Critique : Project Wolf Hunting, un festin sanglant et délirant

par Elodie Leroy

Entre thriller carcéral et survival d’horreur, Project Wolf hunting fait gicler le sang jusqu’à plus soif et s’impose comme un divertissement jusqu’auboutiste comme on en voit rarement.

Amateurs d’hémoglobine, ce film est fait pour vous. Projeté au Festival International du film à Toronto et à l’Etrange Festival à Paris, et sorti dans les salles coréennes le 21 septembre 2022, Project Wolf Hunting met en scène Seo In Guk, Jang Dong Yoon et Jung So Min dans un survival impitoyable et sanglant impliquant policiers sous pression, prisonniers enragés et plus encore. Si Project Wolf Hunting n’est pas à mettre entre toutes les mains en raison de son extrême violence, les amateurs d’horreur apprécieront le carnage décomplexé orchestré à l’écran, mais aussi un scénario malin qui mélange et les genres et sait rebondir à temps pour divertir jusqu’au bout.

La violence sans discrimination

Project Wolf Hunting plante son décor dans un cargo en partance des Philippines vers la Corée du Sud. A bord se trouvent les criminels les plus cruels du pays, parmi lesquels Jong Du (Seo In Guk), une brute notoire qui a prévu de s’évader, et Do-Il (Jang Dong Yoon), un homme taciturne condamné pour de multiples meurtres. Bientôt, alors que l’équipage est isolé en mer, la révolte éclate.

L’ambition du réalisateur et scénariste Kim Hong Sun, auquel nous devons notamment les longs métrages Traffickers et Metamorphosis, était de délivrer le film le plus sanglant jamais réalisé. Le monsieur ne s’est pas moqué de nous : environ 2,5 tonnes de liquide rouge ont été versées dans les couloirs exigus de l’immense décor de bateau construit en studio.

Dès le premier meurtre, un attentat survenant sur une piste de décollage, le sang coule à flot pour répandre une énorme marre rougeoyante sur le sol. La quantité d’hémoglobine paraît quelque peu démesurée, mais le réalisme n’est pas ce qui préoccupe Kim Hong Sun. La quasi-omniprésence du sang à l’écran fait partie intégrante du concept du film. Vous voilà prévenus.

Chaque meurtre – et il y en a une pelletée – est ainsi prétexte à repeindre le décor à grand renfort d’hémoglobine giclant dans tous les sens, le tout avec un second degré évident. On se prend vite au jeu et l’on se surprend parfois à anticiper la trajectoire du sang lorsqu’un coup est porté. Il faut ajouter un appétit particulier du réalisateur pour les crânes fracassés et les membres écrasés.

Le film aurait néanmoins pu s’essouffler rapidement si Kim Hong Sun n’avait pas eu l’habileté d’introduire un rebondissement à mi-parcours à travers l’intervention d’un protagoniste surprise pratiquant la violence sans discrimination entre policiers et prisonniers. Ce revirement malin, qui abolit les différences de caste, vient redistribuer les cartes pour conférer à Project Wolf Hunting des allures de survival à la Predator (John McTiernan). Il ouvre aussi la voie à un lot de révélations bouleversant une nouvelle fois la donne quant à savoir qui sont les prédateurs et les proies dans cette affaire. Il est rare qu’un film au concept de départ aussi simple reste fun jusqu’au bout, et Project Wolf Hunting y parvient.

Seo In Guk explosif, Jang Dong Yoon mystérieux

Ces deux heures de déchaînement sanguinaire sont conduites par une galerie de personnages hauts en couleurs. Si le film ne cherche pas midi à quatorze heures s’agissant de leur psychologie, il a le bon goût d’éviter le recours au mélodrame pour justifier leurs actes. Pour leur apporter du relief, Kim Hong Sun s’en remet entièrement à ses acteurs, dont les talents ne sont plus à prouver.

Le corps recouvert de tatouages, Seo In Guk (Cafe Minamdang) apparait transformé dans le rôle de Jong-Du, un contre-emploi qui lui permet de délaisser momentanément ses rôles romantiques – et c’est tant mieux, car sa carrière s’enlisait quelque peu ces derniers temps. La note de cynisme insolent dont Seo In Guk aime agrémenter ses rôles, et qui fait tout son charme, est ici poussée à l’extrême : Jong Du est un caïd vicieux qui ne respecte rien ni personne.

Do Il, le tueur mystérieux dont le calme olympien n’a d’égal que l’habileté au combat, est quant à lui interprété par le très bon Jang Dong Yoon (Search), dont le visage angélique participe au mystère de son personnage et dont le charisme est indéniable sur le grand écran. Avec Project Wolf Hunting, Jang Dong Yoon s’offre enfin son rendez-vous avec le genre de l’horreur après l’annulation injuste du prometteur Joseon Exorcist l’année dernière.

Les actrices occupent quant à elles des rôles plus surprenants. Avec son joli minois, Jung So-min (Alchemy of Souls) s’avère étonnamment crédible dans le rôle de Da Yeon, une policière qui garde son sang-froid dans les situations les plus tendues. Le caractère de Da Yeon s’oppose en tout point à celui de la tueuse vulgaire interprétée avec beaucoup d’humour par Jang Young Nam (The Devil Judge).

Nous retrouvons aussi Sung Dong Il (If You Wish Upon Me), dont le personnage semble en savoir plus qu’il ne le dit, Park Ho San (Monstrous) en leader intègre du groupe des policiers, ainsi que Go Sang Cheok (Today’s Webtoon) et Son Jong Hak (Flower of Evil) parmi les prisonniers.

La bande annonce de Project Wolf Hunting est disponible ci-dessous. Nous regrettons juste que nos amis les journalistes, dont certains l’ont relayée, confondent Kim Hong Sun, le réalisateur du film, avec son homonyme réalisateur de Money Heist: Korea. Espérons que le travail sera réalisé avec un peu plus de sérieux si le film vient à sortir dans nos contrées.

Elodie Leroy

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