Still 17 Ep. 1-4 : entre humour décalé et émotion

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Les premiers épisodes de Thirty But Seventeen nous entrainent dans une romance imprévisible réunissant deux jeunes acteurs pleins de grâce, Shin Hye Sun et Yang Sejong. Le drama s’annonce déjà comme l’une des jolies surprises de l’été.

Diffusé sur SBS depuis le 23 juillet 2018, Thirty But Seventeen (ou Still 17) narre les destins croisés de Woo Seo Ri (Shin Hye Sun), une violoniste virtuose, et Gong Woo Jin (Yang Sejong), un décorateur de scène. La première a vu son adolescence brutalement interrompue par un grave accident qui l’a plongée dans un long coma. Lorsqu’elle se réveille, treize ans plus tard, c’est pour découvrir qu’elle a trente ans. Le second s’est plus ou moins fermé au monde à la suite d’un traumatisme vécu à l’adolescence. Tous deux vont se rencontrer dans des circonstances insolites et, qui sait, peut-être guérir ensemble de leur passé.

Le tout premier teaser de Thirty But Seventeen faisait son petit effet, avec son atmosphère irréelle et surtout l’accoutrement déconcertant de Yang Sejong, transformé en homme des bois. Mais il aura fallu attendre la vidéo highlight, qui couvre justement les huit premiers épisodes, pour que le public commence à trépigner d’impatience – à raison.

Il faut dire que Thirty But Seventeen est entre de bonnes mains. Jo Soo Won est le réalisateur de I Hear Your Voice et Pinocchio, tandis que l’on doit à la scénariste Jo Sung Hee les perles que sont She Was Pretty et King of High School Life Conduct.

Avec ces deux talents à l’œuvre, Thirty But Seventeen distille un charme irrésistible qui repose sur un parfait équilibre entre humour et émotion. Le ton enlevé des dialogues, allié à la réalisation dynamique de Jo Soo Won, nous immergent dès les premières séquences dans le tumulte de l’adolescence de Seo Ri, puis de Woo Jin.

On apprend ainsi que Woo Jin a développé dans son coin un crush sur Seo Ri, qui découvre son existence lorsqu’il ose enfin l’aborder dans un bus.

La scène de l’accident du bus, très impressionnante, marque toutefois la fin de l’insouciance pour nos héros. Filmé sous une pluie diluvienne, ce carambolage nocturne produit d’autant plus d’impact à l’écran qu’il est appréhendé à travers plusieurs points de vue, intérieurs (Seo Ri et son amie, le conducteur du bus) et extérieurs (Woo Jin, qui les suit de loin). De la belle ouvrage.

Le réalisateur accorde le même soin à filmer ses acteurs à l’âge adulte. Au cours de ces épisodes de Thirty But Seventeen, on est frappé à plusieurs reprises par ces plans inspirés sur les visages de Yang Sejong et Shin Hyesun, des images comme suspendues qui mettent l’emphase sur la subtilité de leurs expressions.

A travers ce drama, la scénariste confronte l’univers des adolescents et des adultes, comme elle l’avait déjà fait avec King of High School Life Conduct, où un ado de 17 ans était contraint d’usurper l’identité de son grand frère cadre sup’ dans une grande entreprise, et tombait amoureux de sa secrétaire trentenaire.

Dans Thirty But Seventeen, c’est au tour de l’héroïne de vivre le choc des âges, sous forme d’un traumatisme cette fois. Le drama a beau être estampillé « comédie romantique légère », ce que vit Seo Ri lorsque nous la découvrons à l’âge adulte, est absolument terrible. Entre son réveil douloureux et le moment où elle prend conscience de la réalité de sa situation, elle plonge dans un gouffre sans fond. Ses jeunes années se sont déjà envolées, elle se sent seule au monde.

Les premiers épisodes de Thirty But Seventeen ont pour fil directeur les errances de Seo Ri, et le ton comique qui prévaut vient donner du relief au personnage en dédramatisant ses interactions avec les autres : c’est peut-être parce qu’elle a conservé un esprit d’ado qu’elle pourra surmonter sa tragédie personnelle.

Ce sentiment est palpable lors de cette séquence vertigineuse qui la voit arpenter les rues de la ville, découvrant éberluée un Séoul qu’elle n’a pas eu la chance de voir changer – l’occasion de constater à quel point la ville est en perpétuelle mutation. Une autre déconvenue l’attend encore un peu plus tard : comment justifier ce trou béant dans son CV, et son absence totale de diplôme?

Shin Hye Sun, que l’on avait plutôt l’habitude de voir dans des rôles sérieux (Stranger, My Golden Life), est épatante en Woo Seo Ri. Depuis sa voix haut perché à ses expressions de visage en passant par ses attitudes puériles, tout en elle évoque une jeune fille. Elle est drôle, elle est parfois soûlante comme peuvent l’être les ados en ébullition, mais elle est tout autant mignonne et attendrissante.

Si Shin Hye Sun doit avoir l’air plus jeune, Yang Sejong doit de son côté relever le défi d’avoir l’air plus vieux qu’il n’est en réalité. Il a cinq ans de moins de Gong Woo Jin, et à peine trois ans de plus que Ahn Hyo Seop qui interprète son neveu, alors que les deux personnages sont censés avoir onze ans d’écart. Là encore, pari réussi pour l’acteur de Temperature of Love.

Contrairement à Seo Ri, avec laquelle on est en phase dès son réveil à l’hôpital, on découvre Woo Jin adulte à travers un regard extérieur. Plus précisément, à travers le regard d’un étranger qui prend ses jambes à son cou en tombant nez à nez avec lui, la nuit, en pleine forêt. Sa dégaine de Bayaba (sorte de Bigfoot à la coréenne) est impayable et en dit long sur son personnage. Woo Jin est un type qui se cache, d’abord derrière un accoutrement bizarre, puis derrière une indifférence non feinte (« Je veux juste être tranquille », soupire-t-il à l’épisode 6).

L’interprétation de Yang Sejong est superbe. Le héros froid et désagréable est un cliché du drama coréen, mais il lui ajoute de multiples nuances qui le rendent réel, se montrant parfois distrait, emprunté, hésitant ou fuyant. Il y a toujours une émotion dans son regard qui laisse une profonde impression. Même en Bayaba, cette lumière nous connecte à lui. Sans compter qu’on voit totalement en lui la continuité de l’acteur ado, Yoon Chan Young (Dr Romantic).

Woo Jin est un jeune homme discret et bougon qui semble revenu de tout, mais on sent qu’il ne faut pas grand-chose pour l’ébranler. Yang Sejong nous gâte dès l’épisode 6 avec une prestation très émotionnelle et tout en retenue à la fois, un moment fort qui se prolonge à l’épisode suivant et marque un tournant dans l’intrigue.

Que ce soit dans les scènes d’émotion ou simplement dans la comédie, l’alchimie entre Shin Hye Sun et Yang Sejong se révèle idéale, faisant de la rencontre entre ces deux adultes étranges et maladroits quelque chose de particulièrement savoureux. Drama coréen oblige, les deux personnages se retrouvent rapidement amenés à cohabiter. Mais ils ne sont pas seuls dans cette grande maison, loin de là.

Du côté des acteurs secondaires, Ahn Hyo Seop (Entertainer) apporte du peps à l’ensemble avec un personnage gentil et innocent, secondé par ses deux sbires rigolos, tandis que Ye Ji Won (My Wife is Having An Affair This Week) nous régale avec un personnage décalé à souhait, sorte de gouvernante au comportement maniaque qui martèle les jeunes gens de citations littéraires, telle une encyclopédie vivante. Sans oublier Deokgu / Fang, l’adorable petite chienne à la frimousse tellement expressive.

Parmi les scènes les plus rigolotes de Thirty But Seventeen, il y a cet incroyable quiproquo qui clôture l’épisode 2, scène surréaliste réunissant tous les protagonistes dans un concert de « mais vous êtes qui ? ». Et puis, il y a cette scène dans laquelle Woo Jin et son neveu Yoo Chan prennent Seo Ri pour un ersatz de Sadako (la célèbre fantôme du film japonais Ring). A moins qu’ils ne la confondent avec le fantôme de Ju-On, connu pour hanter les placards des maisons.

On aime aussi beaucoup cette scène délirante de l’épisode 6, où Woo Jin se fait interrompre toutes les deux secondes dans ses activités par les amis de Yoo Chan, sans parvenir à faire entendre sa voix. Sans oublier le fameux incident du Chocopie !

Maintenant que l’on a fait connaissance avec les personnages principaux, le mystère de l’intrigue peut se déployer à loisir. Le drama démarre sur l’accident qui a irrémédiablement changé les vies de Seo Ri et Woo Jin, et au vu du nombre d’épisodes (40 au total), il paraît évident que les choses sont loin d’être simples. Ce que semblent confirmer les apparitions furtives, dans l’entourage de nos héros, de certains protagonistes dont on ne sait encore rien – je n’en dirai pas plus à ce stade.

Parmi les nombreux dramas qui ont débuté dans la deuxième quinzaine de juillet, Thirty But Seventeen est celui dont les scores d’audience sont les plus prometteurs. Le bond est significatif entre l’épisode 1 à 5,7% et l’épisode 8 à 9% (chiffres AGB Nielsen), et le drama est premier sur son créneau depuis le début, face à Are You Human Too? et Risky Romance. Résistera-t-il à la concurrence prochaine du nouveau drama de Song Ji Hyo, Lovely Horribly, qui démarrera le 13 août sur KBS2 ? On lui souhaite en tout cas de poursuivre sur sa lancée.

Caroline Leroy

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