Lee Jun Ki est un fugitif traqué par la police et par les gangsters dans cette série coréenne d’action disponible sur Netflix. Découvrez notre critique de Two Weeks.
Les teasers chocs nous avaient bien accrochées, notamment celui dans lequel Lee Jun Ki se réveillait terrorisé à côté d’un cadavre, dans une pièce tapissée de sang… Ces images laissaient présager du meilleur et nous n’avons pas été déçues. Drama d’action diffusé sur MBC durant l’été 2013, Two Weeks déroule une intrigue bien fichue dans laquelle un homme accusé de meurtre fait l’objet d’une traque sans merci à travers le pays. Ponctué de scènes d’action sympathiques, Two Weeks remplit haut-la-main son cahier des charges et offre un très bon rôle à Lee Jun Ki, que l’on a plaisir à redécouvrir dans un tel registre.
Quand la vie d’un homme bascule dans le cauchemar
À la manière des grands thrillers qui ont fait la renommée du cinéma coréen dans les années 2000, Two Weeks centre son intrigue sur un antihéros d’une moralité a priori contestable : prêteur sur gages frayant avec des petites frappes, Jang Tae San (Lee Jun Ki) est un trentenaire médiocre, macho avec les femmes et pour ainsi dire sans aucun but dans la vie, surtout depuis qu’il a fait de la prison pour endosser le crime d’un chef mafieux.
Son existence bascule lorsque ressurgit son ancienne petite amie, In Hae (Park Ha Sun), qu’il avait quittée brutalement huit ans auparavant. Encore très remontée contre lui, In Hae lui apprend non seulement qu’il est père d’une petite fille mais aussi que celle-ci est atteinte d’une leucémie. La jeune femme, qui n’est pas compatible pour une greffe de moelle osseuse, compte sur lui pour accepter l’opération.
D’abord incrédule, Tae San cède à la curiosité de voir la petite fille à l’insu de sa mère, une rencontre qui l’ébranle de manière inattendue, le poussant à accepter l’opération. Celle-ci est programmée deux semaines plus tard et une fois le lourd traitement de préparation enclenché pour la petite fille, il est impossible de revenir en arrière.
La situation vire au cauchemar lorsque Tae San se retrouve accusé du meurtre sauvage d’une jeune femme. Trouvé couvert de sang sur la scène de crime, il est embarqué par la police au commissariat, où un autre prisonnier tente de l’assassiner. Mais lors de son transfert, un accident de la route survient et lui offre l’opportunité miraculeuse de s’échapper…
Traqué aussi bien par les forces de police que par des gangsters qui veulent sa peau, Tae San doit absolument rétablir la vérité s’il veut prendre part à l’opération. Il lui reste deux semaines pour prouver son innocence, deux semaines pour sauver sa fille…
Courses-poursuites et combats musclés
Two Weeks repose sur un parti pris clair : chaque épisode retrace un jour de la vie de son personnage principal. La rapidité et l’efficacité de la mise en place annoncent immédiatement la couleur : le suspense fera partie des éléments moteurs du drama. Un suspense habilement alimenté par un rappel systématique, à la fin de chaque épisode, du compte à rebours matérialisé par le calendrier tenu par la petite fille, apparaissant juste avant le générique de fin porté par le titre pêchu et aérien Run de Nell.
Pour booster l’histoire, le drama mise également sur la présence régulière de scènes d’action haletantes, parmi lesquelles des affrontements physiques musclés et des courses-poursuites utilisant divers moyens de transports – chasse à l’homme dans la forêt, traque en voiture, poursuite en bateau…
Énergique et maîtrisée, la réalisation de Son Hyeong Seok et Choi Jung Kyu insuffle juste ce qu’il faut de dimension spectaculaire à l’action pour faire monter l’adrénaline, sans jamais perdre de vue le point de vue de son personnage principal.
Prendre la fuite ou se prendre en main
Si l’intrigue à proprement parler s’avère solide et bien ficelée, il ne faudra pas s’attendre à trouver les sommets de complexité. Two Weeks est plutôt ce que l’on appelle un drama character based, c’est-à-dire dont l’évolution des personnages constitue le fil rouge de l’histoire.
Justement, s’il est une satisfaction propre aux dramas coréens lorsqu’ils sont réussis, c’est la certitude de voir évoluer les protagonistes à la faveur d’un cheminement psychologique explorant une large palette d’émotions. Bien souvent, cette qualité d’écriture fait oublier les quelques détails irréalistes qui parsèment le drama. Il y en a un ou deux sans gravité dans Two Weeks, notamment lorsque Tae San saute d’une falaise et se retrouve tout juste blessé à la main – l’acteur Lee Jun Ki, qui a tourné les scènes sous l’eau sans doublure, a eu la frayeur de sa vie à cause des courants.
À travers cette accusation de meurtre, Jang Tae San voit resurgir ses démons du passé et se retrouve poussé dans ses retranchements. L’enjeu est de taille puisqu’il doit régler ses comptes avec sa propre histoire.
Deux chemins possibles se dessinent alors devant lui : prendre la fuite ou se prendre en main. Or pour la première fois depuis bien longtemps, Tae San a un objectif noble à atteindre – de sa survie dépend celle de la petite Soo Jin –, lui qui s’est toujours vu comme un déchet de la société. Ce but lui offre la possibilité de reconquérir son estime de lui-même et peut-être de se réhabiliter aux yeux d’In Hae. En somme, Tae San suit un parcours initiatique à l’âge adulte.
Si l’argument de la petite fille malade pouvait laisser craindre des débordements lacrymaux, Two Weeks ne tombe pas dans le piège du misérabilisme et fait de la petite fille un ange-gardien dont le mélange d’innocence et de sagesse apporte une touche de poésie au drama, notamment lors que le jeune homme entretient avec elle des dialogues imaginaires.
Un autre aspect intéressant du parcours de Tae San vient des rencontres qu’il fait tout au long de sa cavale, et qui participent à le faire grandir. Obligé de se cacher, il intervient malgré lui dans l’existence de plusieurs habitants (une mère et sa fille, des personnes âgées, une femme enceinte…), autant de petites tranches de vie qui viennent enrichir l’histoire et l’ancrer dans la réalité.
Lee Jun Ki, entre émotions fortes et arts martiaux
L’annonce du choix de Lee Jun Ki dans le rôle de Tae San en avait surpris plus d’un : l’acteur-vedette d’Iljimae, où il incarnait le célèbre justicier masqué, nous avait jusqu’à présent habitués à des rôles de jeunes premiers, même si ses personnages se révélaient bien souvent plus complexes qu’il n’y paraissait. La rumeur veut d’ailleurs que lui-même ait dans un premier temps refusé le rôle Tae San, trouvant les enjeux liés à ce dernier trop proches de ceux du héros du drama The Chaser. La scénariste So Hyun Kyung serait cependant parvenue à le convaincre du contraire suite à un long entretien.
Lee Jun Ki a bien fait d’accepter. Non seulement son jeu instinctif apporte beaucoup à Two Weeks, mais ce rôle de père lui permet d’explorer une nouvelle palette d’émotions. Huit ans après le sublime long métrage King and the Clown, qui a fait de lui une icône, Lee Jun Ki n’a cessé de démontrer sa volonté de se lancer de nouveaux défis, sans jamais se reposer sur ses acquis ni se laisser enfermer dans un stéréotype.
Avec ce rôle de fugitif, il confirme également sa capacité à nous embarquer littéralement avec lui dans l’action, à susciter cette empathie immédiate et inconditionnelle que seuls les grands acteurs d’action sont capables d’inspirer, et qui explique que le spectateur vive avec lui le stress et les montées d’adrénaline du personnage.
Cerise sur le gâteau, il a pour particularité d’être calé en arts martiaux, ce qui lui permet de prendre part à des scènes de combat sans doublure, comme nous l’avions déjà constaté dans Time Between Dog and Wolf, Iljimae et plus récemment Arang and the Magistrate. A noter qu’une partie du drama se déroule dans sa ville natale qui n’est autre que Busan – ceux qui ont eu la chance, comme l’autrice de ces lignes, de voyager là-bas retrouveront avec plaisir l’ambiance de cette ville.
Two Weeks vaut également pour sa galerie de personnages secondaires réussis et portés par des acteurs très investis, à commencer par In Hae, un personnage féminin qui aurait pu être cliché mais qui s’avère étonnamment touchante grâce à l’interprétation de Park Ha Sun. L’actrice Kim So Yeon (Iris) se révèle elle aussi parfaite en procureure casse-cou, Ryu Soo Young attachant en flic au grand cœur en pleine crise de couple, et la petite Lee Chae Mi impressionnante de précocité dans le rôle de Soo Jin.
Quant aux méchants, ils sont hauts en couleurs : la charismatique Kim Hye Ok, qui nous avait bien traumatisés dans Bad Guy avec son regard tétanisant, interprète ici une femme politique machiavélique à souhait. On aime aussi les apparitions-choc de Song Jae Rim en tueur mutique et implacable. Décidément, après Ki Guk Seo dans Shark, les assassins glaçants étaient à l’honneur dans les dramas de 2013 !
Un succès modeste à la télé coréenne
Reste à espérer que les scores d’audience un tantinet décevants de Two Weeks, qui n’ont pas dépassé les 11% de parts de marché, ne décourageront pas la chaîne MBC de lancer d’autres dramas dans la même veine.
Dans un pays où le mélodrame est un sport national, les séries de genre demeurent encore un peu compliquées à lancer pour les grandes chaînes publiques. Les thrillers purs trouvent plus facilement leur place sur des chaînes câblées telles que OCN (Vampire Prosecutor, God’s Quiz, The Virus), dont les productions s’adressent davantage à un public de niche. Si l’on observe également, sur les chaînes dominantes, un élan de diversification des genres depuis quelques années, avec notamment une montée en force du fantastique, la romance occupe la plupart du temps une place importante dans le scénario.
D’un point de vue purement commercial, le problème du drama Two Weeks est qu’il ne met pas véritablement en avant un couple vedette : malgré la présence du triangle amoureux formé par Tae San, In Hae et Seung Woo, le but de l’histoire n’est pas la formation d’un couple. Cet aspect explique en partie la réception tiède du public dès le début de la diffusion, surtout que la chaîne concurrente SBS diffusait en même temps, à partir du 7 août 2013 et dans la même tranche horaire, The Master’s Sun, comédie romantique et horrifique dont la campagne mettait en avant le couple formé par So Ji Sub et Kong Hyo Jin.
Pour relativiser les chiffres de Two Weeks, soulignons que ces derniers n’ont pas chuté pendant la diffusion et ont même légèrement augmenté, passant entre le premier et le dernier épisode de 7,5% à 11% (chiffres AGN Nielsen), preuve que le drama a su fidéliser ses spectateurs. Gageons que Two Weeks prendra de la valeur avec le temps.
Elodie Leroy
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Ci-dessous, la bande-annonce de Two Weeks.