Bloody Heart met en place un jeu de manipulation prenant et offre à Lee Joon un rôle de roi ambivalent. Notre avis sur les premiers épisodes.
Il n’est un secret pour personne que le monde politique est un nid de guêpes. C’est ce qui transparaît dès la première scène de Bloody Heart, qui nous happe instantanément par sa tension dramatique. Dans la cour intérieure du palais, nous découvrons le prince héritier Lee Tae (Lee Joon), dont les nobles réclament l’éviction, supplier le vice-premier ministre Park Gye Won (Jang Hyuk) de soutenir sa montée sur le trône après la mort de son père. Devenu roi, Lee Tae doit conserver le pouvoir à tout prix pour assurer sa survie, quitte à laisser sa jeune épouse mourir empoisonnée. Chaque 15e jour du mois, il s’évade le temps d’un rendez-vous romantique avec Yoo Jung (Kang Han Na), une noble déchue avec laquelle il partage un passé douloureux.
Lutte de pouvoir au palais
Diffusé depuis le 2 mai sur KBS2 et prochainement sur Disney+, Bloody Heart se présente comme un drama historique et politique mâtiné de romance, un cocktail déjà exploré auparavant dans The Crowned Clown et récemment dans The Red Sleeve. Au vu des premiers épisodes, Bloody Heart ne devrait cependant pas ressembler à ses deux aînés. Le public coréen, en tout cas, semble accueillir favorablement ce sageuk ambitieux, dont les ratings se maintiennent autour de 6 %.
Plantant son décor sous l’ère Joseon sous le règne d’un roi fictif, Bloody Heart déploie dès ces deux premiers épisodes un univers complexe, qui nécessite de rester bien concentré pour saisir les luttes de pouvoir entre clans et les relations personnelles viciées entre les protagonistes.
Le palais est dépeint comme un monde parsemé de pièges et où les émotions n’ont pas droit de cité, comme Lee Tae l’apprend à ses dépens dès son adolescence. Cette période nous est dévoilée le temps d’un flash-back revenant sur la mort de sa mère, mais aussi sur son idylle avec Yoo Jung, dont les conséquences catastrophiques les laissent tous les deux avec un lourd traumatisme.
Outre son univers dense et sa charge dramatique, Bloody Heart frappe par le soin visuel accordé à chaque plan. La réalisatrice Yoo Young Eun (Manhole) montre un réel savoir-faire pour entretenir la tension et utiliser les éléments visuels pour définir l’ambiance d’une scène. Ainsi, ces épisodes multiplient les scènes de palais nocturnes éclairées à la lumière des lanternes, ce qui leur confère une atmosphère pesante, voire étouffante. Les moments romantiques entre Lee Tae et Yoo Jung, au contraire, jouent sur des lumières plus douces.
La réalisation fait aussi des étincelles dans l’action, à commencer par le final de l’épisode 2, qui délivre quelques plans poétiques. La vision de la jeune femme innocente suivie par des brutes surarmées dans une forêt brumeuse, cernée par des silhouettes d’arbres menaçantes, semble tout droit sortie d’un conte de fées. On aime aussi, dans le même épisode, la joute martiale très immersive entre les gardes royaux et ceux du ministre de la Guerre (Heo Sung Tae).
Un roi double-face
Bloody Heart intrigue également par ses personnages, à commencer par le roi Lee Tae, qui révèle déjà différentes facettes et un caractère manipulateur. Implacable avec ses ennemis – il faut voir la froideur avec laquelle il annonce à la reine qu’elle va mourir –, il se montre attentionné et charmeur avec Yoo Jung. Sa romance avec cette dernière est néanmoins fondée sur un mensonge, puisque la jeune femme ignore qu’il fait partie de ceux qu’elle tient pour responsable de la perte des siens. Le fait que leur histoire démarre aussi mal ne laisse pas présager d’un dénouement heureux.
Avec son regard sombre, Lee Joon se révèle un très bon choix d’acteur pour incarner ce roi ambivalent, pour qui la fin semble justifier les moyens. Après son rôle de méchant exubérant dans Bulgasal: Immortal Souls, il fait un virage à 180 degrés avec un personnage tourmenté, mais difficile à cerner. Il se révèle également très à l’aise dans le genre du sageuk, qu’il expérimente pour la première fois. On compte sur lui pour apporter noirceur et complexité à ce personnage intrigant.
Pour lui donner la réplique, Kang Han Na (My Roommate is a Gumiho) endosse le costume de Yoo Jung avec élégance. Yoo Jung, qui dirige un commerce dans la forêt, nous est pour l’instant présentée comme une jeune femme honnête et franche, mais devrait se dévoiler par la suite sous un jour plus ambigu si elle décide d’exécuter sa vengeance. Il faut espérer que son personnage bénéficiera d’un développement à la hauteur des attentes.
Quant à Jang Hyuk, que d’aucuns considèrent comme l’un des maîtres du sageuk moderne, il prête son charisme magnétique à Park Gye Won, le vice-premier qui contrôle le pays dans l’ombre et cherche à faire du roi Lee Tae un pantin à sa solde. Jang Hyuk se montre sans surprise convaincant dans ce registre qui lui va comme un gant, mais on espère que son interprétation ne sera pas une redite de celle de My Country: The New Age, dont il a conservé quelques gimmicks.
Le reste du casting promet le meilleur, de Heo Sung Tae (Squid Game), toujours aussi excellent en ministre de la Guerre, à Choi Ri (Birthcare Center) dans le rôle de sa nièce – Lee Tae, qui compte l’utiliser dans ses plans, lui déploie un numéro de charme qui pourrait bien se retourner contre lui par la suite. Park Ji Yeon (Stranger 2) se montre également charismatique dans le rôle de la reine douairière. Citons également le joli travail d’interprétation de Park Ji Bin (Inspector Koo) et Shin Eun Soo (Bad Papa), touchants dans les rôles respectifs de Lee Tae et Yoo Jung adolescents.
Enfin, on citera les caméos d’Ahn Nae Sang (The Devil Judge) dans le rôle du roi Sunjung et de Ham Eun Jung de T-ara (Lovely Horribly) dans celui de la reine qui connaît un destin tragique.
Les droits de Bloody Heart ont été acquis par la plateforme Disney+, qui n’a pas encore annoncé de date de sortie française.
Elodie Leroy
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