elodie Leroy

* « Girl Power » : inspiré par le mouvement « riot grrrl », lui-même né en réaction au machisme de la culture punk underground, le Girl Power fut popularisé par les Spice Girls à la fin des années 90 et imprègne la musique d’icônes telles que les Destiny’s Child, Britney Spears ou encore Christina Aguilera.

**Kiss a également été utilisé dans la publicité pour la marque de bière Cass, d’où l’omniprésence de la marque dans le clip. Les publicités pour Cass forment toute une saga présentée sous forme de courts-métrages musicaux. On y retrouve à plusieurs reprises l’acteur Lee Min Ho mais aussi Taecyon et Nickhun des 2PM dans un thriller policier plutôt sympathique.

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