The Heirs, avec Lee Min Ho : beaucoup de bruit pour rien ?

Forte d’un marketing promotionnel dément, la nouvelle série de la scénariste Kim Eun Sook vient de débarquer sur SBS. Et le début est loin d’être convaincant.

Il était déjà difficile pour tout dramaphile d’ignorer ces dernières semaines la diffusion imminente de The Heirs avec Lee Min Ho et Park Shin Hye, sur la chaîne SBS. Il est tout aussi illusoire, à présent que celle-ci a débuté pour de bon, de passer à côté du matraquage opéré par à peu près tous les médias web consacrés à la pop culture asiatique en général et coréenne en particulier. Une couverture tellement fatigante de complaisance qu’elle semble se réduire à un pur media play à grande échelle.

Le souci, c’est que The Heirs est loin pour l’instant de justifier un tel battage, que ce soit en termes de qualité ou en termes de succès d’audience. Alors que six épisodes ont déjà été proposés au public, il est temps de faire un point rapide sur le drama le plus hype de l’année 2013.

Si vous n’êtes pas encore au parfum, The Heirs est le nouveau drama coréen de l’acteur Lee Min Ho, propulsé star instantanée du petit écran début 2009 avec le drama Boys Over Flowers. C’est aussi et surtout le nouveau bébé de la scénariste Kim Eun Sook, à qui l’on doit les hits Secret Garden, A Gentleman’s Dignity et Lovers in Paris.

The Heirs nous plonge dans l’univers très sélect des VVIP de Corée du Sud en dépeignant les rivalités amoureuses des jeunes héritiers de conglomérats, parallèlement au combat sans merci que se livrent leurs aînés pour conserver le pouvoir. Entre Kim Tan (Lee Min Ho), jeune héritier du groupe Jeguk exilé aux États-Unis, et Cha Eun Sang (Park Shin Hye), jeune fille de condition modeste tentée par le rêve américain, c’est le coup de foudre sous le soleil de Californie.

De retour en Corée, Kim Tan découvre que le hasard fait bien les choses puisque Eun Sang n’est autre que la fille de la servante de la famille… et qu’elle vit à présent chez lui. Sur une note moins réjouissante, lui qui est en réalité un fils illégitime se retrouve désormais contraint de faire face à son demi-frère aîné Kim Won (Choi Jin Hyuk) qui complote pour s’emparer de l’héritage. Tandis que son père fait transférer Eun Sang dans le très prisé lycée d’élite de Jeguk afin de lui offrir un avenir, Kim Tan décide d’y remettre les pieds lui aussi. Non seulement sa fiancée Rachel Yoo (Kim Ji Won) met tout en œuvre pour persécuter la pauvre Eun Sang, mais celle-ci se retrouve bientôt convoitée par le bad boy du lycée, Choi Young Do (Kim Woo Bin), héritier du groupe Zeus Hotel…

Nous étions à Séoul lorsque les premiers épisodes de The Heirs ont été diffusés, en même temps que commençait sur la chaîne concurrente MBC le drama Medical Top Team avec Kwon Sang Woo. Nous avons pu constater d’emblée que le budget était incontestablement au rendez-vous, comme en témoignent ces plans esthétiques sur le décor californien à l’intérieur desquels évoluent nos héros dans les quatre premiers épisodes. The Heirs tente d’ailleurs d’en mettre plein la vue dès l’ouverture qui voit successivement Lee Min Ho surfer tout sourire au cœur des vagues de la côte ouest puis se rincer sous la douche au bout de deux minutes à peine, histoire d’attaquer tout de suite le cœur de cible avec du fan service efficace.

La réalisation, plutôt soignée, est signée de Kang Shin Hyo, à qui on doit de bonnes séries telles que le classique All In avec Lee Byung Hun et Song Hye Kyo, ou encore Midas avec Jang Hyuk et Lee Min Jung. La musique n’est pas remarquable mais Lee Hong Ki se rappelle heureusement à notre bon souvenir avec l’entraînante chanson I’m Saying à chaque fin d’épisode.

Le drama réunit une belle brochette de jeunes acteurs, actrices et idoles en vue, à commencer par Park Shin Hye (You’re Beautiful) dont la carrière a pris un tournant intéressant cette année entre le drama Flower Boy Next Door sur tvN et surtout le film à succès Miracle on Cell No.7 de Lee Hwan Kyung. Le deuxième lead masculin, Kim Woo Bin (School 2013), est l’un des jeunes acteurs les plus en vue du moment avec Lee Jong Suk et Seo In Guk. Autour du trio Lee Min Ho / Park Shin Hye / Kim Woo Bin gravitent Kang Ha Neul et Kim Ji Won, vus tous deux dans To The Beautiful You, la chanteuse Krystal Jung du groupe f(x) ou encore Kang Min Hyuk (Heartstrings) du groupe CNBLUE.

Côté « adultes », on retrouve Choi Jin Hyuk, remarqué au début de l’année dans le rôle du père de Lee Seung Gi dans Gu Family Book, ainsi que la belle Kim Sung Ryung (Queen of Ambition, Iljimae) et la vétérante Kim Mi Kyung (I Miss You, Level 7 Civil Servant).

Casting sexy, étalage de luxe, secrets de famille, tourments amoureux, sombres machinations, autant dire que tous les ingrédients d’un nouveau carton télévisé sont là. Seulement voilà, si l’on ne peut que respecter l’approche de la scénariste Kim Eun Sook qui consiste à jouer avec les clichés les plus éculés afin de les détourner intelligemment – elle l’a fait avec brio dans Secret Garden et dans une moindre mesure avec A Gentleman’s Dignity –, The Heirs donne au contraire l’impression, même au tiers de sa diffusion, de caresser le spectateur dans le sens du poil en lui donnant ce qui lui manque actuellement : du glamour, du glamour et encore du glamour.

Le pitch de The Heirs rappelle furieusement celui de Boys Over Flowers et les premiers épisodes ne font que confirmer la proximité des deux dramas, à ceci près que le fun se serait perdu en route. Car même si Boys Over Flowers n’était qu’un pâle remake de l’excellent Hana Yori Dango japonais, il faisait souffler une tornade de fraîcheur bienvenue sur le paysage du drama coréen jusqu’alors peu à l’aise avec la romance adolescente. Non seulement les personnages principaux y étaient attachants et globalement bien interprétés, mais le drama irradiait d’une énergie juvénile contagieuse qui le rendait addictif en dépit de ses défauts d’écriture. Et il était très amusant à l’époque de suivre l’enthousiasme grandissant des spectateurs pour ces jeunes acteurs presque inconnus pour la plupart, dont on sentait que certains (Lee Min Ho, Kim Hyun Joong, Kim Bum, pour ne citer qu’eux) étaient en train de se faire un nom pour longtemps.

A aucun moment The Heirs ne parvient à provoquer cette étincelle. C’est plutôt une odeur de réchauffé qui nous assaille devant le spectacle de ces lycéens ennuyeux qui se jettent à la figure leurs pédigrées respectifs lorsqu’ils veulent clouer le bec à l’autre. Les premiers épisodes sont extrêmement laborieux, parsemés de scènes poussives et inutilement chargés en pathos (la scène de pleurs de Park Shin Hye face à sa sœur dans le premier épisode).

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La suite n’est guère plus dynamique mais le drama s’améliore tout de même à partir de l’épisode 4, quand les personnages principaux rentrent en Corée. La seule promesse qu’offre le scénario à ce stade est celle de déchirements familiaux engendrés par les frasques passées des hommes de pouvoir, à commencer par le père de Kim Tan, Kim Nam Yoon (Jung Dong Hwan). Notre héros est en effet le fils de la maîtresse de son père, Han Ki Ae (Kim Sung Ryung) mais il est inscrit au registre familial en tant que fils de la femme légitime, Jeong Ji Suk (Park Joon Geum) afin de pouvoir hériter du groupe Jeguk. Les relations entre les autres protagonistes sont tout aussi tarabiscotées, ce qui justifie sans doute les difficultés rencontrées par la scénariste pour introduire tout ce beau monde.

Et soyons réalistes, Lee Min Ho est agréable à regarder mais il est aujourd’hui trop âgé pour jouer les lycéens. Chaque plan sur lui nous le rappelle impitoyablement, même si l’on n’atteint heureusement pas le sentiment de complète absurdité que provoque la vision d’Andrew Garfield en train d’essayer vainement, à 28 ans, de se faire passer pour un gamin de 17 ans dans The Amazing Spider-Man. Placer l’intrigue de The Heirs dans une université aurait été plus crédible mais le lycée offre un avantage visuel significatif : l’uniforme. Et on sent que ce critère a pesé dans la balance.

Le personnage de Kim Tan recèle un certain potentiel en ce qu’il diffère de l’habituel jeune héritier odieux et macho si cher à ce type de série. C’est un adolescent très réservé dont l’attitude peut avoir de quoi susciter une certaine perplexité, comme lors de ce moment où il oblige Eun Sang à ignorer son camarade qui se fait persécuter par Young Do dans les locaux du lycée (épisode 6). Cette ambivalence est un bon point. On aimerait néanmoins un peu plus de punch dans l’interprétation de Lee Min Ho. Il ne paraît pas aussi éteint que dans Faith où il avait juste oublié de jouer, mais Kim Tan manque de ce quelque chose qui nous donnerait envie de percer sa carapace.

Park Shin Hye est la seule girl next door à l’horizon, et si son naturel fait toujours plaisir à voir, le personnage de Eun Sang est trop caricatural pour inviter à l’identification. On pense évidemment à Geum Jan Di de Boys Over Flowers, l’humour et la ténacité en moins. Eun Sang semble forte dans les premiers épisodes mais plus le temps passe et plus elle se met à ressembler à n’importe quelle brave héroïne masochiste de drama, que n’importe quel type arrogant peut tirer brutalement par le bras et poser sur une chaise comme un sac (épisode 6). Quant aux autres filles, elles se font concurrence pour le prix de la pétasse d’honneur et pour l’instant, seule Kim Ji Won, qui écope du rôle féminin le plus antipathique parmi les jeunes, parvient à peu près à tirer son épingle du jeu. Il faut dire que les autres font plutôt office de figurantes dans l’intrigue à notre grand soulagement, telles Krystal dont on aimerait tellement qu’elle n’ouvre jamais la bouche.

Le seul acteur à véritablement s’imposer avec aisance est Kim Woo Bin, dont le visage étrange, le regard perçant et l’attitude nonchalante captivent à chacune de ses apparitions, et ce même si son personnage fait tout, mais alors tout pour se faire détester. Tout l’inverse de Choi Jin Hyuk, tellement raide et inexpressif dans la peau de Kim Won qu’on en vient à revaloriser à la hausse le jeu de Lee Min Ho lorsque les deux se font face.

A la fin du sixième épisode de The Heirs, les enjeux dramatiques semblent enfin posés mais à part les activités peu recommandables de l’imprévisible Young Do, rien ne parvient à exciter l’imagination. Le drama n’est pas non plus parvenu à créer ces petits moments de magie qui vous restent en tête une fois l’heure passée. Et pourtant, les ratings sont en train de monter sur la chaîne SBS : 11,6% pour l’épisode 1, 13,5% pour l’épisode 6 (chiffres AGB Nielsen). Résultat, peut-être, d’une campagne web intarissable autour de ce drama un peu à part malgré la banalité de son emballage et de son exécution.

The Heirs est en effet le premier drama co-produit par une société de production coréenne, Hwa and Dam Pictures, et une platforme digitale américaine, en l’occurrence DramaFever (source : hancinema). Le début d’une longue collaboration si l’on en croit les déclarations du co-Président de DramaFever, Suk Park. La plateforme, qui possède les droits exclusifs de The Heirs pour l’Amérique du nord et du sud, ainsi que les droits de redistribution à des plateformes secondaires telles que Netflix et Hulu, fait preuve de davantage d’audace que les éternels faiseurs de remakes américains de séries. On pense soudain avec tristesse au cas du drama Nine, diffusé de mars à mai dernier sur la chaîne câblée tvN, et dont la société américaine Fake Empire vient d’acheter les droits pour en faire un remake dont la diffusion est prévue l’année prochaine sur ABC… le tout sous la houlette de l’actrice coréenne Kim Yoon Jin (Lost) qui n’en finit pas de faire la démonstration de son flair imparable.

Ne serait-ce que pour cette raison, en plus du buzz disproportionné qu’il suscite, The Heirs mérite qu’on y jette un œil. Et j’avoue que malgré mes énormes réserves, je ne manquerai certainement pas de regarder la suite…

Caroline Leroy

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