Photo Seoul Vibe (Netflix, 2022)

Critique : Seoul Vibe (Netflix), une virée jubilatoire avec Yoo Ah In

Produit par Netflix, Seoul Vibe fera le bonheur des amateurs de drift et d’ambiance cool grâce à ses scènes d’action inventives et sa galerie de personnages savoureux.

Netflix nous le promet depuis plus d’un an, et il est enfin là. Seoul Vibe est disponible sur la plateforme depuis le 26 août 2022 et ne déçoit pas. Avec son ambiance décontractée et son ensemble d’acteurs réjouissant emmené par Yoo Ah In, cette comédie d’action énergique et pleine de caractère sur fond de Corée des années 80 vient booster le genre du film de voitures avec une virtuosité formelle, une créativité et un humour décapants.

Les années 80 en Corée

Corée, 1988. Une bande de pilotes et de mécaniciens conduits par Park Dong Wook (Yoo Ah In) est recrutée par le procureur Ahn (Oh Jung Se) pour jouer les infiltrés dans un vaste réseau de blanchiment d’argent. Afin de remplir leur mission, ils doivent gagner une course en voiture dans les rues de Séoul pour être embauchés comme chauffeurs par Madame Kang (Moon So Ri), la patronne du réseau.

Photo Yoo Ah In Lee Kyu Hyung Ong Seong Wu
Lee Kyu Hyung, Ong Seong Wu et Yoo Ah In / Credits : Netflix

Oubliez la franchise Fast and Furious, qui s’est perdue avec les années dans une débauche d’effets digitaux et de vulgarité. Seoul Vibe apporte un véritable coup de frais au genre du film de voitures, et ça fait du bien. Savant mélange d’action et de comédie, Seoul Vibe séduit instantanément par son univers coloré, sa tonalité optimiste et ses personnages déjantés. L’utilisation d’une playlist rétro n’est pas sans évoquer le sympathique Baby Driver (Edgar Wright), mais la comparaison s’arrêtera là. Avec Seoul Vibe, il ne s’agit pas seulement de créer un style, mais de reconstituer l’ambiance d’une époque.

Nous voilà donc plongés dans les années 80, une ère d’optimisme et de libéralisation des mœurs, marquée par une certaine idée du cool qui ravivera inévitablement une nostalgie chez celles et ceux qui ont vécu ces années-là et fera peut-être sourire les plus jeunes. Sauf que l’histoire se déroule en Corée du Sud, au lendemain du soulèvement démocratique, et que le pays sort tout juste de la dictature militaire du président Chun Doo Hwan.

Photo Park Ju Hyun (Seoul Vibe)
Park Joo Hyun / Credits : Netflix

Au moment où se déroule l’histoire, Séoul se prépare à accueillir les Jeux Olympiques, cependant que le marché coréen est inondé de biens de consommation américains. La culture Coca Cola se répand chez les jeunes, qui rêvent de faire leur vie au pays de l’Oncle Sam. La reconstitution est minutieuse : chaque objet, vêtement ou snickers (les Air Jordan 3) date de l’époque, et bien sûr chaque modèle de voiture. La marque Hyundai, partenaire du film, a d’ailleurs fourni plusieurs modèles, tels que les premières Grandeur et Pony Pickup, et a contribué à la création du décor du garage.

Si ce contexte sociopolitique méconnu en Occident sert avant tout à mettre l’emphase sur la soif de liberté d’une génération, Seoul Vibe s’assumant comme un pur divertissement popcorn, on dénote en filigrane quelques réminiscences du traumatisme laissé par les tortures qui ont marqué la dictature.

Montée d’adrénaline

En soi, le scénario de Seoul Vibe n’a rien de révolutionnaire mais s’avère suffisamment efficace pour maintenir l’intérêt, l’humour s’invitant régulièrement avec juste ce qu’il faut de décalage pour détendre l’atmosphère sans ruiner l’intrigue. Et bien sûr, il y a les scènes de voiture. Celles-ci n’occupent pas l’entièreté du film, mais elles font monter l’adrénaline et valent toutes leur pesant d’or.

Photo Seoul Vibe, Netflix
Credits : Netflix

Le climax, qui s’étend sur une demi-heure, est une course poursuite dantesque dans les rues de Séoul, transformée en terrain de jeu pour les protagonistes en pleine cérémonie d’ouverture des J.O. L’occasion de souligner que la ville est un personnage du film à part entière, avec ses complexes de ruelles commerçantes traversées par les grands axes routiers, ses portes issues de l’ère Joseon perdues au milieu des buildings.

Jouant de sa caméra avec une énergie et une créativité débordantes (le placement de produit Coca Cola est hilarant), le réalisateur Moon Hyun Sung trouve le bon dosage entre l’utilisation des effets kitsch de l’époque, comme les zooms exagérés, et une mise en scène résolument moderne, car immersive et centrée sur le point de vue des personnages, le tout avec une redoutable maîtrise du tempo et une bande son exaltante (l’arrivée à l’aéroport sur le titre Victory de Koreana).

Les amateurs de Drift relèveront au passage que la technique utilisée pour glisser est celle des puristes – Park Dong Wook n’utilise pas le frein à main, mais appuie avec le pied sur l’accélérateur et le frein en même temps, comme le héros du manga Initial D.

Yoo Ah In (Seoul Vibe)
Yoo Ah In / Credits : Netflix

Yoo Ah In derrière le volant

Yoo Ah In (Hellbound) est un excellent choix pour le rôle principal. Non pas que le personnage requiert une composition particulière, mais l’acteur absorbe avec aisance le ton décontracté du film et nous embarque sans difficulté dans l’aventure. Et surtout, à la différence de ses confrères américains de Fast and Furious, son jeu d’acteur ne s’arrête pas pendant les scènes de bagnoles : même planté sur son siège derrière un volant, il se montre toujours aussi expressif, ce qui contribue à impliquer le spectateur dans l’action.

Autour de Yoo Ah In, nous retrouvons une galerie d’acteurs savoureux dont les amateurs de dramas sont particulièrement familiers. Park Joo Hyun (Extracurricular), toujours aussi vivifiante, est l’un des points forts du casting dans le rôle dévergondé de Yoon Hee, la sœur de Dong Wook. Go Kyung Pyo (Private Lives) joue quant à lui les séducteurs avec brio, Lee Kyu Hung (All Of Us Are Dead) excelle dans la comédie et Ong Seong Wu (At Eighteen) est méconnaissable et très drôle en mécano décervelé.

Mino de Winner (Seoul Vibe)
Song Min Ho de Winner / Credits : Netflix

Les bad guys et pseudo bad guys donnent le change, entre la vétérane Moon So Ri (On the Verge of Insanity) en méchante charismatique de bande dessinée, Kim Sung Kyun (D.P.) en sadique de service, Oh Jung Se (It’s Okay to Not Be Okay) en procureur stylé et bien sûr Song Min-Ho de Winner en voyou complètement barré tout droit sorti d’un cartoon. Seoul Vibe comporte aussi son lot de surprises avec notamment les caméos de Lee Se Young (The Law Cafe), Baek Hyun Jin (Happiness) et Yoon Kyung Ho (My Name).

Seoul Vibe est disponible sur Netflix depuis le 26 août 2022.

Elodie Leroy

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