Ce film d’horreur coréen disponible sur Netflix offre son lot de rebondissements et de scènes très gore. Découvrez notre critique de The Call, avec Park Shin Hye.
Si vous pouviez changer le passé, auriez-vous une vie meilleure ? Quel serait le prix à payer ? Réalisé en 2019 par Lee Chung Hyun et sorti le 27 novembre 2020 sur Netflix, The Call orchestre un jeu du chat et de la souris entre deux femmes appartenant à des époques différentes. Avec son scénario ludique et ses effets visuels spectaculaires, The Call fournit son content de retournements de situation et de frisson, quitte à verser dans la violence gore un peu too much. Il est recommandé de ne pas trop s’attacher à la logique pour profiter pleinement de ce roller coaster divertissant.
Du sang dans le combiné
Pour rendre visite à sa mère malade, Seo Yeon (Park Shin Hye) s’installe dans l’ancienne demeure familiale. Ayant perdu son mobile, elle déniche un vieux téléphone sur les lieux. Un soir, le téléphone sonne et une autre jeune femme, Young Sook (Jeon Jong Seo), l’appelle à l’aide au bout du fil. Seo Yeon découvre bientôt que la jeune femme vivait dans la même maison vingt ans plus tôt.
The Call est un remake coréen du thriller britannique/portoricain The Caller réalisé en 2011 par Matthew Parkhill. L’histoire prend cependant des libertés avec l’original. Le concept de la communication entre deux époques n’est pas nouveau en Corée. Il est au centre de Signal, série indispensable dans lequel deux flics communiquent à vingt ans d’intervalle à travers un walkie-talkie, et occupe actuellement les adeptes de la série Kairos. Le film The Call repose aussi sur l’idée développée dans le film américain L’Effet Papillon (Eric Bress, J. Mackye Gruber), selon laquelle que le moindre changement effectué dans le passé peut modifier radicalement le présent, pour le meilleur et pour le pire.
Connectée avec une jeune femme en contact avec sa famille 20 ans plus tôt, Seo Yeon lui raconte sa douleur d’avoir perdu un proche à cette époque… Une grave erreur. Young Sook décide de réaliser son vœu secret de changer le passé. C’est le début d’une spirale sans fin qui fait basculer la vie de Seo Yeon dans le cauchemar.
La première demi-heure de The Call est indéniablement la plus intéressante. Hantée par la mort de son père, Seo Yeon trouve en Young Sook une confidente idéale, puisque celle-ci reste extérieure à son existence. La jeune femme du passé, quant à elle, est séquestrée par une belle-mère maltraitante, dont elle subit quotidiennement les rituels chamaniques. Young Sook montre cependant très vite des signes de déséquilibre psychiatrique, surtout lorsqu’elle commence à jalouser la nouvelle vie très lisse de Seo Yeon.
Le réalisateur et scénariste Lee Chung Hyun (Bargain), qui n’est âgé que de 30 ans, fait preuve d’un réel savoir-faire pour créer une atmosphère hors du temps, qui se fait de plus en plus menaçante pendant les échanges téléphoniques. La maison familiale apparaît comme un personnage à part entière du récit, révélant ses sombres secrets au fur et à mesure des découvertes de Seo Yeon – la cave cachée derrière un faux mur, le journal poussiéreux, les traces de caractères apparaissant sur le sol…
Dès lors que Young Sook décide de prendre le contrôle de la vie de Seo Yeon, le film se transforme en un affrontement inéquitable et sans merci entre les deux femmes. Le scénario joue avec nos nerfs en accumulant des rebondissements catastrophiques autour de Seo Yeon, tandis que les cadavres s’accumulent autour de son adversaire.
Park Shin Hye en ligne avec Jeon Jong Seo
La production de The Call tient ses promesses : l’esthétique est soignée et les changements survenant dans le présent sont matérialisés par de superbes effets spéciaux digitaux – entre horreur et émotion, la scène dans la voiture est particulièrement bien réalisée.
Sur le plan de l’écriture, la psychologie des personnage n’est guère subtile et l’utilisation du concept temporel manque un peu de rigueur, mais le principe de l’escalade de violence fonctionne à plein. Les meurtres sont toujours plus sauvages, l’hémoglobine toujours plus abondante, Young Sook toujours plus grimaçante dans sa folie.
A ce propos, l’interprétation de Jeon Jong Seo (Burning) ne fait pas dans la dentelle. Très à l’aise dans l’expression des émotions incontrôlables, l’actrice s’amuse avec son personnage de psychopathe et en fait littéralement des caisses. On préfère tout de même l’interprétation sobre de Park Shin Hye (Memories of the Alhambra), toujours juste dans le registre de l’émotion comme de la peur ou de la révolte, et paradoxalement plus consistante dans son rôle de femme introvertie qui redécouvre son amour pour ses parents.
Les deux actrices sont épaulées par un casting secondaire solide, de Kim Sung Ryung (Are You Human?) à Park Ho San (Less Than Evil), en passant par Oh Jung Se (It’s Okay to Not Be Okay), Lee Dong Hwi (Extreme Job) et Lee El (A Korean Odyssey).
Renvoi d’appel vers Netflix
Vous l’aurez compris, The Call n’est pas un film mémorable, mais se consomme avec plaisir si l’on aime les sensations fortes. Une chose est sûre, les personnages féminins n’ont nul besoin de personnages masculins pour emmener le récit vers l’extrême. Les thrillers coréens du cinéma, qui sont dominés à outrance par les hommes, seraient-ils en train d’évoluer ?
Tourné au premier semestre 2019, le film The Call aurait dû sortir sur les écrans coréens en mars 2020. La crise du COVID-19 a eu raison des projets de distribution en salle et le film a finalement atterri sur Netflix le 27 novembre 2020.
Elodie Leroy
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