Critique : God’s Gift – 14 Days, un drama fantastique haletant

par Elodie Leroy

Lee Bo Young voyage dans le passé pour sauver sa fille dans God’s Gift – 14 Days, un thriller noir qui dresse un tableau sous acide de la société coréenne.

Et si vous pouviez revenir dans le temps pour empêcher la mort d’un proche ? Ce postulat est celui de God’s Gift – 14 Days, passionnant thriller coréen en seize épisodes dans lequel une mère de famille revient quatorze jours en arrière pour sauver sa fille d’un kidnapping à l’issue fatale. Sur un scénario signé Choi Ran, God’s Gift – 14 Days nous embarque dans une enquête policière complexe, au cours de laquelle se dévoilent des monstres du quotidien toujours plus glaçants. Un drama manipulateur, haletant et émouvant servi par l’interprétation Lee Bo Young et Cho Seung Woo.

Cette critique comporte quelques spoilers modérés, sans révéler la fin.

Lee Bo Young (God's Gift - 14 Days)
Lee Bo-Young dans God’s Gift: 14 Days

14 jours plus tôt…

Scénariste dans une émission TV dédiée aux faits divers, Kim Soo-Hyun voit sa vie basculer le jour où sa fille Saet Byul (Kim Yoo Bin), neuf ans, est enlevée. Une nouvelle que la jeune mère apprend en direct devant des millions de téléspectateurs, lorsque le kidnappeur contacte son émission.

Une semaine plus tard, l’enfant est retrouvée morte au fond d’un lac. Désespérée, Soo-Hyun tente de se suicider par la noyade. Mais elle se réveille bientôt au bord de l’eau, sans comprendre ce qui lui est arrivé. Lorsque son téléphone sonne, c’est la voix de sa fille qu’elle entend au bout du fil ! De retour à son domicile, elle réalise qu’elle a fait un bond en arrière dans le temps de quatorze jours.

Soo-Hyun n’est pas seule dans cette situation : Ki Dong-Chan (Cho Seung Woo), un détective privé, a lui aussi fait le voyage et tente de sauver son frère d’une exécution. Ils décident d’unir leurs forces pour changer le cours de l’histoire. Mais certaines choses semblent devoir se produire à tout prix…

Lee Bo Young dans le drama God's Gift - 14 Days
Lee Bo Young dans le drama God’s Gift – 14 Days

Un engrenage implacable

Le thriller noir a activement contribué à faire connaître la nouvelle vague du cinéma coréen des années 2000, grâce à des auteurs comme Park Chan Wook (Old Boy), Bong Joon Ho (Memories of Murder ) ou encore Na Hong Jin (The Chaser). Ces auteurs sont toujours en grande forme, mais les nouveaux talents se font rares sur le grand écran depuis quelques années. Aujourd’hui, le polar coréen trouve un nouveau souffle sur le petit écran, grâce à une flopée de dramas explorant le genre sous toutes ses formes. Du thriller politique Iris à la comédie d’action Sans Issue, en passant par le cyberthriller Ghost, ces polars télévisuels haut-de-gamme auscultent la société coréenne en s’appuyant sur un développement fouillé des personnages, y compris féminins.

Diffusé entre le 3 mars et le 22 avril 2014 sur SBS, God’s Gift – 14 Days est le second drama de la scénariste Choi Ran, à qui l’on doit le mémorable sageuk d’action Iljimae. La série God’s Gift – 14 Days part cependant avec un handicap : son absence de romance. La noirceur de son univers constitue un pari osé sur une chaîne nationale pour un public habitué au mélodrame et à la romance. Sur la durée, les scores d’audience restent modestes (environ 9%), mais leur constance témoigne d’un public fidèle et accroché à l’histoire.

Et pour cause : une fois que l’on a mis le pied dedans, il est impossible de s’en détacher !

Amateurs d’intrigues alambiquées à tiroirs, cette série est faite pour vous. Mais il vous faudra avoir le cœur bien accroché. Retracés dans un premier arc de deux épisodes, les événements précédant le retour dans le temps sont d’une cruauté psychologique difficile à encaisser. La séquence d’ouverture donne le ton : sous la forme d’une jolie séquence animée, un conte narre le calvaire d’une mère qui négocie avec la Mort pour retrouver son enfant.

Le premier épisode de God’s Gift – 14 Days prend le temps de brosser ses personnages et d’installer un climat oppressant à travers une succession d’événements a priori anodins, mais dont la combinaison et l’intrusion dans le quotidien suggèrent qu’un danger imminent plane sur les personnages.

Le récit s’attarde sur le poignant conflit mère-fille entre Kim Soo Hyun, trentenaire très occupée, et sa fille Saet Byul, en plein décrochage scolaire alors qu’elle semble intellectuellement précoce. Cette ambiance tendue pousse parfois l’enfant à fuir le foyer familial pour aller s’amuser avec Yong Gyu (Baro), un jeune handicapé mental du quartier, avec qui elle partage une grande solitude et une passion pour un chanteur gothique à la mode.

Nous découvrons aussi la vie chaotique de Ki Dong Chan, ancien flic reconverti en détective privé bon marché. Malgré son flegme apparent, il est hanté par plusieurs traumatismes, parmi lesquels la condamnation à mort de son frère handicapé mental Ki Dong Ho, qu’il a contribué à faire enfermer en témoignant contre lui dans une affaire de meurtre. Des années plus tard, son frère attend toujours dans le couloir de la mort. Quant à Ki Dong Chan, il n’est plus très sûr de ce qu’il a vu à l’époque.

Tout au long de cette première heure de bobine, un engrenage implacable et insaisissable semble être à l’œuvre, avant de se conclure sur une scène choc, celle de la révélation de l’enlèvement de la petite fille en plein direct à la télévision. Après un second épisode au rythme frénétique (extrait ci-dessous), le premier arc trouve une issue cauchemardesque et nihiliste avec la découverte du cadavre de la petite Saet Byul. La tragédie se poursuit avec l’agression de Ki Dong Chan par des gangsters, mais aussi la réhabilitation de la peine de mort, avec pour effet immédiat l’exécution de son frère Ki Dong Ho…

Course contre la montre

Le retour dans le temps marque un nouveau départ, celui de l’enquête de Soo-Hyun et Dong-Chan. Les deux personnages s’engagent alors dans une course contre la montre habitée par un sentiment d’urgence et un suspense qui ne laissent aucun répit au spectateur. L’effet est renforcé par l’apparition à chaque épisode d’un décompte des jours restants avant « l’incident ».

L’écriture de la scénariste Choi Ran épate immédiatement par sa minutie et sa cohérence : on réalise très vite qu’aucun détail n’avait été laissé au hasard dans la première partie – il peut d’ailleurs s’avérer passionnant de revoir celle-ci après avoir achevé le drama.

A la force de la mise en scène de Lee Dong Hoon, il faut ajouter des cliffhangers saisissants : les épisodes s’achèvent presque tous dans le feu de l’action, parfois en pleine tentative de meurtre, pour nous laisser littéralement sous tension lorsque survient la musique pressante et anxiogène qui annonce le générique de fin. Mention au final vertigineux du premier épisode, bien entendu, mais aussi aux dernières minutes des épisodes 4, 6 et 12, qui feront bondir d’impatience les spectateurs les plus stoïques ! Rien que pour ces sensations fortes, God’s Gift mérite le détour.

L’esprit de déduction remplace la police scientifique

Comment mener une enquête sur des faits qui ne se sont pas encore produits ? Le postulat interdit le recours à l’analyse des données par la police scientifique, un ressort cher aux séries américaines d’aujourd’hui et qui tend d’ailleurs à les déshumaniser.

Ajoutons que Kim Soo Hyun et Ki Dong Chan ne possèdent qu’un accès restreint aux moyens de la police même s’ils bénéficient de quelques connections, parmi lesquelles le chef du commissariat local, l’avenant mais ambigu Hyun Woo Jin (Jung Gyu Woon), un amour de jeunesse de Kim Soo Hyun qui se trouve être également l’ancien équipier de Ki Dong Chan.

La mère de famille et son partenaire de fortune devront donc surtout se fier à leurs capacités de déduction, leur finesse psychologique et bien sûr leur mémoire des événements survenus dans la première version. Une manière pour God’s Gift de revenir vers les fondamentaux du polar, et ce, même si l’univers de la série demeure, comme nous le verrons un peu plus loin, colonisé par les moyens technologiques modernes (portables, GPS, caméras de surveillance…).

Au passage, le drama se paie le luxe d’une sympathique référence à Retour Vers le Futur à travers un instantané pris avec un polaroid, sur lequel la petite Saet Byul s’efface ou réapparait au gré de la tournure des événements.

Un tueur peut en cacher un autre

Jouant la carte de twists en série fort bien trouvés, l’histoire nous emmène vers plusieurs fausses pistes qui, loin d’être de simples ressorts de manipulation du spectateur, nourrissent habilement l’intrigue en apportant un nouvel éclairage sur l’affaire.

La construction du scénario évoque le principe des poupées russes : dès lors que la lumière est faite sur un aspect de l’enquête, de nouvelles questions jaillissent pour épaissir le mystère et nous mener un peu plus en profondeur au sein de la machination sophistiquée qui mènera au meurtre de Saet Byul, et toutes les conséquences qui s’ensuivront.

La mécanique scénaristique de God’s Gift n’est pas sans rappeler celle de la saga Millenium de Stieg Larsson, en partant parfois de petits détails, tels que l’analyse d’une vieille photo, pour prendre peu à peu de la hauteur.

Si vous regardez God’s Gift à plusieurs, il est probable que vous vous engagiez dans des discussions interminables : tout le monde est suspect dans ce thriller paranoïaque, du tueur en série qui sévit dans la région au gentil mari de l’héroïne, en passant par la baby-sitter traitée avec mépris, les collègues de travail, le chanteur gothique adulé par la petite fille et même le Président de la République !

Les monstres du quotidien

Au fil de l’enquête, Kim Soo Hyun et Ki Dong Chan sont amenés à côtoyer une galerie de personnages tous plus tordus les uns que les autres, des hommes ou des femmes d’autant plus inquiétants qu’ils se cachent derrière une apparente banalité.

En réalité, ces monstres du quotidien sont tous, à des degrés divers, victimes d’un fléau de la société : God’s Gift – 14 Days dépeint une Corée d’aujourd’hui dont la prospérité repose sur un système qui écrase les plus faibles, au risque de transformer certains d’entre eux en bourreaux.

Le drama prend ainsi une portée sociale et politique qui fait mouche en explorant les recoins les plus noirs de la société, ces vices sordides qui se cachent derrière le vernis de la modernité, entre les maltraitances envers les handicapés mentaux, les violences domestiques, les crimes misogynes ou encore la pédophilie.

Il ne fait pas bon être une victime en Corée du Sud, nous disent les polars coréens depuis des années au cinéma (Sympathy For Mr Vengeance, The Chaser, Silenced…) comme à la télévision (I Can Hear Your Voice, Sans Issue). La présence de plusieurs personnages d’handicapés mentaux dans l’histoire constitue d’ailleurs une allégorie très parlante de la condition de victime – en plus de dénoncer explicitement les traitements envers ces personnes.

Comme on le comprend dès la première partie avec l’exécution de Ki Dong Ho, la peine de mort fait partie des thèmes de fond de la série. Le sujet est d’ailleurs abordé dès le premier épisode à travers un affrontement médiatique auquel participe Han Ji Hoon (Kim Tae Woo), le mari de Kim Soo Hyun, qui est aussi un prestigieux avocat spécialisé dans les questions relatives aux Droits de l’Homme.

Évitant toute dérive moralisatrice, God’s Gift envisage avec intelligence les arguments des adeptes comme des opposants à la peine capitale. D’un côté, l’affaire susceptible de remettre celle-ci au goût du jour est un odieux meurtre d’enfant ; de l’autre, le premier homme destiné à être exécuté est un handicapé mental qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Le drama semble prendre parti contre la peine de mort, mais ne présente pas pour autant les partisans comme des monstres sans cœur.

La société-spectacle et ses effets pervers

Ajoutons que la décision du gouvernement, dans le premier arc nihiliste, de remettre en application la peine de mort après des années d’abandon ressemble à une décision « émotionnelle », puisqu’elle fait suite au choc de la population suite à l’affaire Saet Byul, elle-même retranscrite au jour le jour par les médias. Des médias omniprésents dans le drama, et ce, dès le premier épisode où ils contribuent à installer un climat malsain en débitant des informations sur une affaire de meurtres en série dont les victimes sont toutes des jeunes femmes socialement vulnérables.

Le pouvoir des médias s’exprime pleinement dans la scène impressionnante où Kim Soo Hyun apprend le kidnapping de sa fille de la voix même du criminel, qui parle au téléphone par le biais d’une émission de télé diffusée en direct devant des millions de téléspectateurs. Si le simple concept de l’émission pointe du doigt le sensationnalisme qui gouverne les médias actuels, la séquence peut aussi être interprétée comme une allusion à la télé-réalité : en coulisse au moment de la révélation, la jeune femme se précipite sur le plateau pour prendre le combiné, abolissant les frontières entre vie privée et espace médiatique.

Un peu plus tard, Kim Soo Hyun utilise volontairement les caméras pour s’adresser au kidnappeur et le supplier de relâcher sa fille. Superbement interprété par l’actrice Lee Bo Young, ce moment poignant est aussi très dérangeant puisqu’il nous renvoie à la surenchère et au voyeurisme qui envahissent nos écrans avec la télé-réalité, faisant des émotions humaines un divertissement à consommer par des spectateurs en mal de sensations.

Précisons que le rire glaçant du kidnappeur entendu à la fin du premier épisode n’est pas sans évoquer celui de l’assassin d’une véritable affaire, celle de l’enlèvement du fils d’un présentateur de J.T. coréen dans les années 80, un crime évoqué dans le film Voice of a Murderer (on pouvait entendre un enregistrement véridique de cette voix dans le générique de fin).


Tout au long de l’enquête, les caméras de télé, caméras de surveillance et photographies joueront un rôle crucial, révélant des détails dont l’effet sera tour à tour d’éclairer l’affaire ou de brouiller les pistes. Ce principe est aussi le propre de cette culture de l’image et de l’information immédiate dans laquelle nous vivons, où certaines choses sont exhibées (dans le champ) pour mieux détourner l’attention de ce qui doit rester caché et enterré (hors champ).

Portraits de familles

L’un des enjeux de l’enquête est de déconstruire les faux semblants afin de dévoiler la vérité, y compris lorsque celle-ci est difficile à encaisser par les personnages. Le drama relie ainsi deux portraits de familles, celle de Kim Soo Hyun et celle de Ki Dong Chan. Tour à tour unies et désunies, ces familles appartiennent à deux versants de la société que tout oppose et évoluent en miroir à mesure que les masques tombent.

Au contraire de la famille de Kim Soo Hyun, qui vit dans l’aisance et apparait tout d’abord comme une famille unie, celle de Ki Dong Chan est de condition modeste et frappe par ses liens brisés. Ki Dong Chan renie sa mère, laquelle a déjà un autre fils en prison et vit avec un petit-fils, Yong Gyu, qui n’en est pas un puisqu’il s’agit d’un enfant adopté.

Femme blessée, cette mère et grand-mère porte le poids d’une histoire chaotique et se révèle sous un jour ambigu, presque inquiétant à force de zèle maternel et de volonté de reconstruire les liens familiaux. Elle subit aussi le mépris des classes plus aisées, symbolisée par la famille de Kim Soo Hyun.

God’s Gift – 14 Days pose à ce titre un regard critique sur la bourgeoisie coréenne à travers le milieu qui se dessine autour de l’héroïne. Exerçant tous deux des métiers occasionnant des revenus confortables, Kim Soo Hyun et son époux Han Ji Hoon ont tout du joli couple équilibré, instruit et bien éduqué. Avec leur adorable petite fille, ils vivent dans un appartement luxueux et trient leurs ordures comme tous les gens bien.

Pourtant, cette famille révèle peu à peu des facettes moins reluisantes, qu’il s’agisse de leur manière de traiter les personnes de condition sociale inférieure ou de la relation de couple entre Soo Hyun et son époux.

Loin de se résumer à un archétype de la mère-courage, Kim Soo Hyun n’apparaît pas comme un modèle de sympathie au début de la série. Outre son obsession un brin narcissique sur les notes de sa fille, qui tend à rompre toute complicité entre elles, elle se comporte parfois de manière odieuse avec le jeune Yong Gyu, handicapé mental et seul ami de Saet Byul.

Prenant sa défense un jour, elle n’hésite pas à le gifler le lendemain au moindre soupçon d’une influence néfaste sur sa progéniture. Pourtant, cette incapacité à porter un masque sur la durée est aussi ce qui fait de Kim Soo Hyun l’un des personnages les plus humains : contrairement à d’autres personnages, elle se révèle telle qu’elle est, avec ses défauts et ses côtés énervants, et démontre au fil des épisodes une réelle capacité à revenir sur ses préjugés. Son courage et son acharnement face à la menace qui plane sur sa fille suscitent aussi une empathie inconditionnelle.

Quant à son époux Han Ji Hoon, je n’en dirai pas trop pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte à ceux qui n’ont pas vu le drama, si ce n’est qu’il n’est pas exactement le gentil mari, doux, patient et humaniste qu’il paraît être dans les premiers épisodes ! Mais est-il un monstre pour autant ? Nous vous laissons découvrir le fin mot de l’histoire. God’s Gift – 14 Days joue sur un ressort classique mais ô combien inépuisable du thriller à suspense : la suspicion envers le conjoint, cette personne dont on se croyait proche et qui apparait du jour au lendemain comme un étranger. Complexe et jamais simpliste, le portrait de l’époux est l’une des réussites de ce drama.

God’s Gift – 14 days est aussi l’histoire d’une émancipation vis-à-vis du mariage. L’enquête est l’occasion, pour Kim Soo Hyun, de vivre une expérience transgressive. Après avoir ressorti le bandanas qu’elle portait lors de sa période punk de jeunesse, elle traverse des épreuves hors du commun avec un autre homme (Ki Dong Chan, son partenaire d’enquête), retrouve son premier amour (le directeur du commissariat de police), s’introduit par effraction au domicile de dangereux criminels… Cerise sur le gâteau, elle va jusqu’à bousculer le quotidien du chanteur préféré de sa fille, l’énigmatique Snake (No Min Woo) !

Lee Bo Young, le rôle de la maturité

Les créateurs de la série ont fait un excellent choix en prenant Lee Bo Young dans le rôle de Kim Soo Hyun. On se souvient, il n’y a pas si longtemps, de sa prestation remarquée dans I Can Hear Your Voice, où elle campait une avocate hors normes et nonchalante, parfois hilarante et finalement très attachante.

Avec God’s Gift, elle change radicalement de registre et incarne pour la première fois une mère de famille, un rôle dramatique mais aussi un rôle mature qui lui donne l’occasion d’explorer une nouvelle palette d’émotions. Évitant tous les pièges de la mièvrerie à l’américaine, l’actrice aborde son personnage avec un charisme toujours aussi fort et un mélange de sensibilité et de détermination, atteignant parfois des trésors d’intensité dans des scènes difficiles (son discours devant la caméra dans l’épisode 2, entre autres).

Cho Seung Woo fait lui aussi des étincelles. Rare à la télévision, cet acteur très éclectique a acquis sa reconnaissance par le cinéma – on se souvient de sa performance mémorable dans le film Marathon (Chung Yoon Chuk), où il campait un jeune autiste passionné de course à pied. Dans God’s Gift, le personnage de Ki Dong Chan cultive au quotidien une attitude détachée et ironique, une facette que Cho Seung Woo incarne avec beaucoup d’humour, avant de dévoiler peu à peu des failles qui le rendent très touchant.

C’est bien simple, on ne pouvait imaginer quelqu’un d’autre dans la peau de ce personnage qui participe beaucoup à définir le ton de la série. Au passage, l’acteur dévoile ses qualités de musicien dans l’épisode 9, au cours de l’une des rares scènes apaisantes du drama.

Le reste du casting est parfaitement à sa place et forme une galerie de personnages pittoresques qui rendent le drama assez fascinant. Kim Tae Woo (vu dans les films JSA et Les Femmes de mes Amis) est parfait en époux tour à tour rassurant et menaçant, No Min Woo (My Girlfriend is a Gumiho) nous scotche à chacune de ses apparitions dans le rôle de Snake, le chanteur dark qui apporte une touche d’étrangeté et de glamour bienvenue au drama.

On aime aussi Baro de B1A4, qui crée la surprise avec le personnage du jeune handicapé mental Yong Gyu, Jung Hye Sun (Time Slip Dr Jin) dans le rôle de la mère de Ki Dong Chan, Han Sun Hwa (du groupe Secret) en arnaqueuse sexy au grand cœur, ou encore Jung Gyu Woon en chef de la police et qui se paie le luxe de jouer la plus belle scène d’action du drama (épisode 14, vers 19mns).

Enfin, le drama God’s Gift n’aurait pas le même charme sans le personnage de la petite Saet Byul, que la jeune Kim Yoo Bin interprète avec beaucoup de fraîcheur. Tellement mignonne que l’on est horrifié à l’idée que quelqu’un lui veuille du mal, Saet Byul apporte une touche de lumière indispensable à cette intrigue diabolique, renforçant par la même occasion le suspense lié à la quête de sa mère.

Une fin ouverte ?

Le seul défaut de God’s Gift provient du montage des deux derniers épisodes, un peu bâclé par rapport au niveau de qualité maintenu tout au long du drama. Pour remettre cette fin dans son contexte, la série fait partie des programmes dont la diffusion et donc le tournage (l’équipe était en live shooting) ont été interrompus pendant plus d’une semaine suite au tragique naufrage de Seowol. Sans aller trop loin dans la spéculation, il est probable que cette interruption ait désorganisé la production du final.

Quoiqu’il en soit, malgré un montage un peu rapide sur la fin, le dénouement demeure cohérent eu égard aux enjeux de l’histoire et s’inscrit dans la continuité du reste en soulevant d’ultimes questions. Je n’en dirai pas plus, si ce n’est que toutes les réponses à ces questions se trouvent dans d’autres épisodes (indice : revoyez le début). La scénariste Choi Ran aime décidément jouer de manière un peu tordue avec le spectateur ! On se souvient des réactions vives suscitées par le final d’Iljimae, qui laissait sadiquement planer le doute sur la survie du héros masqué, au point que la production avait dû s’expliquer ultérieurement…

Sans spoiler le dénouement, je souhaite cependant m’attarder sur certaines réactions qui m’ont un tantinet exaspérée. En parcourant les divers blogs et forums, j’ai constaté que de nombreux spectateurs se plaignaient de l’absence d’explication claire sur le voyage dans le temps à proprement parler… Or, d’une part, l’explication est dans le titre, même si God’s Gift n’est pas une série bondieusarde. D’autre part, je souhaite poser une question toute simple à ces personnes : le drama aurait-il le même charme sans cette part de mystère ?

La dimension fantastique de God’s Gift – 14 Days est un prétexte destiné à développer d’autres thèmes de fond. Un prétexte bien utilisé et qui frappe suffisamment l’imagination pour créer un effet de fascination durable. Et c’est exactement ce que l’on attend d’un thriller à énigme comme God’s Gift – 14 Days. Conclusion : mission accomplie pour la scénariste Choi Ran et le réalisateur Lee Dong Hoon !

Elodie Leroy

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