Tale of the Nine-Tailed

Tale of the Nine-Tailed Ep. 1-2 : du sous-Goblin pour Lee Dong Wook ?

Lee Dong Wook sauve Jo Bo Ah des griffes des démons, mais ne sauve pas ce drama d’un ennui inéluctable. Les drama de fantasy seraient-ils en train de s’essouffler ?

Le filon de la fantasy moderne serait-il en train de s’épuiser pour les séries coréennes ? C’est l’impression que donne Tale of the Nine-Tailed, qui sent le réchauffé à plein nez mais devrait en refroidir plus d’un par sa banalité. Réalisé par Kang Shin Hyo et diffusé depuis le 7 octobre 2020 sur tvN, Tale of the Nine-Tailed divertit le temps de quelques scènes exploitant le folklore coréen, mais peine à convaincre par son romantisme éculé et ses personnages sans saveur. Notre avis pimenté sur les deux premiers épisodes.

Lee Dong Wook (Tale of the Nine-tailed)

Gumiho des temps modernes

La scène introductive de l’épisode 1 était pourtant prometteuse. Au cours d’un trajet nocturne, un moment d’insouciance familiale tourne à l’horreur avec un accident de voiture. Lorsqu’elle se réveille, la petite fille croit se trouver chez elle aux côtés de ses parents. Elle réalise bientôt qu’elle est en présence d’horribles imitations. Pourchassée par les deux créatures, elle est sauvée de justesse par un homme mystérieux et élégant, à l’aura surnaturelle.

Cette scène du passé, plutôt réussie, est vite balayée par celles du présent, qui adoptent un ton nettement plus léger. Le récit nous emmène alors aux côtés de Lee Yeon (Lee Dong Wook), gumiho des temps modernes qui pourchasse des démons mal intentionnés envers les humains, et Nam Ji-Ah (Jo Bo-Ah), jeune productrice d’un programme TV sur les légendes urbaines. Leurs destins vont s’entrechoquer sur fond de réincarnation et de guerre intestine entre des créatures fantastiques.

Le drama Tale of the Nine-tailed

Ne laissant place à aucun temps mort, le démarrage de Tale of the Nine-Tailed installe l’univers de la série et les personnages avec une efficacité incontestable. Le drama déploie un univers divertissant, dans lequel les humains côtoient à leur insu des êtres surnaturels formant une société régie par des lois. Le cadre narratif s’inscrit dans la lignée de A Korean Odyssey et Goblin, saupoudré de quelques influences sympathiques de Harry Potter (les employés de bureau au look rétro).

Lee Dong Wook rejoue Goblin

Inspirées du folklore, les créatures peuvent s’avérer innocentes comme l’esprit de la forêt incarné en petite fille, un peu revêches comme l’esprit du totem d’un village, ou joyeusement démoniaques comme Lee Rang (Kim Beom), le demi-frère rebelle de Lee Yeon. La découverte de ces créatures constitue la partie fun de Tale of the Nine-Tailed.

Jo Bo Ah (Tale of the Nine-Tailed)

Les personnages principaux, en revanche, n’ont pas de quoi égayer notre quotidien. Le premier problème vient de Lee Yeon, le personnage-titre du drama. Oui, Lee Dong Wook est très classe dans ses tenues au top de la mode automne-hiver 2020. Mais l’acteur, qui nous a récemment glacé le sang dans Strangers From Hell, se montre étonnamment crispé et inexpressif en gumiho armé d’un parapluie.

Il faut dire que le set up du personnage n’a rien de bien original. Il est même un peu trop familier pour être honnête. Le héros recherche sa fiancée comme dans Goblin, sauve l’héroïne enfant comme dans Goblin, s’interroge sur le fait qu’elle soit sa fiancée comme dans Goblin… On en est presque gêné lorsque le drama fait des clins d’œil appuyés au Grim Reaper de Goblin, qui était interprété par Lee Dong Wook lui-même !

Kim Beom et Kim Yong Ji (Tale of the Nine-tailed)

Quand la romance tombe dans le vide

Lee Yeon n’est guère aidé par la romance ringarde qui se dessine avec sa partenaire, Ji-Ah. Au programme de cette histoire d’amour palpitante, Lee Yeon sauve Ji-Ah à tout bout de champ et joue les tsundere se faisant mine de ne lui témoigner aucun intérêt. Le moins qu’on puisse dire est que la scénariste Han Woo Ri (Children of a Lesser God) ne prend pas trop de risque.

L’écriture du personnage de Ji-Ah est l’un des aspects les plus ratés de Tale of the Nine-Tailed. Productrice TV en quête de frisson et de surnaturel, la jeune femme se jette à plusieurs reprises dans la gueule du loup, sans que son comportement inconscient ne nous soit justifié par un trait de caractère ou un état d’esprit singulier. Car si la jeune femme est hantée par un traumatisme, sa personnalité au quotidien est par ailleurs d’un ennui à en faire pâlir de jalousie l’héroïne de The King: Eternal Monarch.

L’actrice Jo Bo-Ah (Goodbye to Goodbye) fait tout de même un peu plus d’effort que son collègue pour exprimer des émotions, mais elle ne peut pas faire de miracle avec une écriture aussi pauvre et incohérente. Les deux acteurs n’entretiennent d’ailleurs aucune alchimie. Ji-Ah s’avère plus attachante quand elle interagit avec ses collègues ou avec la lycéenne rencontrée dans le bus que lorsqu’elle se lance dans des joutes verbales insipides avec le gumiho.

Lee Dong Wook et Jo Bo Ah (Tale of the Nine-tailed)

Enfin, si la production est servie par une photographie soignée, la composition des images, elle, est dénuée d’inspiration. La chute absurde qui conclut l’épisode 1, par exemple, aurait pu être acceptable si la scène avait transmis une émotion, une poésie visuelle. Or les plans sont d’une platitude décevante au vu du caractère excessif de la scène. On est loin de l’élan romantique de la fin de l’épisode 2 de A Korean Odyssey, lorsque Son Oh Gong surgit du ciel pour secourir Jin Seon Mi – la scène est du même style.

Quant aux scènes d’affrontement entre Lee Yeon et ses ennemis, elles s’avèrent illisibles, voire d’une extrême laideur. La faute à un choix paresseux du réalisateur, qui prend la rapidité des personnages comme prétexte pour faire l’impasse sur les mouvements. Voir des acteurs (ou des doublures) tomber au sol et traverser des vitres devient vite lassant. S’ajoute à cela un montage approximatif avec des trous dans la raquette, la transition entre certaines scènes manquant de clarté.

Kim Beom sauve (presque) le show

Les personnages secondaires viennent parfois à la rescousse pour sauver la mise et nous éviter de sombrer dans l’ennui. Kim Beom (Hidden Identity) assure ainsi le divertissement avec le rôle exubérant de Lee Rang. Entre regards démoniaques et puérilité touchante, son interprétation tranche avec la froideur de celle de Lee Dong Wook et en fait rapidement la principale attraction de Tale of the Nine-Tailed.

Kim Beom (Tale of the Nine-Tailed)

Kim Yong Ji (The King: Eternal Monarch), dont le personnage accompagne Lee Rang, et Hwang Hee (Arthdal Chronicles), qui campe l’assistant de Lee Yeon, mettent également de la bonne volonté pour apporter un peu de peps au drama. Le problème est que tout ce beau monde, y compris Lee Rang, risque de finir par nous lasser si le scénario ne décolle pas.

Le rebondissement qui conclut l’épisode 2 suscite un très léger espoir – très léger – de voir le drama prendre une direction un peu moins balisée que ces deux premiers opus. Espérons que la scénariste Han Woo Ri a autre chose à offrir que des clichés éculés.

Elodie Leroy

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