Ce drama romantico-psychologique avec Seo Hyun Jin étonne par ses personnages double face et ses ruptures de ton. Notre avis sur les deux premiers épisodes de You Are My Spring.
Les traumatismes d’enfance conditionnent-ils les relations amoureuses ? C’est la question posée par You Are My Spring, un drama diffusé depuis le 5 juillet 2021 sur tvN et prévu sur Netflix à une date indéterminée. Situé quelque part entre la romance, le drame psychologique et le thriller, You Are My Spring peine un peu à trouver sa voie dans le premier épisode, mais parvient tout de même à convaincre grâce à son mystère, son sens de l’atmosphère et une galerie de personnages troublants. Le drama risque de ne pas plaire à tout le monde, mais ébauche d’ores et déjà des thèmes intéressants.
La concierge, le psy et le businessman
Une femme en pleurs, un décor nocturne énigmatique et le corps d’un homme jeté dans le vide, telle est la scène d’ouverture de You Are My Spring. Pour un drama dont le titre sucré et la campagne promotionnelle nous vendaient une romance lumineuse, l’objet surprend par la noirceur de son entrée en matière. S’ensuit alors un long flash-back au cours duquel nous découvrons le passé mélodramatique de l’héroïne.
Dans un logement insalubre, la petite fille assiste quotidiennement, avec son frère cadet, au passage à tabac de leur mère par leur père. Elle rêve aussi d’échanger de vie avec le petit garçon de la maison d’en-face, qui semble nager dans le bonheur avec des parents aimants.
Adulte, Da Jung (Seo Hyun Jin) vit seule dans un appartement et enchaîne les relations sans avenir. Son problème dans la vie ? Elle n’attire que les hommes qui la maltraitent et repousse toujours les avances de ceux qui lui veulent du bien. Un travers que Young Do (Kim Dong Wook), un psychiatre qui vient d’installer son cabinet à l’étage d’en-dessous, détecte instantanément et s’empresse de révéler au grand jour devant ses voisins. Pas très délicat, le psy.
Quant à Young Do, justement, il est fréquemment contacté par son ex-épouse, Ah Ga Yeong (Nam Gyu Ri), une actrice narcissique qui ne parvient pas à tourner la page de leur relation. Mais Young Do a désormais une autre préoccupation : il soupçonne Chae Joon (Yoon Park), un homme d’affaires BCBG qui tourne autour de Da Jung, d’avoir un lien avec un meurtre survenu récemment dans le quartier.
Amoureux transi ou sociopathe ?
Le moins que l’on puisse dire, après le visionnage des épisodes 1 et 2, est que You Are My Spring parvient à distiller un certain trouble. La scénariste Lee Mi Na (Bubble Gum) reprend bel et bien les ingrédients typiques de la rom-com, à commencer par le principe du quatuor amoureux, mais accumule les changements de ton, quitte à faire basculer le drama dans une ambiance de thriller. L’énigme policière est-elle une allégorie d’une quête intérieure ? Cette ambiguïté du genre pourra intéresser les uns, qui seront séduits par le mystère et les personnages, et braquer les autres, qui perdront patience à force de ne pas savoir sur quel pied danser.
Le premier grain de sable dans la mécanique de la rom-com est la visite menaçante de Chae Yoon dans le cabinet de Young Do vers la fin de l’épisode 1. Cet événement, qui sera suivi de plusieurs confrontations tendues entre les deux hommes, soulève une multitude de questions.
D’un côté, Chae Yoon n’apparaît plus comme un prétendant inoffensif pour Da Jung, mais comme un harceleur aux intentions troubles. Un sociopathe ? Young Do a vite fait de poser son diagnostic. De l’autre, Young Do n’est peut-être pas aussi net qu’il en a l’air. Après tout, il est toujours le seul à voir le visage inquiétant de Chae Yoon. Ces scènes sont-elles réelles ?
Servie par un style visuel léché, la réalisation de Jung Ji Hyun (The King: Eternal Monarch) fait des étincelles dans les moments de tension psychologique, mais s’avère moins brillante dans les moments plus quotidiens, où les acteurs restent parfois trop statiques à l’écran. On reprochera également un premier épisode un brin poussif – nous aurions bien retiré 10 minutes –, mais le second s’avère d’un niveau supérieur grâce à un découpage plus efficace.
Plusieurs thèmes captivants se dessinent déjà, tels que le poids de l’histoire familiale sur les relations amoureuses, mais aussi la frontière un peu floue qui sépare l’amour de l’obsession, comme s’il s’agissait de deux réalités différentes d’un même phénomène.
Cette frontière se matérialise par la ruelle qui passe sous l’immeuble de Da Jung, une voie régulièrement empruntée par les personnages. C’est à travers un plan sur ce décor que s’opère, avec une élégante fluidité, le glissement accéléré entre la nuit et le jour juste après le meurtre survenu dans l’immeuble. Par la suite, lorsque Young Do qualifie Chae Yoon de sociopathe, celui-ci le quitte en parcourant cette même ruelle pour rejoindre Da Jung, délaissant son visage d’homme instable pour retrouver celui de l’amoureux transi. C’est aussi dans ce décor que les deux femmes, Da Jung et Ga Yeong, se croisent pour la première fois.
Rivalité autour de Seo Hyun Jin
Seo Hyun Jin (The Beauty Inside) se fond à la perfection dans la peau de Da Jung, une trentenaire d’aujourd’hui immédiatement attachante mais immature dans les relations amoureuses. Si l’actrice est considérée comme la reine de la comédie romantique, elle a également le chic pour incarner les femmes modernes qui peinent à se définir, comme elle l’avait démontré dans Another Oh Hae Young.
Dans You Are my Spring, sa coiffure trop jeune pour son âge en dit long sur son état d’esprit. Pire, Da Jung ne semble pas suffisamment armée psychologiquement pour détecter une relation toxique. La scène glaçante où elle surprend Chae Yoon fouillant dans son portable fait planer les soupçons sur lui. Mais le gentil psy, qui veut absolument la protéger malgré elle, est-il plus recommandable ?
Le choix de Kim Dong Wook (Find Me In Your Memory) pour interpréter Young Do s’avère judicieux. L’acteur dégage une certaine chaleur et un charisme doux, mais peut également se montrer impénétrable. Quant à Yoon Park (Birthcare Center), qui interprète son rival, il manipule nos émotions en passant avec une dextérité rare du prétendant attendrissant au stalker qui fait froid dans le dos. Nous émettrons pour l’instant quelques doutes sur le choix de Nam Gyu Ri (Kairos) dans le rôle de Ga Yeong, mais le personnage devrait davantage se développer par la suite.
Une chose est sûre, You Are My Spring n’est pas la romance estivale (ou printanière) à laquelle nous pouvions nous attendre. Le drama n’en possède pas moins un charme singulier et devrait proposer différents niveaux de lecture. Pour l’instant, nous sommes séduites, en espérant que la scénariste ait une idée précise du chemin où elle compte nous emmener.
Elodie Leroy