Critique : Gu Family Book, avec Lee Seung Gi et Suzy

par Caroline Leroy

Lee Seung Gi livre une performance irrésistible en créature mi-homme mi-gumiho dans cette série exaltante qui renouvelle la fantasy made in Korea. 

En vingt-quatre épisodes riches en péripéties, Gu Family Book (ou Kangchi, The Beginning) raconte le parcours initiatique de Kang Chi, un être mi-humain mi-gumiho interprété par le merveilleux Lee Seung Gi. A ses côtés, la téméraire Yeo Wool prend les traits de Suzy, qui trouve là son meilleur rôle depuis ses débuts. Rêveuses et rêveurs invétérés friands de fantastique, d’action, de romantisme et d’acteurs glamour, ce drama est fait pour vous et rien que pour vous.

Fils d’un gumiho et d’une humaine, Choi Kang Chi (Lee Seung Gi) a été recueilli par le seigneur Park Moo Sol qui l’élève aux côtés de son fils Tae Seo (Yoo Yeon Seok) et de sa fille Chung Jo (Lee Yoo Bi). A l’approche de ses vingt ans, Kang Chi ignore encore tout de ses origines. Il fait la connaissance de Dam Yeo Wool (Bae Suzy), une jeune fille experte en arts martiaux qui se fait passer pour un garçon et arpente les rues du village avec son bras droit Gon (Sung Joon).

C’est alors que ressurgit dans les parages le seigneur Jo Gwan Woong (Lee Sung Jae), qui fut responsable de la mort des parents de Kang Chi. Tandis que le chaos s’installe autour de lui, Kang Chi voit sa vie basculer définitivement lorsqu’il découvre qu’il n’est pas humain…

Lee Seung Gi dans Gu Family Book (MBC)

Diffusée entre le 8 avril et le 25 juin 2013 sur MBC, Gu Family Book est une série dotée d’un budget confortable : MBC y a investi environ 325 000 euros par épisode (cf. The Hankoryeh, 22 juillet 2013), auxquels il faut ajouter l’apport de la société de production Samhwa Networks.

Le drama réunit d’autre part deux valeurs sûres de la fiction télévisée locale, à savoir le réalisateur Shin Woo Cheol (Secret Garden) et la scénariste Kang Eun Kyung (King of Baking, Kim Tak Goo).

Visuellement, Gu Family Book est magnifique. La photographie de Hae Jae Yong et Kim Seon Gi n’est pas seulement soignée, elle distille constamment les splendides nuances de couleurs contenues dans les décors et les costumes, somptueux eux aussi. A ce rendu impressionnant vient s’ajouter une bande originale exceptionnelle, tant du côté des chansons (Yisabel, Baek Ji Young, The One, Lee Seung Gi, 4Men) que des musiques de fond, dignes d’un long métrage de cinéma.

Afin de situer l’intrigue de Gu Family Book, il convient de rappeler que le gumiho, ou renard à neuf queues, est l’équivalent coréen du huli jing chinois et du kistune japonais. Mais contrairement à ces derniers, qui peuvent faire preuve de bonté, le gumiho est un être maléfique qui prend systématiquement l’apparence d’une belle jeune femme pour leurrer les hommes et dévorer leur foie. Un monstre sanguinaire et attirant, qui résonne comme un symbole de la peur inspirée par la sexualité féminine, voire du libre-arbitre des femmes dans la société.

Depuis vingt ans, les représentations du gumiho se sont multipliées, mais ont toujours associé des femmes à un monde de ténèbres à connotation très yin.

En 2010, le drama My Girlfriend is a Gumiho revigore le mythe à travers un portrait solaire du gumiho, tout en imposant son héroïne Miho comme la première icône de son espèce. Trois ans plus tard, Gu Family Book va plus loin dans cette voie avec le personnage de Kang Chi et celui de son père, deux gumihos mâles affriolants qui possèdent chacun une identité visuelle forte. Le changement de sexe de la créature est loin d’être anodin car il refaçonne soudain la légende et ses implications.

En réalité, il existait déjà une légende, une seule, faisant intervenir un gumiho homme : The Maiden who Discovered a Kumiho through a Chinese Poem, dans lequel la séduisante créature tentait de se faire épouser par une jeune femme. C’est peut-être là la base du beau prologue de Gu Family Book, qui raconte le destin tragique de la créature mythique Gu Wol Ryung (Choi Jin Jyuk) et de l’humaine Seo Hwa (Lee Yeon Hee), les parents de Kang Chi.

A l’exception du dénouement, leur histoire évoque la légende du « Premier Coréen » Tan Gun, fruit de l’union du gardien spirituel du Mont Baekdu et d’une ourse (sa naissance, datée de l’an 2333 AC, est commémorée chaque mois d’octobre en Corée). Dans la légende, la créature divine rêve de vivre parmi les hommes, et élève l’animal femelle à la condition d’être humain au terme d’une épreuve qui dure cent jours.

Dans Gu Family Book, le gumiho mâle s’impose cent jours d’ascèse pour accéder au rang d’humain. C’est aussi lui qui commet le péché originel dont découleront les souffrances des générations suivantes, à moins que l’enfant né de son union avec l’humaine ne renverse le cours des choses.

Le propre des créatures mythologiques est que leur nature n’est jamais figée. Elle est au contraire perpétuellement appelée à évoluer au gré des récits oraux, écrits ou visuels qui les mettent en scène, et par conséquent au gré de l’imagination fertile des conteurs. Toutefois, certaines interprétations sont incontestablement plus marquantes que d’autres : celle que propose Gu Family Book du mythe du gumiho en fait partie.

Comme toutes les histoires reposant sur des fables ancestrales, celle-ci nous parle avant tout des humains, de leur difficulté à s’accepter les uns les autres mais aussi de leur capacité à aimer de manière inconditionnelle. Rien de prétentieux pourtant dans ce très beau drama au succès mérité, qui donne enfin ses lettres de noblesse au genre de la fantasy en Corée du Sud.

Si le thème du destin n’est pas une nouveauté dans les dramas coréens, Gu Family Book l’aborde à travers des approches narratives variées. Le cœur de l’intrigue est une aventure humaine intégrant des éléments de fantasy. Mais le drama raconte aussi une histoire d’amour aux valeurs résolument modernes.

Autour de cela, on fait le grand écart entre un ancrage dans l’univers du conte et l’esquisse d’une dimension historique, avec l’amitié qui unit Kang Chi au célèbre amiral Lee Soon Shin (il est respecté notamment pour avoir repoussé les invasions japonaises à la fin du XVIème siècle).

Cette mixture confère à l’ensemble une saveur nostalgique particulière, ce charme éthéré propre aux histoires éternelles, et que le dernier épisode vient mettre en perspective de façon originale et réjouissante.

Gu Family Book explore les sentiments de son personnage principal de façon subtile. Car c’est bien de Kang Chi dont il est question avant tout. Le drama a d’ailleurs hérité en cours de route du titre alternatif Kang Chi, the Beginning : on ne peut pas faire plus explicite.

Recueilli par une famille riche, Kang Chi est traité depuis son enfance en inférieur par rapport à Tae Seo et Chung Jo. Sous des dehors bienveillants, le seigneur Park en a fait un individu dont l’existence se limite à servir les nobles qui l’entourent. Cette responsabilité trop lourde l’empêche de prendre son envol dans la vie en venant s’ajouter à celle, écrasante, que lui ont légué ses parents.

Le moment de la transformation en gumiho représente par conséquent un choc effroyable pour Kang Chi qui découvre soudain qu’il a toujours été différent des autres sans le savoir. Dépossédé de son identité, il va être contraint de repartir de zéro afin de reconquérir sa place parmi les humains, mais aussi et surtout gagner une dignité qu’on ne lui a jamais réellement accordée.

Gu Family Book approche la métamorphose de Kang Chi à la façon des classiques du film de loup-garou, ou plutôt renard-garou (werefox, homme renard), à travers une scène spectaculaire située à la fin de l’épisode 6, que Shin Woo Cheol réalise avec beaucoup d’ingéniosité.

La série dispose à ce stade de peu de budget pour les effets spéciaux digitaux, contrairement aux deux premiers épisodes qui ont été produits en amont de la diffusion sur une période plus longue. Le réalisateur mise donc sur des effets artisanaux (maquillage, jeu sur les cadrages, les lumières, les sons) et sur l’interprétation pleine de fougue de son acteur principal. Ce qui aurait pu aisément tourner au fiasco – le ridicule n’est jamais loin avec ce genre de scène – s’avère au contraire convaincant à l’écran, d’un point de vue esthétique comme dramatique.

Après nous avoir époustouflés l’année précédente avec le rôle difficile du roi Lee Jae Ha dans le chef-d’œuvre The King 2 Hearts, Lee Seung Gi relève un nouveau défi en créant de toutes pièces un type de créature familier du monde du manga ou du comic book, mais complètement absent des écrans coréens jusqu’alors. Avec son physique gracieux, ses mèches noires en bataille, ses lentilles vertes et son maquillage tout en contrastes, il fait un gumiho à la fois ravissant et extrêmement sexy.

Plus on avance dans la série, et plus les transformations reposent sur la seule force de son jeu – même les bruits de bête émis par Kang Chi sont produits par lui, sans effet spécial (cf. TVDaily, 25 juin 2013).

A ce titre, on garde tout particulièrement en mémoire la fin de l’épisode 18, où il livre un numéro intense à vous coller des frissons, ainsi que le début de l’épisode 19, où il est très touchant en animal blessé – une séquence si éprouvante à jouer qu’il s’est évanoui plusieurs fois pendant les interminables heures qu’a duré le tournage (cf. Issue Daily, mai 2013).

Au-delà de sa dualité, plusieurs aspects font de Kang Chi un protagoniste principal rafraichissant dans l’univers des dramas coréens peuplé d’héritiers lunatiques. C’est un jeune homme de condition très modeste, qui possède un caractère foncièrement innocent et se révèle absolument dénué d’ambition. Évitant le piège de la mièvrerie, Lee Seung Gi en fait un personnage infiniment attachant, un être sincère, spontané, énergique, mais aussi imparfait, vulnérable.

Il transmet tout cela à travers les multiples expressions de son visage, dont les nuances sont un régal à observer quel que soit le ton de la scène. Il est particulièrement brillant dans les scènes d’émotion, comme en attestent ses confrontations avec Yoo Yeon Seok sur la fin de l’épisode 11 et celle de l’épisode 12 ; ou sa confession désespérée à Yoo Dong Geun, qui joue l’amiral Lee Soon Shin, dans la scène pivot de la série située au cœur de l’épisode 12.

Mais s’il est peut-être une scène qui résume la délicatesse du jeu de Lee Seung Gi, c’est cet échange fortuit avec Yoon Se Ah, qui joue sa mère, vers le milieu de l’épisode 19. Un face-à-face douloureux qu’il aborde avec une retenue poignante, faisant de ces quelques minutes un moment de toute beauté où le temps paraît suspendu.

Comme ses semblables les thérianthropes, Kang Chi doit vivre avec la crainte de heurter ses proches malgré lui lorsqu’il bascule dans son état berserk. Le bracelet qu’il porte au poignet gauche scelle la bête tapie au fond de lui, jouant un rôle assez similaire à celui de l’épée Tessaiga pour le héros d’InuYasha. Mais une fois le bracelet retiré, la seule personne susceptible d’apaiser la colère de l’homme-animal n’est autre que Yeo Wool, la jeune femme qui est tombée amoureuse de lui au premier regard.

Dès le départ, Kang Chi est ainsi perçu à travers les yeux de Yeo Wool, un regard plein de tendresse qui va le guider vers la lumière sur une route pavée d’obstacles. Durant la majeure partie du drama, il doit en effet endurer une discrimination constante du fait de la mixité de ses origines.

Yeo Wool n’est pas le personnage principal de Gu Family Book mais elle occupe une place primordiale dans l’intrigue, qui transcende la simple implication romantique. Par ses mots et ses actions, elle aide Kang Chi à devenir une personne à part entière, c’est-à-dire un être qui se respecte lui-même et qui est par là-même capable de se défendre contre les préjugés des autres. Surmontant ses angoisses de jeune femme amoureuse, elle est la seule qui lui voue une confiance inébranlable quand tout le monde l’abandonne.

Le point de vue de Kang Chi émerge davantage à mesure que l’histoire progresse, mais il ne fait que compléter la vision imposée par le regard de Yeo Wool – grâce à elle, nous savons déjà qui il est vraiment.

Si le manque d’expérience de Suzy transparaît dans les premiers épisodes, son jeu s’épanouit lentement à partir du milieu du drama, sa fraîcheur devenant alors un atout pour donner vie à cette jeune fille déterminée mais désarmante, aussi jolie en costume de combattante (coup de cœur pour la tunique turquoise et kaki qu’elle arbore à l’épisode 19) qu’en hanbok. La complicité de Suzy avec Lee Seung Gi apporte énormément à Gu Family Book qui regorge de ces petites scènes romantiques à la fois comiques et mignonnes dont les dramas coréens ont le secret.

A l’instar de Kang Chi, Yeo Wool navigue elle aussi dans un « entre deux », symbolisé justement par ce va-et-vient constant entre ses tuniques de garçon et ses robes de fille. Mais contrairement à lui, elle ne le vit pas comme une souffrance. Le fait de s’habiller en tunique la rend libre de ses mouvements et de ses pensées quand toutes les autres filles de son âge, Chung Jo la première, restent prisonnières de leur condition.

C’est d’ailleurs sous ce jour très indépendant qu’elle parvient à éveiller les sentiments de Kang Chi. Son père Dam Pyeong Joon (Jo Sung Ha) semble l’avoir bien compris, puisque pour l’éloigner de celui qu’il considère comme un monstre, il essaie de la forcer à redevenir une fille. En faisant cela, il ne fait que la mettre en danger.

Gu Family Book est ainsi émaillé de scènes de combat dont plusieurs reposent sur des concepts familiers du cinéma d’arts martiaux de Hong Kong. Parmi les séquences les plus réussies, citons Kang Chi et Yeo Wool contre les ninjas assassins fantômes qui les assaillent depuis les toits (épisode 5) ; Kang Chi, Yeo Wool et Gon encerclés par les soldats dans la forêt (épisode 20) ; ou encore les duels impliquant Kang Chi dans sa forme gumiho (épisodes 17 et 20 en particulier).

Chaque scène d’action est unique et joliment exécutée, tant du côté des comédiens que de la mise en scène.

Parmi les jeunes talents révélés par Gu Family Book, Lee Yoo Bi et Yoo Yeon Seok sortent du lot malgré des rôles moins flamboyants – antipathique pour la première et ingrat pour le second. Le cas de Chung Jo est intéressant à plus d’un titre, non seulement parce qu’elle vit un parcours d’émancipation aussi terrible qu’insolite, mais parce qu’elle s’impose comme la principale adversaire du méchant en titre du drama, en lieu et place du protagoniste principal.

Un défi que Lee Yoo Bi relève avec assurance, restituant avec justesse l’ambigüité de Chung Jo tandis que les couleurs de ses superbes costumes de gisaeng glissent des tons pastel de jeune fille en fleurs vers des teintes plus dures.

Quant à Tae Seo, le fils de bonne famille à qui tout semblait réussir, il en est réduit à tâtonner pour ne trouver ne serait-ce qu’un vague sens à sa vie. Yoo Yeon Seok, que l’on a connu persécuteur du loup-garou Song Joong Ki dans A Werewolf Boy, est très convaincant et son alchimie avec Lee Seung Gi fait plaisir à voir.

La scénariste joue néanmoins de drôles de tours à son personnage lorsqu’elle l’afflige d’une malédiction à la connotation plus qu’ambiguë. Victime d’une hypnose puissante, Tae Seo est persuadé que le fidèle Kang Chi est devenu son ennemi et il entreprend de le tuer. Or ce qui déclenche cette pulsion irrépressible, ce n’est pas un signal inconscient implanté dans son esprit, mais bien la simple vision de Kang Chi. Seule solution : bander les yeux de Tae Seo afin d’éviter qu’il ne se jette sur lui pour le transpercer de son épée…

D’autres indices corroborent le penchant de Tae Seo pour Kang Chi au cours de la série, mais cette mésaventure, qui n’enlève rien à la force des échanges entre les deux personnages par ailleurs, reste la plus drôle et la plus osée – et puis, on comprend Tae Seo.

Cette touche de second degré vient contrebalancer la perversité dont Jo Gwan Woong fait preuve durant tout le drama, notamment dans sa propension à s’approprier par tous les moyens les très jeunes filles qui lui tapent dans l’œil. Lee Sung Jae, qui nous avait déjà traumatisés avec un rôle de cadre sup’ sadique dans le film Public Enemy (Kang Woo Suk) il y a une dizaine d’années, met énormément de cœur à faire de cet officier corrompu la pire des ordures, de celles que l’on adore détester en savourant chacune de ses apparitions.

De son côté, Choi Jin Hyuk (I Need Romance) se montre sous un jour charmant durant les deux premiers épisodes, puis se mêle d’apporter du piment à l’aventure dans la peau d’un gumiho passé du côté obscur – il est captivant en prédateur silencieux dans les épisodes 13 à 15.

Moins à l’aise, Sung Joon (Shut Up Flower Boy Band) force la sympathie sur la durée, notamment dans ses chamailleries avec Lee Seung Gi sous l’œil exaspéré de Suzy. Dans la veine comique, citons aussi Jo Jae Yoon (Jeon Woo Chi), impayable dans le rôle du bouffon de service Ma Bong Chool.


Au bout du compte, Gu Family Book n’est pas l’histoire d’une quête héroïque. Dans un premier temps, la quête de Kang Chi semble classique : certain d’avoir tout perdu, il souhaite se débarrasser de sa dimension bestiale pour s’élever à la condition humaine. La scénariste Kang Eun Kyung a en réalité autre chose en tête, une vision nettement plus progressiste des choses : plutôt que de renier sa nature, Kang Chi doit apprendre à s’accepter tel qu’il est dans sa totalité, avec son étrangeté, avec ses faiblesses, avec son passé douloureux, mais aussi avec un héritage parental dont il ignore tout.

Lorsque ses deux parents, jusque-là réduits à l’état de légende lointaine, ressurgissent dans sa vie, c’est pour le malmener cruellement au moment où il pense avoir enfin trouvé un équilibre. L’idée de génie de la scénariste est d’avoir donné corps au passé et au présent à travers ces deux histoires romantiques émouvantes, et de les avoir fait s’entrechoquer pour servir son propos.

L’intrigue de Gu Family Book fonctionne très bien au premier degré. Mais elle peut tout aussi bien être interprétée comme une allégorie du fardeau parfois destructeur qui se transmet inconsciemment de génération en génération. Kang Chi va-t-il se montrer aussi fort que Yeo Wool et lui accorder entièrement sa confiance, sans prendre peur au dernier moment et répéter l’erreur de son père ?

La question cruciale qui hante Gu Family Book est donc de savoir si les adultes – les parents de Kang Chi mais aussi le père de Yeo Wool – consentiront ou non à régler leurs conflits entre eux afin de libérer leurs enfants d’un poids qui les entrave injustement. La série vient ainsi subvertir avec force la morale confucéenne de stricte piété filiale. La présence dans l’intrigue de la figure héroïque de l’amiral Lee Soon Shin, qui s’impose comme le second mentor de Kang Chi après Yeo Wool, confère à l’ensemble une résonnance historique discrète mais pertinente.

Gu Family Book a été un succès en Corée du Sud. Débutant sur un score honorable de 11,2% de parts de marché (chiffres AGB Nielsen), le drama a vu son audience décoller dès le troisième épisode pour atteindre 19,5% sur le dernier. A l’échelle locale comme internationale, Gu Family Book est la série la plus lucrative de 2013 pour MBC. Elle est même inscrite dans le 10 des Hallyu Dramas de la chaîne, qui remonte jusqu’à 2003.

Diffusée à Taiwan, à Hong Kong, en Indonésie ou encore au Japon, Gu Family Book est aussi le drama coréen le plus regardé aux Philippines, battant le record détenu depuis 2012 par Rooftop Prince. Et ce n’est sans doute pas fini.

La fin de Gu Family Book donne l’impression d’appeler à une suite mais ce ne sera probablement pas le cas malgré ces bons chiffres. Lee Seung Gi espérait par-dessus tout que ce drama reste dans le cœur des spectateurs pendant longtemps, même une fois terminé (cf. Issue Daily fin mai 2013).

Son vœu a été exaucé au-delà des attentes : Gu Family Book s’apprécie avec autant d’émerveillement à la seconde vision, voire aux suivantes. Il y a lui-même largement contribué grâce à une dévotion qui transparaît dans chaque épisode. En plus d’avoir consacré beaucoup de temps à aider sa partenaire Suzy à travailler son jeu, Lee Seung Gi est aussi le seul à avoir assuré la promotion de Gu Family Book dans le reste de l’Asie dans les mois qui ont suivi sa diffusion.

A la passion de Lee Seung Gi s’ajoute la belle dynamique d’ensemble d’un casting attachant réunissant un certain nombre de jeunes talents qui ont confirmé leur potentiel depuis, tels que Yoo Yeon Seok, Choi Jin Hyuk ou encore Sung Joon – Lee Yoo Bi ne devrait pas tarder à faire parler d’elle non plus. Raison de plus pour se ruer sur cette œuvre pleine de rêve et de magie.

Caroline Leroy

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