The Crowned Clown Ep. 1-2 : Yeo Jin Goo magistral

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Dans cette série historique coréenne, Yeo Jin-Goo reprend avec brio le rôle tenu par Lee Byung-Hun dans le film Masquerade. Mieux que l’original ? Notre avis sur les 2 premiers épisodes.

L’année 2019 commence sur les chapeaux de roues avec The Crowned Clown, drama coréen dans lequel Yeo Jin Goo interprète deux rôles : un roi et un clown embauché de force pour devenir sa doublure. Que penser de ce nouveau sageuk à gros budget sorti par tvN ? Nous avons vu les deux premiers épisodes du drama. La réalisation puissante de Kim Hee Won et l’interprétation magistrale de Yeo Jin Goo nous ont fait forte impression.

Synopsis : Une nuit, dans le palais royal de Joseon, un roi s’éteint devant ses deux fils. Ses derniers mots adressés au prince Lee Hun (Yeo Jin Goo) sont durs. Il est effrayé à l’idée de laisser le royaume aux mains d’une personne comme lui. Lorsque le roi Lee Hun prend le trône, il est cerné par la corruption et les complots. Soupçonnant un projet d’assassinat, il fait venir un clown, Ha Seon (Yeo Jin Goo), qui lui ressemble trait pour trait. Ha Seon n’a pas le choix : il doit se prêter à cette imposture.

De Lee Byung Hun à Yeo Jin Goo

Après Goblin en 2017, puis Hwayugi: A Korean Odyssey, Mr. Sunshine et Memories Of The Alhambra en 2018, The Crowned Clown est la nouvelle superproduction diffusée sur tvN. En peu de temps, la chaîne câblée a conquis la place de leader dans le domaine des productions de luxe sur le petit écran coréen. Et puisque le drama The Crowned Clown est un sageuk débutant en janvier 2019, il entre presque en concurrence avec Kingdom, la production Netflix attendue pour la fin du mois… Lequel de ces deux dramas marquera les esprits ?

Si vous aimez le cinéma coréen, le point de départ de The Crowned Clown ne vous est peut-être pas inconnu. Et pour cause, il s’agit de l’adaptation en série de Masquerade, long métrage réalisé en 2012 par Choo Chang Min, avec Lee Byung Hun et Han Hyo Joo dans les rôles principaux. Ils sont respectivement remplacés par Yeo Jin Goo (Circle: Two Connected Worlds) et Lee Se Young (Hwayugi: A Korean Odyssey), qui interprètent le roi/clown et la reine dans le drama.

Yeo Jin Goo dans le rôle du roi (The Crowned Clown)

Dès les premières images de l’épisode 1, The Crowned Clown annonce la couleur : mise en scène et cinématographie impressionnantes, décors et costumes sublimes, acteurs irréprochables. Le drama nous saisit immédiatement aux tripes par son ambiance pesante et sa puissance visuelle. L’atmosphère cérémonieuse et dénuée de chaleur humaine du palais est restituée avec réalisme, le sang est versé avec brutalité. A aucun moment le ton du drama ne flirte avec le mélodrame.

Sans jamais abuser d’effets spectaculaires, la réalisatrice Kim Hee Won (Money Flower) utilise tous les ressorts du langage cinématographique pour imprégner les scènes tragiques d’une véritable tension dramatique, utilisant à bon escient un thème musical au violon pour marquer le caractère inéluctable de certains événements.

Yeo Jin Goo et Lee Se Young dans The Crowned Clown

Le drama se teinte de moments plus légers dès lors que nous sortons de l’enceinte du palais pour rejoindre le clown Ha Seon, sa sœur Dal Rae (Shin Soo Yeon), son ami Gab Soo (Yoon Kyung Ho) et leurs joyeux compagnons. La bonne humeur des petites gens n’est que temporaire : le palais demeure le centre de gravité de l’intrigue.

Le roi devant son Doppelganger

En confiant les rôles du roi et du clown à Yeo Jin Goo, le drama prend le parti de rajeunir considérablement ces deux personnages. Même si nous avions adoré Lee Byung Hun dans le film, ce choix n’est pas nécessairement un mal.

Tout d’abord, le défi de prendre la suite de Lee Byung Hun est admirablement relevé. Yeo Jin Goo est un acteur surdoué et expérimenté, dont le niveau est largement comparable à celui des grands acteurs de la génération Lee Byung Hun.

Ensuite, l’âge du roi Lee Hun permet de mettre l’emphase sur la cruauté de la microsociété que représente le palais royal, une cruauté telle qu’un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence se transforme en monstre. Comment ce roi aux traits juvéniles est-il devenu aussi sinistre et sanguinaire ? A travers un langage corporel que seul un grand acteur peut déployer avec autant de finesse, Yeo Jin Goo apporte toutes les nuances nécessaires à ce roi antipathique jusqu’au bout des ongles et proche de la folie, mais qui semble également cacher une grande souffrance.

L’une des meilleures scènes de ce premier segment est la rencontre entre le roi et le clown, un face-à-face où se mêlent terreur, stupéfaction et fascination. Le roi se trouve face à son Doppelganger. A moins que ce ne soit Ha Seon qui réalise soudain qu’il est en présence de son double négatif.

Si l’épisode 1 est centré sur le roi, l’épisode 2 adopte le point de vue du clown, qui doit s’adapter à la vie du palais et à son nouveau costume, ce qui occasionne quelques moments cocasses (comme dans le film). Ce qui n’empêche pas l’horreur de pointer le bout de son nez à l’improviste et de faucher des personnages innocents.

Yeo Jin Goo incarne le jeune Ha Seon avec le même talent. Au contraire du roi, le clown est un jeune homme idéaliste et bienveillant, voire naïf. A mesure qu’il prend conscience de la menace permanente qui pèse sur lui, il se laisse peu à peu gagner par l’effroi. Ha Seon sera-t-il broyé par ce monde sans pitié ?

A travers le parallèle ironique entre la position du roi et le métier de clown, qui se confondent en un seul personnage avançant masqué, l’histoire porte un regard acerbe sur la fausseté du monde politique. Ce dernier devient presque un spectacle comme un autre, à ceci près qu’il joue avec la vie des êtres humains.

Lee Se Young face à Yeo Jin Goo

Une seule personne semble connaître le visage caché du roi : la reine So Woon. Cette dernière est encore entourée de mystère à l’issue de ces deux épisodes, mais le développement du personnage s’annonce plus intéressant que dans le film Masquerade, qui laissait peu de place aux femmes, à l’instar de beaucoup de films coréens à gros budget (Han Hyo Joo était sous-employée).

Lee Se Young incarne la reine dans The Crowned Clown

La reine est interprétée avec beaucoup de grâce par Lee Se Young, jeune actrice talentueuse dont la notoriété a grandi l’année dernière grâce à son (double) rôle marquant dans le drama Hwayugi: A Korean Odyssey. Elle apporte à la reine une mélancolie et un charisme doux, suscitant une réelle curiosité chez le spectateur. Le face-à-face entre Yeo Jin Goo et Lee Se Young promet beaucoup pour la suite. L’alchimie entre les acteurs est évidente, et ce, avec les deux personnages de Yeo Jin Goo !

Le drama est aussi l’occasion de retrouver quelques têtes connues. Le casting a entièrement été renouvelé par rapport au film, à l’exception d’une personne : Jang Gwang (Moonlight Drawn By Clouds, Cross), qui reprend son rôle d’eunuque accompagnant le souverain.

Yeo Jin-Goo en Ha Seon et Kim Sang-Kyung en secrétaire royal

Les rôles secondaires ont tous été judicieusement choisis. Le glaçant Lee Kyu est interprété par Kim Sang Kyung (Memories Of Murder, Turning Gate), excellent, la sœur de Ha Seon par la jeune Shin Soo Yeon (Saimdang, Mr. Sunshine) et son ami Gab Soo par Yoon Kyung Ho (Duel, Mr. Sunshine). Remarquée dans Thirty But Seventeen, la jeune Park Si Eun laisse quant à elle une empreinte émotionnelle dans le rôle de la servante Kye Hwan.

Enfin, l’acteur Jang Hyuk (Voice), qui était la vedette du drama Money Flower de la même réalisatrice, fait une apparition sympathique en roi mourant au tout début du drama.

Une femme aux commandes du drama

Pour finir, je me réjouis de voir que Studio Dragon confie les commandes de l’une de ses productions phares de l’année à une réalisatrice, c’est-à-dire Kim Hee Won.

En effet, un obstacle classique à l’ascension des femmes dans le monde des réalisateurs, qui fonctionne beaucoup par cooptation, est la difficulté pour elles d’être sur des projets dotés de budgets conséquents et tournés vers le grand public. Le cinéma coréen en est le parfait exemple : les réalisatrices ne trouvent leur place que dans le cinéma d’auteur – au passage, le cinéma français ne fait guère mieux. Voir un nom féminin à la tête du générique de The Crowned Clown a mis du baume au cœur à la féministe que je suis.

A l’issue du second épisode, presque tout le film Masquerade a été couvert ! Que nous réserve la suite ? Cette entrée en matière met véritablement l’eau à la bouche. J’espère que le drama maintiendra cette intensité jusqu’au bout.

The Crowned Clown est diffusé sur tvN du 7 janvier 2019 au 26 février 2019. Il est à noter que chaque épisode dure environ 1h30. On souhaite le retrouver bientôt avec des sous-titres français sur Netflix.

Elodie Leroy

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Affiche de The Crowned Clown
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