20ème Festival du Film Coréen à Paris : Hi-Five, Harbin, My Daughter Is A Zombie… Notre bilan

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Du spectacle, de l’émotion, de l’audace, de la réflexion. Découvrez notre bilan et nos coups de cœur du Festival du Film Coréen à Paris 2025.

Le Festival du Film Coréen à Paris s’est déroulé du 28 octobre au 4 novembre 2025 au Publiciscinéma et nous a offert comme chaque année un riche panorama du cinéma du Pays du Matin Calme sous toutes ses formes, à travers une sélection de longs et de courts métrages brassant des genres variés et des styles hétéroclites.

Tout au long de ces huit jours intenses, les projections se sont déroulées dans une ambiance cinéphile et bon enfant, devant des festivaliers toujours aussi curieux. Les organisateurs et les bénévoles ne cachaient pas leur émotion de fêter le vingtième anniversaire du festival. Une émotion partagée par le public, qui avait d’ailleurs l’opportunité de découvrir ou de revoir une sélection de films récompensés les années précédentes.

3670 récompensé par le public

Le Prix du Public a été décerné à 3670, de Park Joon Ho, un drame dont le personnage principal est un réfugié nord-coréen homosexuel dans le Seoul d’aujourd’hui. La compétition était serrée, puisque trois autres films ont obtenu une note de 4/5 à l’issue des votes du public : Fragment de Kim Sung Yoon, le film d’animation The Square de Kim Bo Sol, ainsi que Summer’s Camera de Divine Sung.

3670 © Atnine Film

Du côté des coûts métrages, proposés à travers les sélections Shortcuts, Strangecuts et Shortcuts Kids, le prix Flyasiana revient à On the Crosswalk, de Lee Ji Hyang, un film touchant qui nous a été projeté à la cérémonie de clôture, et dans lequel un couple affronte un drame intime. D’autres courts ont été distingués : Empty House (Lee Ye Ji) reçoit le prix Keystone du meilleur scénario, Passing By (Kang Han Na) le prix Kia du meilleur film d’animation, Lily and Pony (Sohn Sumin) le prix Shortcuts Kids, Planet Spoilia (Lee Se Hyung) le prix Strangecuts, Swapped Funerals (Yang Seung Woo) le prix des étudiants, tandis que les courts Wombmates (Noh Hee Jeong) et An Empty Round (Kim Jae Min) obtiennent une mention spéciale du jury.

Chez StellarSisters, nous avons assisté aux projections des films d’ouverture et de clôture, respectivement My Daughter is a Zombie (Pil Gam Sung) et The Ugly (Yeon Sang Ho), à l’avant-première de Harbin (Woo Min Ho), et à l’intégralité de la section Evénement, détaillée ci-dessous. Nous avons également réalisé un certain nombre d’interviews que vous découvrirez prochainement dans nos colonnes.

My Daughter Is A Zombie, de Pil Gam Sung

Les films d’ouverture d’un festival n’est jamais choisi au hasard et sur ce plan, le festival nous a gâtés avec en ouverture My Daughter is a Zombie, qui est tout simplement le plus gros succès du box-office coréen de l’année 2025 – en tout cas à l’heure qu’il est.

La comédie fantastique My Daughter is a Zombie suit les aventures de Lee Jeong Hwan (Cho Jung Seok), un père de famille célibataire qui va trouver refuge à la campagne chez sa mère Kim Bam Soon (Lee Jung Eun) pour protéger sa fille Lee Soo Ah (Choi Yu Ri) après que celle-ci est devenue un zombie. 

Choi Yu Ri et Cho Jung Seok dans My Daughter Is A Zombie © Studio N

Pil Gam Sung, le réalisateur de la très sombre série A Bloody Lucky Day, change radicalement de registre avec ce film de zombie pas comme les autres, qui surprend par son ton chaleureux en plus de nous donner de nombreuses occasions de rire. Dans un monde ravagé par une épidémie mystérieuse et où les relations de confiance semblent rompues entre les personnes, la quête de ce père qui croit envers et contre tous en sa fille et en la capacité de celle-ci de s’en sortir finit par émouvoir, d’autant que le personnage est interprété avec beaucoup d’humanité par l’excellent Cho Jung Seok (The Land of Happiness). Il est entouré d’un casting de choix, de Lee Jung Eun (Light Shop) à Yoon Kyung Ho (The Trauma Code) en passant par Cho Yeo Jeong (Tarot) et la jeune Choi Yu Ri (Dark Nuns), sans oublier l’irrésistible Geumdong dans le rôle du chat roux philosophe Aeyongyi.

The Ugly, de Yeon Sang Ho

La clôture était assurée par The Ugly, le tout dernier Yeon Sang Ho, qui a su nous captiver, à défaut de nous emballer. L’histoire s’intéresse à Yeong Gyu (Kwon Hae Hyo), un artisan aveugle réputé pour l’esthétisme des sceaux qu’il fabrique, et à son fils Dong Hwan (Park Jeong Min). Ce dernier reçoit un jour un appel de la police à la suite de la découverte des ossements de sa mère disparue quarante ans plus tôt. Avec l’aide d’une journaliste (Han Ji Hyun), il tente de découvrir qui était cette mère qu’il n’a pas connue.

Park Jung Min dans The Ugly © Plus M Entertainment

Au fil d’un va-et-vient entre récit intimiste du passé et enquête troublante du présent, The Ugly nous plonge une atmosphère sombre, lourde, voire dérangeante, à mesure que se déploie l’énigme intrigante du destin de cette femme dont le visage n’apparait jamais à l’écran. L’acteur Park Jeong Min (Newtopia) est excellent dans un double rôle qui réserve des surprises – il interprète à la fois le fils, Dong Hwan, et son père Yeong Gyu quarante ans plus tôt. Si le mystère s’avère savamment entretenu et sa résolution non dénuée de sens, le rythme lent et l’ambiance étouffante du film finissent par provoquer le sentiment d’être anesthésié par l’expérience. On retient toutefois la performance inhabituelle, car essentiellement vocale et gestuelle, de l’actrice Shin Hyun Bin (Reborn Rich) dans le rôle de cette victime sans visage.

Harbin, de Woo Min Ho

En avant-première, nous avons eu la chance de découvrir sur grand écran le film historique Harbin, dernier long métrage en date de Woo Min Ho (Inside Men, L’Homme du Président). L’histoire se déroule en 1909, quelques années après l’annexion de la Corée par l’Empire japonais, et s’intéresse à Ahn Jung Geun, figure de la résistance qui projette alors d’assassiner le gouverneur japonais de la Corée.

Hyun Bin dans Harbin © CJ ENM

Mêlant drame historique et espionnage, ce film tourné dans des conditions extrêmes dans plusieurs pays (Corée, Mongolie et Lettonie) offre son content de moments spectaculaires, notamment une scène de bataille féroce dans le premier tiers, mais se concentre surtout sur le déroulement du plan d’assassinat, les soupçons de trahison au sein du groupe et les désaccords idéologiques entre les protagonistes. Outre une mise en scène léchée, qui utilise judicieusement la musique pour cultiver le suspense et faire monter la tension, Harbin met en avant un casting imposant emmené par Hyun Bin (Crash Landing On You) dans le rôle d’Ahn Jung Geun. Autour de lui, nous retrouvons Jo Woo Jin (Gangnam B-Side), qui délivre une performance impressionnante d’intensité, ainsi que Park Jeong Min (Newtopia), Jeon Yeo Bin (Ms. Incognito), Park Hoon (Sur la gâchette) et Lee Dong Wook (A Shop For Killers).

Bonne nouvelle, les droits de diffusion de Harbin en France ont été acquis par The Joker’s Films. Nous attendons encore des précisions sur le canal de sortie. Retrouvez prochainement notre entretien avec le producteur Lee Yong Su, présent au festival.

Hi Five, de Kang Hyung Chul

Dans la section « Evénements », le FFCP réalise véritablement un sans-faute cette année avec une sélection qui réunissait deux films fantastiques à grand spectacle, Omnicient Reader: The Prophecy et Hi Five, un thriller réaliste, Yadang: The Snitch, et une comédie romantico-fantastique, Pretty Crazy.

Notre coup de cœur se porte sur Hi-Five, un film de superhéros qui suit les péripéties mouvementées de Wan Seo (Lee Jae In), Ji Seong (Ahn Jae Hong), Ki Dong (Yoo Ah In), Sun Nyeo (Ra Mi Ran) et Yak Sun (Kim Hee Won), cinq personnes ordinaires qui se découvrent un superpouvoir après avoir reçu une greffe issue du même donneur.

Lee Jae In dans Hi-Five © Annapurna Films

On ne pensait pas encore possible de renouveler le genre du film de super héros, mais Kang Hyung Chul (Swing Kids) l’a fait ! A travers la constitution d’un groupe de justiciers aussi improbable qu’hétéroclite, le réalisateur et scénariste signe un long métrage
à la fois frais, créatif et spectaculaire, dont les ressorts comiques universels font mouche à chaque fois, nous gratifiant même de scènes proprement hilarantes. Le film est servi par un casting enthousiaste et en parfaite symbiose, entre Lee Jae In (Racket Boys), Ah Jae Hong (Mask Girl) et Ra Mi Ran (Citizen of a Kind), mais aussi Yoo Ah In (Goodbye Earth) dans l’un des rôles les plus drôles de sa carrière. On n’oublie pas non plus l’apparition remarquée de Park Jin Young (Our Unwritten Seoul) dans un rôle étonnant.

Omniscient Reader, de Kim Byung Woo

Nous avons aussi passé un bon moment de fun et de détente avec Omniscient Reader: The Prophecy, un film d’action et de science fiction de Kim Byung Woo inspiré du webroman Omniscient Reader’s Viewpoint de singNsong, également adapté en webtoon. Amateurs de jeux vidéo de type RPG, ce film est fait pour vous. Le protagoniste principal, Dok Ja (Ahn Hyo Seop), se retrouve projeté dans le monde fictif du roman web qu’il suit depuis des années. Plongé dans un Seoul envahi par des créatures monstrueuses, il est contraint à chaque palier de l’intrigue de trouver la solution pour s’en sortir en utilisant les points de compétences et les armes qu’il gagne au fil de ses exploits.

Shin Seung Ho, Kwon Eun Seong, Ahn Hyo Seop, Chae Soo Bin et Nana dans Omniscient Reader © Lotte Entertainment

Soutenu par des effets digitaux soignés et fourmillant de détails, Omniscient Reader: The Prophecy impose un rythme frénétique dès ses premières péripéties, laissant peu d’occasion au spectateur de reprendre son souffle. Si le scénario ne brille pas par la complexité de ses personnages, on est conquis par la générosité du spectacle, les designs de créatures bourrés d’imagination et le casting aux petits oignons. Ahn Hyo Seop (A Time Called You) porte le film sur ses épaules avec panache et côtoie Nana (Mask Girl) en femme d’action charismatique, Chae Soo Bin (Quand le téléphone sonne) en femme ordinaire qui se découvre des ressources insoupçonnées, Shin Seung Ho (D.P.2) en militaire bienveillant, Jisoo (Newtopia) en snipeuse lookée en lycéenne et Lee Min Ho (Pachinko) en tueur de monstres aussi poseur qu’insaisissable.

Yadang : The Snitch, de Hwang Byung Guk

Yadang: The Snitch nous entraine sur les pas de Lee Gang Soo (Kang Ha Neul), un homme qui, après avoir été incarcéré sur une fausse accusation, se voit offrir une peine réduite à condition de devenir un indic spécialisé dans le trafic de stupéfiants pour le compte d’un procureur ambitieux, Ku Kwan Hee (Yoo Hae Jin).

Kang Ha Neul dans Yadang: The Snitch © Plus M Entertainment

Porté par l’énergie débordante de Kang Ha Neul (84 m2), ce thriller d’action au rythme particulièrement enlevé bénéficie d’un vrai travail de recherche sur l’univers de la drogue de la part du réalisateur Hwang Byung Guk (Wedding Campaign), ce qui contribue à lui conférer une crédibilité appréciable. A travers une intrigue solide, le film décortique de manière intéressante les liens troubles entre trafiquants, policiers, procureurs, politiciens et consommateurs, sans jamais oublier de laisser une espace pour le divertissement. Autour de Kang Ha Neul, on retrouve avec plaisir Yoo Hae Jin (Exhuma) en procureur indéchiffrable, Park Hae Joon (La Vie portera ses fruits) en flic tenace, Ryu Kyung Soo (Our Unwritten Seoul) en fils de chaebol odieux et Chae Won Bin (Doubt) en jeune paumée.

Pretty Crazy, de Lee Sang Geun

Plus léger, Pretty Crazy nous a fait passer un bon moment de rigolade aux côtés de Yoona (Bon Appétit, Your majesty). Dans l’histoire, Gil Gu (Ahn Bo Hyun), un trentenaire sans emploi, tombe sous le charme de sa nouvelle voisine, Sun Ji (Im Yoona), avant de s’apercevoir que celle-ci est atteinte d’un étrange trouble : toutes les nuits, à la même heure, elle change radicalement de personnalité. Selon sa famille, elle serait possédée par un démon.

Ahn Bo Hyun et Im Yoona dans Pretty Crazy © CJ ENM

Pretty Crazy est l’exemple même de la déclinaison en long métrage du genre très populaire du drama romantico-fantastique à la coréenne. Le point original de l’histoire réside dans le triangle amoureux qui se forme au fil des événements entre Gil Gu, Sun Ji et le démon qui possède Sun Ji. Les spectateurs familiers des K-dramas devineront vite les ficelles de l’histoire et anticiperont le dénouement, mais l’humour des situations fonctionne à merveille grâce à la performance pétillante d’Im Yoona, qui s’amuse avec le contraste entre la fille sage de tous les jours et la démone déjantée et puérile qui fait tourner son voisin en bourrique la nuit. Si Ahn Bo Hyun (Flex x Cop) fait un partenaire un peu fade, le casting comprend également l’excellent Sung Dong Il (Typhoon Family) dans le rôle du père brut de décoffrage de la jeune femme.

Retrouvez très bientôt nos entretiens réalisés au Festival du Film Coréen à Paris avec le réalisateur Pil Gam Sung de My Daughter Is A Zombie, le réalisateur Hwang Byung Guk de Yadang: The Snitch et le producteur Lee Yong Su de Harbin.

Caroline et Elodie Leroy

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