Ahn Hyo Seop et Kim Yoo Jung sont les vedettes de ce drama fantastique aux accents mythologiques et bourré d’effets spéciaux. Les quatre premiers épisodes nous ont néanmoins laissé des impressions mitigées.
Les divinités sont de sortie dans Lovers of the Red Sky, un drama fantastique aux accents mythologiques qui arrive à pic pour animer notre rentrée. Peintre surdouée, Hong Chun Gi (Kim Yoo Jung) est l’une des rares femmes à exercer ce métier. Aveugle de naissance, elle a miraculeusement recouvré la vue vers l’âge de dix ans. Elle rencontre Ha Ram (Ahn Hyo Seop), un astronome et conseiller du roi qui dirige dans l’ombre une organisation secrète. Sous le coup d’une malédiction, Ha Ram a perdu la vue quand il était enfant. Alors qu’ils tombent amoureux, Chun Gi et Ha Ram se retrouvent pris dans les jeux de pouvoir orchestrés par deux princes rivaux, Anpyeong (Gong Myung) et Juhyang (Kwak Si Yang).
Souvenirs d’enfance
Diffusé sur SBS depuis le 30 août 2021, Lovers of the Red Sky part avec plusieurs atouts de son côté. Le premier est de s’appuyer sur un roman de Jang Eun Gwol, écrivaine à l’origine des romans ayant inspiré The Moon Embracing the Sun et Sungkyungkwan Scandal, deux classiques des dramas coréens. Le second est la présence aux manettes du réalisateur Jang Tae Yoo, un nom qui inspire confiance puisque nous lui devons les dramas Hyena et My Love From The Stars.
Le démarrage fait pourtant craindre le pire. Alourdi par une narration confuse, qui rend difficile la compréhension des liens entre les personnages, l’épisode 1 est aussi gâché par la bluette sentimentale nunuche entre les enfants qui deviendront les deux héros de l’histoire. Non seulement les acteurs juniors jouent particulièrement mal, mais les scènes partagées par Chun Gi et Ha Ram sont tellement anecdotiques qu’on a peine à imaginer qu’elles représentent un tournant dans leur vie. De cette introduction, c’est paradoxalement l’interprète de Juhyang jeune, un certain Park Sang Hoon (River Where the Moon Rises), qui tire son épingle du jeu.
Sur le plan visuel, le drama Lovers of the Red Sky est inégal, notamment s’agissant des effets spéciaux. Si le gigantesque démon fait de fumée noire a fière allure (on croirait un cousin éloigné du Balrog du Seigneur des Anneaux), nous n’en dirons pas autant des interventions magiques de Sa Shim (Moon Sook), qui confèrent parfois au drama une facture cheap.
Dès lors que les acteurs adultes prennent le relais, le drama prend forme grâce à la vivacité de Kim Yoo Jung (Backstreet Rookie), qui mène la barque avec la maîtrise qu’on lui connaît. De ces quatre épisodes, les scènes déroulant sa propre histoire sont les plus réussies, d’autant que les moments mettant en scène la peinture ne sont pas dénués de poésie.
L’univers du drama, qui bénéficie d’un joli travail sur les décors, dévoile alors timidement ses richesses. Mêlées aux humains, les divinités interviennent bien souvent par surprise, au détour d’un chemin ou au fin fond d’une forêt, pour influencer le cours des événements. Le mélange entre le sageuk et la dimension mythologique fonctionne plutôt bien et l’histoire commence peu à peu à attiser la curiosité, malgré quelques fausses notes.
Quand Ahn Hyo Seop prend la pose
Le problème vient surtout du personnage de Ha Ram, dont les interventions semblent vouées à respecter un cahier des charges, et qui n’est pas toujours servi par son interprète.
Ahn Hyo Seop (Dr. Romantic 2) est certes très beau dans son costume, mais entendre les personnages s’émerveiller à tout bout de champ devant son physique n’est pas franchement nécessaire. Limité par un panel d’expressions restreint, l’acteur donne parfois l’impression de prendre des poses plus que de jouer. Sous sa forme démoniaque, il n’est guère servi par un style capillaire à côté de la plaque et un maquillage raté.
Le jeu d’Ahn Hyo Seop convainc davantage dans les scènes de comédie entre Ha Ram et Chun Gi. Il faut dire qu’il est tiré vers le haut par sa partenaire, Kim Yoo Jung, qui impose le rythme des scènes. Dans ces moments-là, qui font ressortir le contraste entre la mélancolie du héros et l’énergie positive de l’héroïne, les deux acteurs révèlent une certaine alchimie.
On regrette que la romance soit plombée par des allusions lourdingues aux souvenirs d’enfance évoqués plus haut (l’affaire de la pêche n’a pas fini de nous faire rire), mais aussi par une accumulation de clichés. On ne compte plus les situations où Ha Ram sauve Chung Gi d’un danger quelconque (de préférence en l’attirant de force contre lui) ou celles où il la plaque au sol ou au mur. Sans parler du moment prévisible où l’héroïne joue les infirmières auprès de notre charmant astronome, qui a décidé de passer tout l’épisode 3 à dormir – n’ayez crainte, il la plaquera tout de même au sol. La romance aurait pu être plus mature.
Les personnages ont tout de même un je-ne-sais-quoi d’attachant qui donne parfois envie d’oublier les maladresses du scénario et de se plonger dans l’ambiance de la série. Nous comptons sur les acteurs secondaires pour apporter du sel à l’histoire, à commencer par Gong Myung (Be Melodramatic), très bon en prince à l’esprit libre, et Kwak Si Yang (Alice), ténébreux en prince ambitieux et menaçant.
Polémique esquivée
A l’issue des quatre premiers épisodes, le constat est celui d’un drama bancal, dont l’univers ne manque pas de charme, mais qui gagnerait à affiner son découpage et à évacuer quelques stéréotypes. Nous avons avons tout de même envie de donner une chance à ce drama, car l’histoire porte en elle un certain potentiel malgré ses lourdeurs.
Il est à noter que Lovers of the Red Sky a frôlé la polémique. La chaîne SBS a repoussé la sortie du drama de plusieurs mois sans explication. Il n’est pas difficile d’imaginer les raisons de ce report. En effet, le roman plante bel et bien son décor dans un contexte historique réel. Le roi Sungjo du drama, qui est interprété par Jo Sung Ha (Navillera), est en réalité le roi Sejong (1397-1450) de la dynastie Joseon dans le roman.
Au vu des changements de nom de la dynastie et des personnages, il semble que la production ait craint l’opinion publique après les accusations de « distorsion historique » ayant provoqué l’annulation de Joseon Exorcist au bout de deux épisodes. Si le ton de Lovers of the Red Sky est radicalement différent, les deux dramas ont d’ailleurs des points communs, notamment l’injection d’éléments fantaisistes dans un contexte historique et le thème de la possession. On se réjouit que la diffusion de Lovers of the Red Sky se déroule sans problème, mais il est hautement regrettable que la liberté d’expression soit mise en danger de cette manière.
Elodie Leroy
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