Audition de Takashi Miike

Horreur Asiatique : les 10 films indispensables

Envie de gros frissons ? Voici notre sélection spéciale Horreur Asiatique, réunissant dix classiques du cinéma asiatique de ces vingt dernières années. Vous y trouverez des incontournables du cinéma japonais, coréen, chinois ou encore thaïlandais.

A noter que cet article a été publié en 2011 sur le site filmsactu.com, à l’occasion de la sortie du film coréen Bedevilled de Jang Cheol So.

Blood Island (aka Bedevilled) a remporté le Grand Prix au dernier Festival de Gerardmer 2011. Réalisé par Jang Cheol-Soo et porté par la prestation impressionnante de l’actrice Seo Yeong-Hee (The Chaser), Blood Island nous emmène sur les terres de Moodo, une petite île sous-développée dont les habitants consanguins vivent en autarcie, et que nous découvrons sous le regard d’une trentenaire célibataire.

Seo Young-Hee dans Bedevilled

Bientôt, la jeune femme s’aperçoit que son amie d’enfance est martyrisée et victime d’abus sexuels par les habitants. Indifférente, elle fait tout pour éviter de s’impliquer dans cette situation compliquée. Le retour de bâton sera à la hauteur du martyre enduré par son amie…

Tableau sans concession d’une micro-société malsaine, Blood Island est aussi un mélange de chronique sociale et de thriller horrifique qui fait lentement monter la tension pour atteindre dans son final un degré de barbarie absolument inouï. A découvrir pour épancher sa soif de sang…

Nous vous proposons de découvrir notre DVDthèque idéale du fan de frissons d’Extrême-Orient, une sélection des meilleurs films d’horreur asiatiques. Entre fantômes rancuniers, femmes vengeresses et tueurs en série sans pitié, les Coréens, Japonais, Chinois ou encore Thaïlandais sont devenus en un peu plus d’une dizaine d’années les maîtres du genre.

RING

Japon – 1998
Un film de Hideo Nakata avec Nanako Matsushima, Hiroyuki Sanada, Miki Nakatani

Un soir, deux lycéennes se font peur en racontant l’histoire d’une cassette vidéo qui, sitôt visionnée, déclenche une terrible malédiction : la mort surviendrait très exactement sept jours plus tard. Bientôt, l’une d’elle succombe mystérieusement. Sa cousine journaliste mène l’enquête et ne tarde pas à regarder la vidéo.

Réalisé par Hideo Nakata, Ring est l’un des films fondateurs de la vague japonaise de films d’horreur asiatiques qui déferle depuis un peu plus de dix ans. Véritable concentré de terreur, Ring puise ses inspirations dans les classiques du genre tels que Kwaidan et multiplie les effets d’ambiance glaçants grâce à une mise en scène soignée et un subtil travail sonore. Un film à voir absolument même s’il s’éloigne sensiblement de la série de romans d’origine de Kôji Suzuki, polars surnaturels, scientifiques et philosophiques que nous vous recommandons chaudement.

Ring est aussi le film qui a fait de la terrifiante Sadako une icône de la culture pop japonaise actuelle. Gore Verbinski en a réalisé un remake, The Ring, avec Naomi Watts.

THIRST, CECI EST MON SANG

Corée du Sud – 2009
Un film de Park Chan Wook avec Song Kang Ho, Kim Ok Bin, Shin Ha Gyun

Un prêtre coréen respecté accepte de tester un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme d’autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d’origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il subit d’étranges mutations physiques et psychologiques. Bientôt, il doit se rendre à l’évidence : il est devenu vampire…

Après un détour par la comédie romantique avec le délicieux Je suis un Cyborg, Park Chan-Wook revient vers le mélange de folie et de noirceur qui l’a rendu célèbre avec la Trilogie de la Vengeance. Érotisme réaliste, effusions de sang, poésie macabre et questionnement existentiel sont au rendez-vous dans ce film d’horreur troublant qui met en vedette l’excellent Song Kang-Ho (JSA, Memories of Murder).

Lire aussi | Critique : Thirst, ceci est mon sang, de Park Chan-Wook

THE EYE

Hong-Kong, Singapour – 2002
Un film de Danny et Oxyde Pang avec Angelica Lee, Lawrence Chou, Candy Lo

Aveugle depuis l’âge de deux ans, Mann recouvre la vue dix-huit ans plus tard suite à une transplantation expérimentale de cornée. Mais depuis l’opération, des événements inexplicables perturbent son existence, des ombres qui surgissent sans crier gare dans son champ de vision pour lui prédire des morts à venir.

S’il ne renouvèle en rien le genre, The Eye n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité dès lors qu’il s’agit de faire monter le trouillomètre, et comporte à ce titre quelques moments inoubliables (la scène de l’hôpital, celle de l’ascenseur…). Sans doute le meilleur film des frères Pang à ce jour, The Eye a connu plusieurs suites et a lui aussi fait l’objet d’un remake plutôt réussi de Xavier Palud et David Moreau, avec Jessica Alba.

2 SŒURS

Corée du Sud – 2003
Un film de Kim Jee-Woon avec Lim Su Jeong, Moon Geun Young, Kwon Tae Won

Su-mi et Su-yeon, deux sœurs, rentrent chez elles et sont accueillies par leur père et leur belle-mère. Mais Su-mi accepte mal la présence de cette dernière. Quant à Su-yeon, elle semble en avoir peur. Bientôt, des événements inexplicables surgissent dans la demeure isolée, plongeant peu à peu la famille dans une psychose.

Grand Prix du Festival de Gérardmer en 2004, 2 Sœurs offre un subtil mélange de genres entre l’horreur, le fantastique et le drame psychologique. Comme à son habitude, le cinéaste Kim Jee Woon (A Bittersweet Life) soigne sa mise en scène, son esthétique et sa direction d’acteurs pour faire naître le frisson mais aussi une émotion poignante.

Le film a fait l’objet d’un remake très contestable, Les Intrus, réalisé par les frères Charles et Thomas Guard et tout juste sauvé par la prestation d’Emily Browning.

Lire notre interview de Kim Jee Woon

JU-ON

Japon – 2002
Un film de Takashi Shimizu avec Megumi Okina, Masaki Ito, Hideo Sakaki

Ju-On, c’est une série de six films d’horreur japonais, de téléfilms mais aussi de trois remakes américains. Tout commence avec une maison hantée au Japon où un fantôme rancunier se venge de tous ceux qui y pénètrent. Bientôt, la malédiction contamine telle un virus tous ceux qui entretiennent des contacts avec les victimes.

Instigateur de ce massacre aux multiples déclinaisons cinématographiques et télévisuelles, le cinéaste Takashi Shimizu développe dès le premier film un récit alambiqué au cours duquel les personnages tombent comme des mouches, l’occasion de séquences effrayantes jouant habilement sur des peurs universelles et sur une atmosphère savamment entretenue grâce à une mise en scène économe en effets ostentatoires. On se souviendra longtemps du grognement rauque du fantôme !

KAIRO

Japon – 2001
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Haruhiko Kato, Kumiko Aso, Koyuki, Shinji Takeda

Kairo débute par le suicide inexplicable d’un informaticien survenu après que celui-ci s’est rendu sur un mystérieux site internet. Alors que ses collègues tentent de découvrir les raisons de son geste, les morts ne tardent pas à s’accumuler autour d’eux, tous liés au site Internet.

Si le pitch évoque celui de Ring, la comparaison s’arrête là puisque Kiyoshi Kurosawa (Cure, Tokyo Sonata) s’oriente à travers cette histoire de vague suicidaire vers un propos social pertinent. La désagrégation de la communication dans un monde moderne envahi par la technologie est au cœur de ce film oppressant aux accents philosophiques, qui brille aussi par une violence sèche, parfois tétanisante, et quelques trésors de mise en scène lors d’apparitions de fantômes hypnotiques, à vous glacer le sang.

Là encore, il existe un remake américain, Pulse, absolument honteux.

AUDITION

Japon – 1999
Un film de Takashi Miike avec Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Tetsu Sawaki, Ren Osugi

Producteur de films, Aoyama vit avec difficulté la disparition de sa femme, survenue 7 ans plus tôt. Sur les conseils d’un vieil ami, il décide de se remarier et organise une audition fictive de série télévisée pour trouver sa nouvelle compagne. Il tombe amoureux de l’une des dernières à se présenter, une jeune femme d’une troublante beauté. Sans le savoir, il entame alors une plongée vertigineuse dans un enfer sanglant.

Plus sage dans la forme que les films habituels de Takashi Miike (Ichi the Killer, Crows Zero), Audition n’en demeure pas moins l’une de ses pièces les plus impressionnantes et les plus dérangeantes. A travers un récit complexe et une mise en scène d’une précision implacable, le cinéaste nous fait littéralement perdre pied pour nous plonger peu à peu dans l’horreur absolue, jusqu’à un final d’anthologie quasi insoutenable. Un objet inclassable, un film choc, et l’on ne saurait que trop conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir.

SHUTTER

Thaïlande – 2004
Un film de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom avec Ananda Everingham

Photographe professionnel, Tun renverse accidentellement en voiture une jeune femme et prend la fuite. Les jours passent et il continue à prendre des photos. Mais celles-ci s’avèrent mystérieusement gâchées par des reflets blancs inexplicables. Bientôt, le phénomène déborde du cadre des photos et se produit dans la vie réelle.

Si Shutter s’apparente au premier abord à un simple ersatz de Ring, le scénario s’avère plus intéressant que prévu à mesure que le récit se complexifie pour nous emmener vers de judicieuses fausses pistes, jusqu’à un final malin.

L’emploi de l’appareil photo pour faire surgir des apparitions renvoie bien entendu à The Eye mais offre du même coup une mise en abyme sur le cinéma, le tout ponctué de scènes horrifiques très efficaces, soutenues par une mise en scène et un montage soignés.

RÉINCARNATION

Japon – 2005
Un film de Takashi Shimizu avec Yuka, Kippei Shiina, Tetta Sugimoto, Shun Oguri

La carrière de Takashi Shimizu ne se limite pas à la franchise Ju-On/The Grudge, loin de là. Le cinéaste est à ce jour l’un des plus inventifs du genre, comme il le prouve avec Réincarnation dans le cadre de la série J-Horror Theater initiée par le producteur Takashige Ichise.

Réincarnation nous emmène aux côtés de l’équipe du tournage d’un film revenant sur un massacre commis 35 ans auparavant dans un hôtel paisible, par un professeur d’université qui avait filmé tous ses meurtres. Embauchée pour jouer le rôle de la fille assassinée du meurtrier, une actrice est hantée par d’étranges visions.

Sous des dehors de banal film de fantômes, Réincarnation manipule son monde avec une habileté machiavélique à travers une mise en abyme labyrinthique. Les deux premiers tiers du récit ne constituent qu’une préparation à un climax astucieux, captivant, lorgnant parfois vers le film de zombies pour nous mener vers une conclusion magistrale, le tout dans une ambiance sonore travaillée (le thème musical rétro signé Kenji Kawai vaut à lui seul le détour !). A la fois original et référentiel, glaçant et ludique, Réincarnation est une véritable perle du genre.

Lire aussi | Dossier : les zombies dans les dramas coréens

SUICIDE CLUB

Japon – 2003
Un film de Sono Sion avec Ryo Ishibashi, Masatoshi Nagase, Akaji Maro

54 lycéennes se jettent simultanément sous une rame du métro. Considéré comme un fait divers, ce drame est en réalité le début d’une vague de suicides qui se répand à vive allure dans tout le pays. Le détective Kuroda est chargé de l’enquête…

Attention film culte ! Réalisé par l’inénarrable Sono Sion, Suicide Club pose une foule de questions pertinentes sur le Japon d’aujourd’hui et sur la jeunesse actuelle, à travers une enquête tortueuse dans laquelle s’invite parfois le surnaturel. Avec ses personnages insaisissables et son mélange de violence, de noirceur et d’humour complètement déjanté, ce thriller social s’impose à la fois comme une expérience déroutante et une œuvre d’une rare intelligence.

Un film fascinant signé par l’un des réalisateurs les plus inclassables du Pays du Soleil Levant. A noter qu’un autre film de Sono Sion, l’excellent Requiem Pour Noriko, entretient de fortes parentés avec Suicide Club.

Blood Island de Jang Cheol-So est disponible dans toutes les bonnes crèmeries depuis le 3 mai 2011 sous la bannière Distribfilms. Le transfert s’accompagne de deux pistes DTS en français et en coréen mais aussi d’une présentation de Charles Tesson et d’une galerie de photos.

Elodie Leroy

Article publié sur filmsactu.com le 5 mai 2011

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