L’effet The Heirs : Lee Min Ho embrase la Hallyu

par Caroline Leroy

Actuellement à l’affiche du drama The Heirs, l’acteur Lee Min Ho fait encore une fois le buzz. Mais quel est son secret ?

Il y a quelques semaines, je livrais mes premières impressions mitigées sur le drama The Heirs avec Lee Min Ho et Park Shin Hye, diffusé depuis début octobre sur la chaîne SBS. Bien qu’elle se soit adoucie, mon opinion sur la qualité de la série n’a pas fondamentalement changé entre temps.

Il faut dire que l’année 2013 nous a livré des dramas autrement plus originaux et passionnants : I Hear Your Voice, Gu Family Book, Two Weeks, Nine, The Master’s Sun se sont aventurés hors des sentiers battus tout en proposant du divertissement de grande qualité. Un joli panel auquel on peut ajouter les plus classiques Good Doctor, That Winter The Wind Blows et Shark ainsi que Reply 1994 et Empress Ki, deux dramas à succès actuellement en cours de diffusion. Même Secret, le meilleur mélo hardcore de l’année, est autrement plus captivant et addictif que The Heirs. Il a d’ailleurs dominé celui-ci en termes d’audience jusqu’à sa conclusion la semaine dernière.

Mais depuis la disparition de ce rival gênant, les scores du drama de Lee Min Ho ont décollé de façon spectaculaire, passant de 15,9% le lundi 14 novembre à 22,1% le mardi 19 (chiffres AGB Nielsen)! Alors que le drama semblait ramer péniblement durant toute sa première moitié, la fameuse barre fatidique des 20% a été soudainement dépassée sans qu’on le voie venir. Ou presque. Car une chose est sûre : que l’on aime ou pas The Heirs, on ne peut pas ignorer l’extraordinaire buzz qu’il génère à l’international dans la communauté hétéroclite des fans de dramas. Et ça, c’est enfin intéressant.

Il suffit d’aller jeter un coup d’œil du côté des réseaux sociaux pour comprendre qu’il se passe quelque chose d’inédit autour de ce drama et de ses stars. Sur Twitter (chiffres relevés à la date du 24 novembre 2013), l’indice de popularité rencontré par le hashtag #theheirs est assez incroyable, selon le site Hashtagify.me : 64,3 sur une échelle de 1 à 100, tandis que #heirs et #leeminho recueillent respectivement 51,2 et 55,6. A titre de comparaison, des séries américaines abondamment discutées sur le web font un peu mieux mais pas tant que ça. Le hashtag #breakingbad en est à 73, #gameofthrones à 67,3 et #thewalkingdead à 72,3. Parmi les nouvelles séries américaines en cours de diffusion à l’instar de The Heirs, on relève le hashtag #theblacklist à 50,2 ou encore #sleepyhollow à 57… des scores moins élevés que #theheirs !

Si ces quelques indices ne remettent pas en question l’incontestable hégémonie américaine sur le marché mondial de la série, ils instillent tout de même un doute légitime quant à sa pérennité. The Heirs représente un formidable exemple du potentiel commercial que représentent les dramas coréens actuellement, alors même que leur mode de diffusion en occident se réduit au web.

On le vérifie aisément sur les plateformes américaines DramaFever et Viki, où The Heirs explose tous les compteurs en termes de commentaires postés en ligne à chaque nouvel épisode. Viki est une plateforme gratuite de streaming mise en place par les fans pour les fans qui sous-titre à la chaîne des séries de toutes origines. Le premier épisode de The Heirs y a généré plus de 3000 commentaires, et le plus récent autour de 900 commentaires alors qu’il ne date que de quelques jours. DramaFever est aussi une plateforme de streaming gratuit mais elle est réservée au continent américain et se concentre sur les dramas coréens, les telenovelas latino-américaines et les émissions télévisées asiatiques. A l’heure qu’il est, plus de 11200 critiques de The Heirs y ont déjà été postées par les internautes, tandis que chaque épisode fait l’objet de débats aussi houleux qu’infatigables.

Sur le site Dramabeans qui propose des récapitulatifs d’épisodes de dramas coréens à un rythme effréné, chaque épisode suscite autour de 500 commentaires de la part des lecteurs. La page The Heirs de la base de données AsianWiki est elle aussi extrêmement populaire avec plus de 1400 commentaires d’internautes au 24 novembre. Le fait même que le drama ne fasse pas l’unanimité (beaucoup prétendent le trouver ennuyeux), ne fait que booster sa popularité au lieu de le desservir.

Le pari de la plate-forme DramaFever, co-productrice du drama avec la société de production coréenne Hwa and Dam Pictures, s’avère donc payant à tous les niveaux. Non seulement la série a fait abondamment parler d’elle sur internet avant sa diffusion, mais au lieu de retomber comme on aurait pu le craindre au vu des premiers épisodes peu convaincants, le phénomène tend au contraire à s’amplifier au fil des semaines. Mieux, le public coréen, qui est tout de même la première cible visée, semble enfin s’enthousiasmer à son tour pour les aventures de Cha Eun Sang et Kim Tan.

La campagne orchestrée sur internet n’explique pas tout. Même si l’intrigue de The Heirs n’est pas à proprement parler passionnante, la scénariste Kim Eun Sook (Secret Garden, A Gentleman’s Dignity) a de toute évidence un certain flair et beaucoup de savoir-faire. A quelques exceptions près (Choi Jin Hyuk, toujours aussi monolithique), les acteurs confirment, au choix, les bonnes impressions laissées dès le début, tels Kim Woo Bin et l’actrice Kim Sung Ryung, ou se révèlent simplement de plus en plus à l’aise dans leurs rôles. C’est heureusement le cas des deux acteurs principaux : Lee Min Ho trouve enfin le ton juste dans plusieurs scènes d’émotion à partir de l’épisode 9, pendant que Park Shin Hye affirme l’air de rien le caractère finalement plus indépendant que prévu de la gentille Eun Sang.

Pour apporter un semblant d’explication au succès grandissant rencontré par The Heirs en Corée et à l’international, on ne peut cependant pas occulter ce que j’appellerais l’«effet Lee Min Ho», qui se confirme drama après drama depuis le carton de Boys Over Flowers en 2009. Un effet aussi puissant que mystérieux, en ce qu’il n’est pas vraiment proportionnel au talent de ce jeune homme de 26 ans, de la même façon que la réputation de The Heirs est démesurée par rapport à sa qualité réelle.

Lee Min Ho pour la marque Trugen, 2013

Lee Min Ho pour la marque Trugen, 2013

Lee Min Ho n’est pas un acteur inintéressant et il a indéniablement de l’avenir, mais il n’est certainement pas stupéfiant au point d’expliquer l’engouement qu’il provoque. On peut en dire autant de son physique, agréable sans être exceptionnel. Et pourtant, ce qu’il déclenche auprès d’une grande partie du public, asiatique comme occidental, est si fort que le moindre de ses rôles fait l’objet de discussions intarissables quelle que soit la qualité de la série. L’indulgence de son public envers les couacs que sont Personal Taste et Faith dans sa filmographie en est un bon exemple. De la même façon, chacun de ses projets est attendu avec une fébrilité toujours plus grande, que ses précédents dramas aient ravi ou déçu. Il faut dire que des fans, il en a. Là encore, un tour sur les réseaux sociaux donne une petite idée de la situation : 1 551 820 followers pour ActorLeeMinHo sur Twitter et 9 750 368 j’aime sur sa page Facebook officielle…

Si je reste sceptique sur le choix de Lee Min Ho dans le rôle d’un lycéen eu égard à son âge, force est de constater que The Heirs et le personnage de Kim Tan sont en train d’entériner sa suprématie en tant qu’acteur emblématique de la Hallyu. Il est « le visage » de la Hallyu, rien que ça. Affaire à suivre.

Caroline Leroy

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