Song Joong Ki et Song Hye Kyo forment un couple glamour dans Descendants of the Sun, la référence ultime du drama d’amour à la coréenne.
Dans un contexte où les dramas coréens s’exportent de plus en plus, Descendants of the Sun ressemble au premier abord à une vitrine conçue pour démontrer au public international le niveau de production des séries coréennes actuelles. Oui, mais une belle vitrine, puisque la qualité vaut largement ses 15 millions de dollars de budget.
Porté par un casting glamour, Descendants of the Sun s’affiche comme une histoire d’amour sur fond de guerre, habitée par un souffle lyrique et mâtinée de scènes d’action spectaculaires. Je ne boude pas mon plaisir.
Véritable carton en Corée du Sud (33,9% d’audience pour le 9e épisode), le drama s’offre une diffusion simultanée en Chine, où il cumule déjà plus d’1,1 milliard de vues sur la plateforme iQiyi, et s’est déjà vendu dans une trentaine de pays, dont les États-Unis et la France !
Le fil directeur de Descendants of the Sun est la romance entre Kang Mo-yeon (Song Hye Kyo), chirurgienne, et Yoo Shi-jin (Song Joong Ki), militaire affecté aux forces spéciales. Entre une femme au métier très prenant et un homme susceptible d’être dépêché n’importe où dans le monde et à n’importe quel moment, il n’est guère facile de vivre une histoire d’amour paisible.
Mo-yeon est vite découragée par les contraintes liées au travail de son partenaire et finit par rompre. Quelques mois plus tard, elle subit le harcèlement du directeur de son hôpital et accepte une mutation au fin fond du Moyen-Orient, où une équipe médicale se forme afin de soutenir les forces spéciales. Shi-jin se trouve être en pleine opération sur les lieux.
Le couple Song Joong Ki et Song Hye Kyo fait des étincelles
Si vous aimez les fresques romantiques, mais que vous trouvez, comme moi, que le cinéma occidental a perdu son savoir-faire en la matière, ce feuilleton est fait pour vous. Descendants of the Sun renoue joliment avec un certain classicisme et un lyrisme assumés pour développer une romance évoluant au rythme des dangers et situations extrêmes.
Il y a quelque chose d’un peu rétro dans l’ancrage de la romance dans un contexte de guerre, qui rappelle un certain cinéma américain d’après-guerre. Sauf que le personnage féminin ne perd pas son temps à attendre le retour de son bien aimé : elle exerce elle aussi un métier d’expertise, celui de chirurgienne, et sauve des vies. La mode est aux personnages féminins forts à la télévision coréenne.
Comme de bien entendu, la romance débute par une phase de séduction qui tourne au choc de personnalités. Les dramas coréens sont passés maîtres dans l’art de raconter cette phase préliminaire à l’amour, ce moment où chacun joue un rôle, s’accroche à sa fierté, mais où la complicité se crée à travers des petits riens que le récit saura nous rappeler en temps voulu.
La scénariste Kim Eun Sook (Secret Garden, The Heirs) démontre à ce titre tout son savoir faire dans l’écriture de situations romantiques imprévisibles.
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Au premier plan, le couple d’acteurs fait des étincelles. Mo-yeon est interprétée par Song Hye Kyo (Full House, The Grandmaster). La belle actrice de 34 ans impose immédiatement sa présence face à Song Joong-Ki (Innocent Man, Werewolf Boy), 30 ans, dont le visage juvénile n’enlève rien à son charisme.
Soulignons qu’il est banal de constater une différence d’âge dans ce sens-là dans un drama coréen, là où les fictions françaises et américaines valorisent les couples où l’homme a dix ou quinze ans de plus que sa partenaire.
Entre humour, lyrisme et action spectaculaire
En dépit du contexte, le ton n’est pas véritablement au mélodrame, un genre qui a longtemps dominé à la télé coréenne, mais plutôt à la comédie romantique grâce à des échanges dialogués pétillants.
Le lyrisme n’est cependant pas laissé de côté : la chanson Always de Yoon Mirae apporte la touche sentimentale que l’on attend dans toute histoire d’amour.
La charge dramatique ressort surtout dans les épreuves traversées par les personnages, qui ont en commun d’exercer un métier en contact direct avec la mort.
Le début de l’épisode 2 fait ainsi ressortir cette singulière connexion en mettant en parallèle une opération chirurgicale difficile menée par Mo-yeon, et une intervention militaire au cours de laquelle Shi-jin abat un Taliban qui s’apprête à égorger deux otages américains devant une caméra.
Le propre des dramas coréens est d’ancrer l’intrigue romantique dans une histoire fusionnant les genres. Dans Descendants of the Sun, on passe de la pure comédie romantique au film de guerre, à la série médicale dans les scènes d’opération, et même au film catastrophe, comme dans l’épisode 6 qui comporte une scène de tremblement de terre particulièrement spectaculaire.
Tourné en partie en Grèce, Descendants of the Sun donne la part belle à des paysages somptueux, qui participent au souffle romanesque de l’histoire et très certainement au succès du drama en Asie.
Le thème militaire explique aussi le carton en Corée du Sud, où les hommes ont l’obligation d’effectuer deux ans de service (le pays est officiellement en guerre contre son voisin du nord), dont cinq semaines d’entraînement physique particulièrement intensif. Le fait que l’acteur Song Joong Ki revienne lui-même tout juste de son service lui apporte une certaine crédibilité auprès du public masculin.
Petits arrangements avec la géographie
L’action se fixe très vite à Urk, une zone de guerre fictive censée se situer aux abords de la méditerranée (Urk rappelle Uruk, ancien nom d’une ville d’Irak). Pourquoi une nation fictive ? En conférence de presse, l’équipe a confié vouloir éviter tout incident diplomatique.
On comprend aisément pourquoi dès l’épisode 3, où un chef arabe blessé échoue avec ses gardes du corps dans le camp militaire sud-coréen. Percevant le risque de mort imminente du patient, Mo-yeon veut l’opérer sans attendre mais les gardes du corps menacent d’abattre la chirurgienne si elle pose son scalpel sur leur chef, qui ne doit être opéré que par un médecin arabe.
La situation se corse lorsque Shi-jin et ses coéquipiers sortent les armes, désobéissant à leur hiérarchie qui veut à tout prix plier pour éviter les ennuis. Consciente qu’elle n’a pas droit à l’erreur, la jeune femme finit par opérer dans cette ambiance pour le moins tendue…
Que l’on se rassure, le pays fictif est par ailleurs montré avec bienveillance : le véritable méchant de l’histoire est bien entendu coréen ! Il pourra cependant paraître surprenant, pour un œil occidental, de voir les Coréens prendre un rôle habituellement réservé aux Américains dans les films de guerre : celui du soldat ou médecin issu d’un pays riche, qui soigne les enfants du pays en guerre, distribue les barres chocolatées ou enseigne les réflexes élémentaires d’hygiène.
Nous réalisons alors à quel point le cinéma américain nous a conditionnés à une représentation unique, celle de l’Occidental sauveur qui répand la civilisation en zone de guerre, l’Asiatique étant généralement montré comme un ennemi ou une victime.
Un espoir pour les équipes techniques coréennes
Pour l’instant, le seul bémol à mes yeux vient d’une partie du casting secondaire. Si les interprètes des médecins qui accompagnent Mo-yeon sont tous convaincants (Lee Seung-Joon, excellent, et Onew du groupe SHINee, touchant en fashion victim qui va apprendre la vie dans des conditions extrêmes), Jin Goo s’avère plutôt décevant car complètement monolithique – dans les scènes avec Kim Ji Won, c’est elle qui fait tout le boulot!
Mais c’est surtout le méchant qui aurait gagné à bénéficier d’un véritable interprète, de même que ses acolytes, qui rappellent un peu les méchants Occidentaux des films de Hong Kong des années 90 (et croyez-moi, ce n’est pas un compliment !).
Avec son succès phénoménal dans plusieurs pays, Descendants of the Sun démontre aussi qu’il est possible, pour un drama coréen, d’être rentable même lorsque le tournage s’effectue intégralement à l’avance.
Comme les aficionados le savent, les équipes des séries coréennes souffrent des rythmes de tournage frénétiques imposés par les chaînes, en particulier lorsque le drama arrive en live shooting, c’est-à-dire en tournage simultané avec la diffusion, à raison de deux épisodes par semaine.
Si les dramas coréens comptent partir à la conquête du marché mondial, ce qui est clairement l’intention des chaînes coréennes aujourd’hui (TF1 s’est d’ailleurs récemment associé à Dramapassion pour en diffuser), il va falloir remettre en question le mode de production.
Plusieurs équipes s’y emploient actuellement, entre celles qui optent pour le rythme à l’américaine d’un épisode par semaine, et celles qui choisissent de produire la série à l’avance, un modèle plus propice aux séries à gros budget comme celle qui nous intéresse, ou IRIS il y a quelques années.
Le carton du drama Descendants of the Sun devrait apporter des arguments à ceux qui militent en faveur des conditions de travail des équipes.
Elodie Leroy
Cet article est une version révisée de mon billet publié sur L’Obs.
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