La série coréenne Remarriage and Desires

Critique : Remarriage and Desires, un revenge drama pittoresque

Produit par Netflix, Remarriage and Desires n’est pas exempt de défauts, mais vaut le détour pour son thème original et le face à face impitoyable entre Kim Hee Sun et Jung Eugene.

Seo Hye Seung (Kim Hee Sun), une mère de famille sans histoires, voit sa vie basculer le jour où son mari lui annonce qu’il la quitte pour une avocate du nom de Jin Yoo Hui (Jung Eugene). Peu de temps après, il met fin à ses jours dans des circonstances peu claires. Alors que Hye Seung est amenée à mettre les pieds dans l’agence matrimoniale Rex, spécialisée dans les remariages au sein de la haute société, elle recroise par hasard son ennemie.

Déterminée à se venger, Hye Seung informe la patronne Choi Yoo Seon (Cha Ji Yeon) de sa décision de participer aux sélections pour trouver un nouveau mari. Là, elle croise son ancien amour Cha Seok Jin (Park Hoon), et fait surtout la connaissance de Lee Hyung Ju (Lee Hyun Wook), un jeune PDG séduisant et très convoité.

Kim Hee Sun et Lee Hyun Wook dans Remarriage and Desires / crédits : Netflix
Kim Hee Sun et Lee Hyun Wook dans Remarriage and Desires / crédits : Netflix

Disponible depuis le 15 juillet 2022 sur Netflix, Remarriage and Desires a connu un succès honnête avec presque 70 millions d’heures de visionnage en l’espace de quelques semaines, et ce, en dépit d’un parti pris audacieux en termes de ciblage. Il s’agit en effet du premier drama populaire de Netflix ciblant avant tout les quarantenaires et cinquantenaires plutôt que les jeunes générations, un parti-pris qui devrait marquer le début d’une nouvelle tendance.

Pour relever ce défi, la plateforme a fait appel au scénariste Lee Geun Yeong, un spécialiste des dramas familiaux qui a notamment à son actif les imposants My Mother-in-law is My Daughter-in-law (2015, 136 épisodes) et I’m A Mother, Too (2018, 124 épisodes). Son premier drama, Wars Of The Roses (2011) s’intéressait déjà à un couple de quarantenaires.

Avec son décor somptueux, ses règles strictes et sa culture du secret, l’agence Rex constitue la principale attraction de Remarriage and Desires, dont l’intrigue s’apparente par ailleurs à celle d’un revenge drama romantique.

En effet, quelles que soient nos vues sur le féminisme, il n’est pas interdit de rester – au moins momentanément – captivé par le jeu de dupes auquel se prêtent les protagonistes pour acquérir le plus beau parti.

Les hommes sont ainsi orientés vers les femmes jeunes, belles, de bonne famille et capables avant tout de soutenir leur époux. Les femmes, de leur côté, recherchent des hommes extrêmement riches, influents et si possible pas trop âgés, une combinaison rare, même parmi les membres « Black » qui représentent le fin du fin de la sélection masculine de Rex. Tout cela sous l’œil impénétrable de la toujours excellente Cha Ji Yeon, la méchante de Taxi Driver, qui mène son business avec poigne.

Les premiers épisodes de Remarriage and Desires sont ainsi particulièrement accrocheurs. La mise en place est rapide, mais elle n’est pas expédiée. Elle permet en tout cas de sympathiser immédiatement avec la belle héroïne qui perd tout du jour au lendemain à l’exception de sa fille, mais ne paraît jamais pitoyable pour autant.

L’idée d’un affrontement entre une mère de famille digne et irréprochable et une femme fatale et cruelle ne brille pas par sa subtilité, mais elle fonctionne bien dans cette histoire qui ne recherche la nuance. Le décor doré, presque irréel de l’agence Rex, ainsi que le talent des deux actrices y sont aussi pour quelque-chose.

Kim Hee Sun, qui avait déjà interprété une épouse bafouée dans Woman Of Dignity en 2017, est parfaite dans le rôle de Seo Hye Seung, cette femme intègre mais téméraire qui plonge dans la mer aux requins pour assouvir son besoin de réparation.

De son côté, Jung Eugene, qui était si sympathique dans Still 17, semble prendre beaucoup de plaisir à faire de Jin Yoo Hui la garce ultime. La manière décontractée avec laquelle elle arbore un air supérieur en toute circonstance, même en cas de défaite momentanée, est constamment réjouissant.

Le réalisateur Kim Jeong Min met à profit sa double expérience dans le thriller (Bad Guys, Hidden Identity) et le drama de mœurs (Love Affair In The Afternoon) pour orchestrer de manière inspirée ce face à face divertissant, au moins dans la première moitié du drama.

L’un des points forts de Remarriage and Desires est à ce titre la dramatisation des moments clés où chacune des deux rivales marque des points décisifs. En témoignant les excellentes fins des épisodes 2 et 4, rehaussées par l’envoûtante chanson Wicked de Seori.

Les alternances de malentendus et de rapprochement entre Seo Hye Seung et de Lee Hyung Ju comptent aussi parmi les bons moments du drama. Il est amusant de voir Lee Hyun Wook si à l’aise dans le rôle d’un jeune PDG cool et avenant, alors qu’il jouait un type particulièrement inquiétant dans Mine l’année dernière.

L’autre point intéressant de Remarriage and Desires tient dans la place centrale qu’occupent les mères des protagonistes dans ces affaires de remariage. De la mère de l’héroïne qui inscrit sa fille à son insu dans l’agence Rex à celle de Lee Hyung Ju qui gère sa vie conjugale comme un agent hollywoodien la carrière d’une star, en passant par celle de Jeong Mi Jin (Kim So Ra), qui négocie des contrats territoriaux pour que sa fille mette la bague au doigt du meilleur parti, les mères sont sur tous les fronts quand il s’agit de régenter la vie amoureuse de leur progéniture.

C’est au point que le personnage de Lee Hyung Ju lui-même semble dépassé à un certain stade de l’histoire par les agissements de sa mère qui a toujours un coup d’avance sur lui. On ne sera pas étonné de retrouver dans ce rôle la placide Kim Min Kyung, rompue aux rôles de mères intrusives, comme dans Another Oh Hae Young ou It’s Okay To Not Be Okay.

Seuls Cha Seok Jin, joué par l’impeccable Park Hoon (Nobody Knows), et Jin Yoo Hui ont maille à partir avec leur père. Mais leur situation s’avère encore moins enviable que les autres.

Il est finalement dommage, avec toute cette matière, que le scénariste ait dû condenser son récit en seulement 8 épisodes. Plus orientés vers le thriller, les derniers épisodes de Remarriage and Desires ne sont pas aussi convaincants que le début, faute d’un développement approprié eu égard aux nombreuses pistes esquissées. La relation entre Jin Yoo Hui et son père, par exemple, aurait mérité un meilleur traitement.

La romance entre Hye Seung et Hyung Ju aurait parallèlement gagné à être moins guindée, même si l’on apprécie toujours les deux personnages. Sans faire de miracle, la fin en clin d’œil du drama répare en partie ces petites errances et nous laisse malgré tout avec le sourire.

Caroline Leroy

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