Nous avons jeté un œil au drama Kill It, le nouveau thriller d’OCN avec Jang Ki Yong et nous n’avons pas été franchement convaincues. Voici pourquoi.
Le drama coréen Kill It est le nouveau thriller du line-up d’OCN, la chaîne spécialiste du genre. Les affiches et teasers stylisés sublimaient les acteurs Jang Ki Yong et Nana et suscitaient ainsi les plus folles attentes. Le pitch avait aussi de quoi intriguer, avec son personnage qui semble tout droit sorti d’une BD, et dont le métier de vétérinaire dissimule une activité de tueur à gages.
Les promesses sont-elles tenues ? Malheureusement, les premiers épisodes déçoivent par un scénario amateur, voire risible, et une qualité de production qui laisse à désirer. La chaîne OCN serait-elle en train de baisser ses standards ?
Synopsis : Kim Soo Hyun (Jang Ki Yong) est un tueur à gages sollicité par des organisations criminelles du monde entier. Au grand jour, il tient un cabinet vétérinaire et vient en aide aux animaux maltraités. Do Hyun Jin (Nana) est une policière brillante dont l’arrogance cache une grande empathie envers les autres. Elle enquête sur une affaire de meurtres dont le coupable semble être un tueur professionnel.
Le vétérinaire qui tuait ses congénères
Diffusé entre le 23 mars et le 28 avril 2019, Kill It prend la suite de Trap sur le créneau du week-end sur OCN et se déroule sur 12 épisodes. La réalisation est signée Nam Sung Woo et Ahn Ji Sook, alors que le scénario Son Hyun-Soo et Choi Myung-Jin, dont les faits d’armes ne sont pas connus.
L’ouverture de Kill It nous emmène successivement dans l’enfance du héros, puis en 2017, pour nous conter deux moments marquants de sa vie centrés sur sa relation avec son mentor, un certain Pavel (David McInnis, plutôt bon).
Sans transition, nous le retrouvons en 2019, tour à tour avec sa blouse blanche de vétérinaire et avec son accoutrement d’homme masqué (qui ressemble d’un peu trop près à celui de Ji Chang Wook dans Healer). Kim Soo Hyun est sauveur d’animaux le jour et tueur d’hommes la nuit, en somme.
La première chose qui surprend, dans les premières scènes de Kill It, est le niveau général de la production, qui s’éloigne sensiblement des standards auxquels OCN nous avait habitués jusqu’à présent.
Si vous avez été emballés par les superbes affiches et teasers de Kill It, qui jouait sur un parti pris esthétique fort et porteur d’une véritable identité, vous risquez de tomber de haut en découvrant le résultat. Mis à part dans quelques scènes jouant sur des couleurs saturées, Kill It se caractérise par une réalisation sans finesse et une cinématographie sans saveur.
Les flash-backs sur le passé du héros au début de l’épisode 1 étonnent d’ailleurs par leur manque de soin artistique. Rien que la maison des gangsters où Kim Soo Hyun intervient avec son mentor ne semble pas avoir reçu la visite d’un chef décorateur – les pièces sont presque vides.
Le second épisode s’avère plus soigné visuellement, mais cette entrée en matière donne l’impression au spectateur de regarder une production fauchée. Et ce n’est pas la bande son qui nous rassure en enchaînant les morceaux insipides sans interruption.
Le drama met tout de même en avant son atout principal dans ces flash-backs : ses scènes d’action. Sur ce plan, le travail est indéniable. Les échanges de coups de poing énergiques et les cascades bénéficient de chorégraphies bien orchestrées et d’un montage efficace qui rend l’action très lisible, à la manière d’un polar hongkongais.
Pour le moment, ces scènes de baston ne sont pas suffisamment nombreuses pour faire oublier la banalité de l’histoire. La principale source de déception vient en effet du scénario de Kill It, dont la construction manque cruellement de sérieux au regard des thèmes abordés.
Comme dans le drama coréen Duel, il est question d’un trafic d’enfants, un sujet qui ne devrait pas être traité à la légère, mais qui s’insère ici dans un cadre scénaristique flou et repose sur une vision puérile du monde des gangsters.
Le thème central du drama semble être la maltraitance des animaux et nous pouvons saluer cette intention dans un pays où la cause animale est encore jeune et mérite d’être médiatisée. Néanmoins, voir le héros de l’histoire torturer et tuer froidement un chasseur a de quoi déranger sur le plan moral. Il faut espérer que les scénaristes ne feront pas le jeu des idéologies les plus radicales.
Patchwork de scènes romantiques
S’agissant de l’écriture des personnages, le récit n’est pas toujours très clair dans les moments censés détailler le contexte ou nous éclairer sur leur histoire personnelle. Ainsi, les quelques visions du passé de Do Hyun Jin, la flic soi-disant brillante interprétée par Nana, sont balancées aux moments les plus inattendus, comme si les monteurs s’étaient demandé où les caser pour rendre l’intrigue compréhensible.
Le personnage principal, Kim Soo Hyun, mène une double vie et agit sous une identité masquée. Ce principe n’est pas nouveau, mais suscite toujours autant de fantasmes et nous n’allons pas critiquer les scénaristes de Kill It d’avoir voulu s’y essayer.
Comme nous l’avons rappelé plus haut, le drama Healer en jouait déjà en 2015 avec son personnage de coursier nocturne masqué, qui s’infiltrait de jour dans l’entourage professionnel d’une journaliste. Sauf que les personnages de Healer bénéficiaient d’une écriture et d’une interprétation solides, et que la romance avait du souffle et venait enrichir une intrigue mature et déjà bien remplie.
Dans Kill It, c’est le contraire. C’est la dimension policière qui est censée apporter un plus à la romance. Or l’évolution de la relation entre les personnages ne bénéficie d’aucun travail de construction. La dramaturgie est d’une telle pauvreté que l’histoire ressemble à un patchwork de situations romantiques déjà vues et reliées entre elles par une intrigue de mafia mal définie.
Les deux premiers épisodes réussissent également à condenser un nombre impressionnant de clichés ! Vous l’aurez compris, Kim Soo Hyun et Do Hyun Jin sont reliés par un passé tragique, comme souvent dans les dramas coréens. Vous l’avez deviné, le personnage féminin va emménager dans l’appartement voisin du héros (on pense à Park Min Young emménageant chez Lee Min Ho dans City Hunter, qui jouait aussi sur le principe du héros masqué).
Ce que vous n’avez peut-être pas imaginé, c’est que tous les personnages reliés de près ou de loin à leur passé allaient se retrouver précisément dans le même quartier, voire dans le même immeuble… Coup du destin ou facilité de scénario ?
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Fausse femme d’action
Ne vous inquiétez pas, même si nos deux héros vivent côte à côté, il ne se passera très certainement rien entre eux (contrairement à Healer !). De toute façon, tout le mystère qui aurait dû s’installer entre les deux personnages est éventé en deux épisodes par des scènes dialoguées interminables, au cours desquelles la jeune femme saoule notre vétérinaire badass avec ses considérations personnelles tout en marchant lentement le long des voies sur berge.
Nous aurons tout de même droit à quelques contacts physiques filmés au ralenti et survenant à l’improviste dans les scènes d’action, lorsque le héros masqué sauvera in extremis son incompétente partenaire d’une mort certaine.
Il faut dire que Do Hyun Jin entreprend des interventions d’une rare inconscience, comme de frimer devant trois voyous pour vandaliser leur voiture et leur rentrer dans le chou en pleine rue. Un peu plus tard, elle pousse le bouchon jusqu’à se déguiser en technicienne télécom pour s’introduire seule, dans un immeuble désaffecté, au beau milieu d’un groupe de mafieux…
Heureusement, le héros veille silencieusement à sa sécurité, ce qui fait de cette enquêtrice une représentante parfaite du cliché de la fausse femme d’action (ou « Faux action girl » selon le site tvtropes.org). Oui nous parlons de ce type de personnage féminin précédé d’une réputation de combattante redoutable, mais qui échoue toujours lamentablement en situation réelle.
Aux interventions téméraires de la jeune femme, notre vétérinaire ferait bien de mettre son véto !
Comme chien et chat
Coutumier des personnages de peu de mots, Jang Ki Yong (Come and Hug Me, My Mister) est certes très cinégénique, mais ne prend pas trop de risque dans son jeu d’acteur et devient vite un peu ennuyeux. Ne blâmons pas trop l’acteur : le réalisateur ne lui donne pas grand-chose à faire en dehors des scènes de baston et des moments où il doit écouter sa partenaire déblatérer.
Énergique dans l’action, Kim Soo Hyun semble vivre au ralenti dans son cabinet, au point que l’on se demande s’il n’a pas forcé sur le Feliway.
Si le personnage de Do Hyun Jin déçoit par son traitement machiste, le verdict sur la performance de Nana (The Good Wife) mérite d’être nuancé. Son problème est qu’on lui demande de débiter des monologues barbants, mais son jeu d’actrice en soi est plus consistant et plus vivant que celui de son partenaire. J’espère la revoir bientôt au premier plan d’un drama plus soigné.
Parmi les personnages secondaires, le jeune flic (Kim Hyun Mok) qui accompagne Do Hyun Jin tire son épingle du jeu en détendant l’atmosphère avec quelques notes d’humour. En revanche, Seul Gi (Roh Jeong Eui, vue dans Witch at Court), la jeune fille en crise qui passe son temps à crier, pleurer et polluer l’ambiance entre des deux tourtereaux, est absolument horripilante. Elle et Do Hyun Jin sont d’ailleurs comme chien et chat.
On attend tout de même l’arrivée du personnage de Ji Il Joo (Temperature of Love, Priest) pour laisser une chance à la galerie de personnages de Kill It. Il pourrait parvenir à nous surprendre.
Dans l’immédiat, les acteurs secondaires les plus sympathiques sont finalement les animaux de la clinique vétérinaire, en particulier le chien de Kim Soo Hyun, dont les réactions font parfois sourire. Au vu des réactions de ce chien et du chat recueilli par notre héros, qui tournent parfois la tête en même temps que les acteurs, nous pouvons affirmer que ces animaux-là ne sont pas maltraités !
En conclusion, Kill It est une belle déception et laisse craindre, quelques mois après Voice 2, une tendance chez OCN à baisser ses standards en matière de scénario et de mise en scène. Espérons qu’il ne s’agit que d’un simple faux pas.
Elodie Leroy
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