Où en est le projet de drama du réalisateur Jang Jin ? En quoi ce projet est-il spécial dans le paysage des dramas coréens ? Nous faisons le point sur les infos connues sur City of Stars.
Le cinéaste Jang Jin sera le premier réalisateur de la « nouvelle vague » du cinéma coréen à réaliser un drama ! Annoncé comme un blockbuster, City of Stars nous emmènera dans l’espace et sera l’occasion pour le réalisateur de diversifier son registre en s’essayant à la science-fiction…
La nouvelle vague et les dramas
Nous l’avons compris, les dramas coréens entendent désormais rivaliser avec le cinéma en matière de qualité de production. Il suffit de voir les moyens déployés pour une production de luxe comme Mr. Sunshine pour s’en convaincre. Cette montée en puissance des séries relève d’un phénomène mondial emmené par les séries américaines depuis la fin des années 1990. Elle s’est accentuée en Corée dans les années 2010 avec la diversification des genres.
Dans ce contexte, on pouvait se demander qui serait le premier cinéaste coréen de la nouvelle vague à se lancer dans l’aventure des K-dramas.
Par « nouvelle vague », je fais référence au renouveau du cinéma coréen auquel nous avons assisté à la fin des années 1990 et dans les années 2000, mais aussi à une famille de cinéastes qui s’est fait connaître à travers le monde avec des films de genre très noirs. Dans ces films, la violence exprime de manière détournée et cathartique les traumatismes hérités des dictatures qui se sont succédé après la guerre et jusqu’à la fin des années 1980.
Moins connu en Occident que Park Chan Wook ou Bong Joon Ho, Jang Jin est pourtant l’une des figures majeures de cette génération de réalisateurs.
Depuis ce renouveau, le paysage cinématographique coréen a évolué, une nouvelle génération de cinéastes est apparue et les séries coréennes sont devenues un phénomène mondial, touchant un public plus large que le cinéma. Ces réalisateurs ont-ils adhéré au changement des rapports de pouvoir le cinéma et les dramas ?
Park Chan Wook (JSA: Joint Security Area, Je suis un cyborg) a récemment réalisé une série TV, The Little Drummer Girl, mais il s’agit d’une série américaine. Je n’inclus pas Kim Sung Hoon, réalisateur du drama Kingdom, dans cette nouvelle vague, puisqu’il fait partie de la génération suivante de réalisateurs, celle qui a émergé dans les années 2010.
Le premier cinéaste de la nouvelle vague à sauter le pas est donc finalement Jang Jin. Et ce n’est pas très surprenant.
Satire politique et humour corrosif
Cinéaste, scénariste et dramaturge, Jang Jin est connu pour son regard aiguisé et satirique sur la société, ses dialogues enlevés et son humour corrosif.
J’ai découvert son talent au début des années 2000 avec la comédie de gangsters Guns and Talks, dans laquelle nous suivons le quotidien d’une bande de tueurs à gages pittoresques. Jang Jin a également signé Murder Take One, thriller visionnaire dans lequel un homme soupçonné de meurtre est interrogé dans le cadre d’une téléréalité.
Enfin, Jang Jin a co-écrit le magnifique Welcome to Dongmakgol (Park Kwang Hyun), qui aborde la séparation entre les deux Corées sous un angle insolite et humaniste.
Fondateur de la troupe de théâtre Suda et de la société de production Film It Suda, Jang Jin a toujours évolué librement entre la scène de théâtre, le cinéma et la télévision. En 2011 et 2012, on le retrouvait ainsi dans le jury du télécrochet Korea’s Got Talent sur tvN, mais aussi en tant que showrunner au générique de l’émission SNL Korea sur NBC – il a démissionné lorsque l’administration de la présidente Park Geun Hye a interdit la satire politique.
Ses incursions dans le monde dynamique des variety shows coréens n’ont pas empêché Jang Jin de nous livrer en 2014 Man on High Heels, thriller noir envoûtant dont le héros (interprété par Cha Seung Won) aspire à devenir une femme.
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Entre science-fiction et claustrophobie
Jang Jin prépare ses débuts dans le monde des dramas coréens depuis plusieurs années : le projet City of Stars est dans les tuyaux au moins depuis 2016, comme en témoignent les nombreuses annonces de casting qui ont vu le jour entre-temps.
City of Stars sera aussi la première œuvre de science-fiction de Jang Jin. Si le genre n’a jamais brillé dans le cinéma coréen, il a déjà fait des étincelles à la télévision. Citons quelques pépites comme Duel avec Jung Jae Young (l’un des acteurs fétiches de Jang Jin) et Yang Sejong, et Circle: Two Connected Worlds avec Yeo Jin Goo.
Que sait-on de City of Stars ? Le personnage principal, Yoo Dong Ha, sera un technicien de maintenance qui a été membre de l’Air Force dans le passé. A la suite d’un accident, il est devenu claustrophobe et a arrêté de piloter. Sélectionné comme candidat dans le cadre d’un projet pour devenir astronaute, il doit se livrer à une compétition sans merci avec les autres candidats, mais aussi surmonter sa claustrophobie.
Jang Jin n’a pas encore trouvé l’interprète de Yoo Dong Ha. Il a été question de Hyun Bin (Memories of the Alhambra), puis de Jang Dong Gun (Frères de Sang, Suits)… Le nom de Byun Yo Han (Misaeng, Mr. Sunshine) a récemment circulé, mais l’acteur vient tout juste de décliner l’offre.
La chaîne qui diffusera la série n’a pas encore été annoncée, mais il y a fort à parier qu’il s’agira d’une chaîne du câble – à moins que Netflix ne récupère la mise, ce qui pourrait accélérer la concrétisation du projet. En tout cas, City of Stars sera entièrement pré-produit, comme l’ont été les blockbusters Mr. Sunshine et Kingdom. On attend avec impatience les avancées de ce projet.
Il reste aussi à savoir si d’autres réalisateurs de la nouvelle vague vont suivre le mouvement. Leurs acteurs fétiches, eux, se sont depuis longtemps lancés dans les dramas, à commencer par les collaborateurs réguliers de Jang Jin, qu’il s’agisse de Cha Seung Won (Hwayugi: A Korean Odyssey), Shin Ha Gyun (Brain, Mr. Back) ou Jung Jae Young (Duel)…
Qui sera le prochain réalisateur à se jeter à l’eau ?
Elodie Leroy