Critique : Nice Guy, thriller de vengeance avec Song Joong Ki

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Le charisme de Song Joong Ki est pour beaucoup dans la réussite de ce revenge drama très joliment ficelé qui s’impose comme un classique du genre.

Avec le drama coréen Nice Guy (ie. The Innocent Man), grand succès de l’année 2012 sur KBS2, Song Joong Ki prouvait qu’il était une valeur sûre de la nouvelle génération d’acteurs du petit écran. A ses côtés, l’actrice Moon Chae Won livre elle aussi l’une des ses interprétations les plus mémorables dans la peau d’une jeune femme attachante et complexe. Si vous aimez comme moi les bons mélos aux scénarios alambiqués et aux personnages jusqu’au-boutistes, Nice Guy est fait pour vous.

Kang Maru (Song Joong Ki), un étudiant en médecine prometteur, est amoureux depuis longtemps de sa voisine Han Jae Hee (Park Si Yeon), une reporter de télévision. Un soir, alors que sa petite sœur Choco (Lee Yoo Bi) est malade, Maru décide d’accourir plutôt chez Jae Hee qui vient de l’appeler au secours. Quand il découvre que celle-ci vient de tuer un homme, il accepte par amour pour elle de se rendre à sa place. Mais lorsqu’il sort de prison quelques années plus tard, Maru s’aperçoit que Jae Hee a épousé un riche PDG et mène une vie confortable. Pour se venger d’elle, il entreprend de séduire la fille de cet homme, Seo Eun Gi (Moon Chae Won), une jeune femme froide et prétentieuse, héritière désignée du conglomérat. Contre toute attente, Eun Gi tombe amoureuse de Maru…


Avec Nice Guy, diffusé entre septembre et novembre 2012, l’acteur Song Joong Ki concluait en beauté une année particulièrement faste pour sa carrière. Le succès de ce drama faisait en effet suite au triomphe rencontré en salles par le film A Werewolf Boy, dans lequel il tenait la vedette aux côtés de Park Bo Young. Depuis, il est devenu la star que l’on sait, à la suite du raz-de-marée Descendants of the Sun.

En regardant Nice Guy aujourd’hui, on se rend compte à quel point les dramas ont changé en l’espace de quelques années, que ce soit dans l’image, plus chiadée, ou bien dans la narration, plus découpée. Avec sa facture un peu soap – même si la photographie est belle – , il nous ramène instantanément à cette époque pas si lointaine où les dramas coréens ne cherchaient pas encore à faire du cinéma.

Et pourtant… Nice Guy surclasse aisément la plupart des productions récentes du genre vengeance / mélodrame, s’inscrivant davantage dans la lignée du superbe Bad Guy avec Kim Nam Gil (en moins sulfureux) que dans celle du décevant Goodbye Mr. Black.


S’il s’agit de l’une des premières réalisations de Kim Jin Won (Wonderful Days, The Package), le scénario est en revanche confié à l’une des grandes spécialistes du mélodrame : Lee Kyoung Hee, à qui l’on doit Let’s Go To School, Sang Doo! et A Love To Kill avec Rain, ainsi que Uncontrollably Fond avec Kim Woo Bin. Celle-ci signe avec Nice Guy son meilleur drama. On y trouve tout ce qui fait le sel des grands mélo coréens : de l’amour, de la passion, des secrets, des trahisons, de l’amnésie, des sacrifices… L’intrigue réserve de nombreux rebondissements qui stimulent plus d’une fois notre imaginaire romantique.

Tout d’abord, l’ensemble est très cohérent, tant sur le plan du développement de l’intrigue que de la psychologie des protagonistes principaux comme secondaires. The Innocent Man surprend par le sentiment d’urgence qui se dégage de cette histoire où les personnages sont avant tout définis par leur failles.


Ensuite, le drama est traversé par un vrai souffle romanesque, qui vient nous saisir dès que résonnent les géniales premières notes du titre Lonely, un rythme au violon annonçant crescendo le beau générique hanté par le regard mélancolique de Song Joong Ki.

Véritable homme fatal, Kang Maru, le héros de Nice Guy, est pris en étau entre deux femmes qui nourrissent à son égard une obsession malsaine. D’un côté, Jae Hee fait tout pour conserver son pouvoir sur lui après l’avoir honteusement trahi ; de l’autre, Eun Gi se dit prête à tout abandonner pour lui,  fortune, famille, honneur, alors qu’il la rejette.

A la fois bourreau et victime, Maru navigue de l’une à l’autre en affichant un certain cynisme, n’hésitant pas à se servir de la naïve Eun Gi pour parvenir à ses fins, et tombant parfois l’instant d’après dans le piège tendu par la manipulatrice Jae Hee.


Mais Maru est l’“homme gentil” de l’histoire (traduction littérale de “착한남자”) désigné dans le titre original, et si les années difficiles semblent l’avoir changé, sa vrai nature finit par le rattraper, rendant sa quête moins évidente au fur et à mesure qu’il s’approche du but.

Deux ans seulement après avoir été révélé dans Sungkyunkwan Scandal, Song Joong Ki endosse là le premier rôle principal de sa carrière. Il exprime à la perfection l’ambivalence de Maru, jouant de son regard pénétrant et distribuant les sourires enjôleurs tandis qu’il promène son spleen avec élégance. La sobriété de son jeu ancre constamment le drama dans un certain réalisme, même lorsque le scénario s’autorise quelques glissements vers le makjang.


Dans le rôle de Seo Eun Gi, cette héritière arrogante qui se métamorphose en amoureuse transie, Moon Chae Won est l’autre âme de Nice Guy. L’attitude masochiste de Eun Gi rappelle un peu l’héroïne de A Love To Kill jouée par Shin Min Ah, qui décide elle aussi de tout plaquer par amour. Toutefois, à la différence de cette dernière, Eun Gi révèle de multiples facettes au long de son parcours initiatique, au point de devenir le protagoniste le plus imprévisible du drama – dans le bon sens du terme. C’est un personnage qui se découvre elle-même, que l’amour rend plus faible dans un premier temps, et plus forte par la suite.

Moon Chae Won (The Princess’ Man) déploie toute la versatilité de son jeu d’actrice pour exprimer la transformation profonde qui s’opère peu à peu chez Eun Gi. Parmi ses meilleures scènes, on reste marqué par son émouvante confession à Song Joong Ki alors qu’elle est trempée par la pluie, à la fin de l’épisode 7. Le temps d’un monologue désespéré de quelques minutes, elle parvient à transmettre toute la vérité de son personnage qui se trouve alors à un carrefour de sa vie.


Troisième protagoniste principal, Han Jae Hee fait une adversaire assez originale et intéressante. Le jeu de Park Si Yeon (My Girl) n’est pas le plus détaillé, mais elle compose dans l’ensemble une méchante ambiguë à souhait, dont les motivations s’avèrent souvent insaisissables au moment où on croit voir clair dans son jeu. Jae Hee a la particularité d’entretenir une relation personnelle avec les deux autres personnages : elle est l’ancien amour du premier et la belle-mère de la seconde.

Les deux femmes se retrouvent fatalement en opposition, mais pas uniquement pour les beaux yeux de Maru. Leur rivalité s’étend aux faveurs du tout-puissant père de Eun Gi et par extension à l’héritage du groupe Taesan.


Comme dans ses autres dramas, la scénariste Lee Kyoung Hee s’intéresse dans Nice Guy aux rapports d’emprise et de domination des êtres humains les uns sur les autres, à leur propension à se garder enfermés à double tour dans une prison mentale dont personne d’autre qu’eux-mêmes ne peut venir les délivrer. Cette malédiction concerne aussi les personnages secondaires, qui tous ou presque s’accrochent à quelqu’un d’autre de manière irrationnelle.

C’est le cas de Park Jae Gil, joué par Lee Kwang Soo (It’s OK, That’s Love) qui squatte chez Maru dès qu’il le peut, ou encore de la sœur de Maru, Choco, jouée par Lee Yoo Bi (Gu Family Book) qui voue longtemps à Jae Gil un amour à sens unique.

Mais c’est aussi le lot de Park Joon Ha, l’avocat de Eun Gi joué par Lee Sang Yeob (While You Were Sleeping), qui aime la belle héritière en silence, et du machiavélique secrétaire Ahn Min Young joué par Kim Tae Hoon (Bad Guys), qui se damnerait pour Han Jae Hee. Sans oublier le frère de cette dernière, le délinquant Han Jae Sik joué par l’acteur et réalisateur Yang Ik June (Breathless), fasciné malgré lui par Maru et ses proches…


Au passage, le casting secondaire de Nice Guy est un vrai plaisir à découvrir, certains acteurs ayant depuis largement fait leurs preuves dans des rôles plus conséquents. On note que Lee Kwang Soo retrouvait pour l’occasion son ami Song Joong Ki, qu’il avait côtoyé dans le variety show Running Man entre 2010 et 2011.

Enfin, signalons pour finir la très belle bande originale de Nice Guy, qui parachève le tout avec des musiques d’ambiance particulièrement réussies, et des chansons au diapason, telles que la jolie ballade 사랑은 눈꽃처럼 chantée par Xia Junsu en fin d’épisodes, et le superbe titre rétro 착한 여자 chanté par Lee Soo Young.

Caroline Leroy

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