Critique : The Cursed – Le Film, une suite ratée à la série de Yeon Sang Ho

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De nouveaux phénomènes occultes attendent les personnages de The Cursed dans cet opus filmique. Et ce n’est pas franchement enthousiasmant ni même effrayant.

Disponible en France depuis le 5 octobre en DVD, Blu-ray et VOD, The Cursed – le Film reprend les personnages de la série The Cursed (2020, tvN) pour une nouvelle aventure impliquant démons et chamanisme. Comme le drama, ce long métrage sorti dans les salles coréennes à l’été 2021 est écrit par Yeon Sang Ho, le réalisateur de Hellbound, et réalisé par Kim Yong Wan, à qui l’on doit le drama If You Wish Upon Me. La série The Cursed mêlait habilement le polar, le drame et l’épouvante pour délivrer un propos pertinent sur la société moderne envahie par les réseaux sociaux. Le film est-il dans la même veine ? Malheureusement non. Cette suite n’apporte rien au concept de la série et se présente comme un téléfilm oubliable et sans envergure.

Uhm Ji Won

L’histoire de The Cursed – Le Film, également connu sous le titre The Cursed: Dead Man’s Prey, se déroule plusieurs années après les événements de la série. Im Jin Hee (Uhm Ji Won), journaliste spécialisée dans le paranormal, vient de sortir un livre racontant ses affaires passées. So Jin (Jung Ji So), la jeune médium avec qui elle avait fait équipe, a quant à elle disparu des radars. C’est alors que des meurtres étranges surviennent dans le pays. La particularité de ces affaires est que les tueurs se décomposent sur la scène de crime. Lorsqu’ils sont autopsiés, il s’avère qu’ils sont déjà morts depuis plusieurs semaines. Bientôt, Jin Hee est sollicitée par un homme qui prétend être le tueur, et qui souhaite faire une annonce sur sa chaîne web.

Faire de The Cursed une franchise multi-supports proposant différentes affaires indépendantes est en soi une bonne idée. Rattaché au folklore coréen, voire aux folklores d’Asie, tout en étant résolument ancré dans la modernité, l’univers déployé dans la série est suffisamment riche pour ouvrir la porte à d’autres histoires. Encore faut-il que l’écriture soit du même niveau que dans la série. C’est là que le bât blesse.

Oubliez le propos sociétal développé dans le drama. Le scénario de The Cursed – le Film se cantonne au strict minimum avec cette sombre affaire de cadavres meurtriers contrôlés par un chamane vengeur, une intrigue qui nous mène à une histoire simpliste de laboratoire pharmaceutique menant des expériences illégales. On a connu plus novateur.

Le suspense est tout de même au rendez-vous dans la première moitié du métrage avec l’annonce de l’identité des prochaines victimes et du moment précis de leur exécution – un peu comme dans Hellbound, l’ambiance mystérieuse en moins. Cette partie se solde par une scène d’action efficace et spectaculaire, au cours de laquelle une horde d’hommes encapuchés court vers la cible à abattre, tandis que les forces policières tentent de protéger cette dernière. Dans cet unique moment de bravoure du film, on ressent à chaque instant, à mesure que les péripéties deviennent plus délirantes (la course des taxis est assez fun), que l’exécution de la prophétie est inéluctable, quels que soient les moyens employés pour la contrecarrer.

La suite des événements s’avère tristement anecdotique. Non seulement les révélations sentent le réchauffé, mais la réalisation échoue constamment à créer une atmosphère et à faire monter le trouillomètre. Il faut dire que toute la dimension folklorique qui caractérisait la série, et qui s’appuyait sur des scènes de chamanisme saisissantes, a complètement disparu dans ce film au profit de luttes insipides entre les pouvoirs des uns et des autres, matérialisées par des effets digitaux inélégants.

Jung Moon Sung

Les personnages ne sont eux aussi que l’ombre d’eux-mêmes, à commencer par Im Jin Hee. Il est tellement dommage de voir une actrice aussi excellente qu’Uhm Ji Won (il faut la voir actuellement dans Little Women !) se voir accorder aussi peu de place dans un film dont son personnage est censé être l’héroïne. Ne parlons même pas de Jung Ji So (Doom At Your Service) : la medium énigmatique et attachante de la série s’est transformée en banale action girl au look gothique. Quelle déception !

Seul l’acteur Kwon Hae Hyo (Forecasting Love And Weather) parvient à tirer son épingle du jeu en apportant du relief à son personnage d’homme d’affaires corrompu mais gagné par les remords. On aura tout de même plaisir à découvrir le personnage de Lee Seol (One Ordinary Day) en opératrice caméra et à retrouver Jung Moon Sung (Project Wolf Hunting) dans le rôle du mari de Jin Hee, Kim In Kwon (The King’s Affection) dans celui de son patron, Ko Kyu Pil (Adamas) en expert en folklore et Jo Han Chul (Vincenzo) dans un caméo surprise. Ce casting sympathique offre une petite compensation à la déception causée par cette suite indigne de la série.

Elodie Leroy

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